« Il ne faut pas que la tarification progressive de l’eau pénalise nos concitoyens qui ont des problèmes de pouvoir d’achat » estime Rémy Pointereau.

Envisagé pour limiter les consommations excessives d’eau, le dispositif de tarification progressive de l’eau est déjà en expérimentation dans certaines communes. Si certains citoyens plaident pour une majoration des prix pour que la disposition soit efficace, le sénateur du Cher et président de la mission d’information sur la gestion durable de l’eau Rémy Pointereau pointe le risque d’une hausse des prix dans une période de forte inflation.
Stella Naville

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Plus on consomme d’eau, plus le prix augmente : c’est l’une des 53 mesures du « plan eau » annoncé par le chef de l’Etat le 30 mars dernier. Une mesure déjà en vigueur dans de nombreuses communes comme Arras, Besançon, Bordeaux, Dunkerque, Libourne, Montpellier ou encore Niort. Pour certaines, c’est le cas depuis huit ans, pour d’autres, cela date seulement du 1er janvier 2023.

Une mesure incitative mais pas réellement restrictive

Habitant de Besançon depuis 2017, Pierre Pécriaux a toujours connu la tarification progressive de l’eau. Dans cette commune, la mesure incitative est appliquée depuis 2015. À l’année, les trois premiers mètres cubes par foyer sont gratuits, au-delà et jusqu’à 100 mètres cubes, une tarification de 1,15 euros par mètre cube s’applique. Au-delà de 100 mètres cubes, chaque mètre cube coûte 2 centimes de plus. Cependant, Pierre Pécriaux estime que cette mesure ne l’a jamais vraiment affecté : « À titre personnel, je ne consomme que 78 m cube d’eau par an. Je suis donc largement en dessous du palier des 100 m cubes. Cela prouve que cet objectif est totalement atteignable ».

 

Lorsqu’il parle avec les habitants de sa commune, Pierre Pécriaux se rend compte que la plupart ne sont même pas au courant qu’il existe une tarification progressive de l’eau à Besançon : « Les gens n’analysent pas suffisamment leurs factures d’eau pour se rendre compte de cette taxe. C’est bien la preuve qu’elle n’est pas assez restrictive ».

 

Les limites de la tarification progressive de l’eau

 

Si Pierre Pécriaux est plutôt favorable à une généralisation de la tarification progressive de l’eau à l’échelle nationale voire même de son renforcement, Rémy Pointereau, sénateur du Cher, émet tout de même des limites à cette mesure : « Il ne faut pas que la tarification progressive de l’eau pénalise nos concitoyens parce qu’ils ont déjà des problèmes de pouvoir d’achat ».

 

De son côté, Jean-Michel Arnaud, sénateur des Hautes-Alpes, rappelle que la mise en place de la tarification progressive de l’eau nécessite un équipement des communes en compteurs d’eau intelligents : « Pour réduire leur consommation d’eau domestique, il faut déjà que les citoyens la connaissent. C’est la même logique qu’avec l’électricité et les compteurs Linky. Or, pour l’instant, en France, il n’y a que 40% de compteurs d’eau intelligents ».

 

Prioriser les usages de l’eau

 

« Dans les années à venir, la tarification progressive de l’eau sera indispensable puisque cette ressource va être de plus en plus rare » conclut Daniel Breuiller, sénateur écologiste du Val de Marne. Selon lui, il faut prioriser les usages de l’eau. « Tout le monde doit avoir accès à l’eau potable. Pour cela, il faut analyser les niveaux de besoin en eau. Entre boire et remplir une piscine, il y a un usage bien plus primordial que l’autre ».

 

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