Ce matin, la proposition de loi « visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur » a été adoptée par la commission des affaires économiques du Sénat. Elle prévoit des assouplissements sur les pesticides et le stockage de l’eau, et entend calmer les tensions entre les agriculteurs et l’Office français de la biodiversité.
Illectronisme : le Sénat fait 45 propositions pour lutter contre cette fracture numérique
Par Audrey Fisné
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« L’illectronisme ne disparaîtra pas d’un coup de tablette magique ! » Préviennent les sénateurs, en introduction du rapport de la mission d’information sur la lutte contre l’illectronisme et pour l’inclusion numérique. Après trois mois d’investigation, 31 auditions et quatre tables rondes, les élus dressent le bilan de leur mission d’information ce jeudi 17 septembre. Et le constat est préoccupant : alors que nous vivons dans une société toujours plus numérisée, « il n’en demeure pas moins que 14 millions de Français ne veulent pas ou ne peuvent pas utiliser le numérique ». Une situation « qui n’est pas satisfaisante », juge le rapport, « un handicap majeur » même.
Certes, ce n’est pas la première fois que l’on alerte sur la fracture numérique. En 1999 déjà, Lionel Jospin pointait du doigt le risque de l’illectronisme et, dès lors, « les pouvoirs publics ont considéré que l’équipement numérique suffisait », peut-on lire dans le rapport des élus. « La priorité a longtemps été la couverture numérique du territoire, et non la maîtrise des usages par les personnes. » Des propos qui peuvent faire écho au débat actuel sur le déploiement de la 5G.
La crise sanitaire
Quid donc de l’accompagnement des « exclus du numérique » ? Ceux qui peuvent avoir le « sentiment d'être des citoyens de deuxième zone », d’après les sénateurs. Car force est de constater qu’aujourd’hui « le numérique envahit toute l’économie, y compris les métiers traditionnels et pas seulement dans l’industrie du futur ». Il est « en passe de devenir une compétence de base », pointent les élus. Et la crise du Covid-19 aura permis de mettre en lumière le rôle toujours plus essentiel des outils numériques. Avec le télétravail, elle aura servi « de révélateur aux besoins de formation numérique jusqu’à présent peu ressentis par les salariés ». En témoigne une étude de France Stratégie citée par les sénateurs, d’après laquelle 4,4 % des 5 millions de salariés en télétravail ont rencontré des difficultés d’usage du numérique pendant le confinement.
D’après le sénateur du Gers, Raymond Vall, rapporteur de la mission d’information : « La crise a été un révélateur. Vous imaginez les personnes âgées qui ont encore le téléphone en cuivre et qui n’ont pas de smartphone. Ils ont été coupés pendant trois mois, pas une image, pas la possibilité d’avoir une conversation… » rappelle-t-il.
Lors de la même période, « l’Éducation nationale a basculé dans le tout-numérique, outil de la continuité pédagogique. Les inégalités entre élèves et enseignants se sont révélées », rapporte la mission d’information. Et cela pourrait se poursuivre puisque, comme l’a annoncée la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, les cours pourraient être réalisés de plus en plus « en hybridation », c’est-à-dire une partie en présentiel, l’autre en distanciel.
Formations et coopérations
Aussi, pour que la France rattrape son retard sur l’inclusion numérique, les sénateurs appellent au développement d’une « politique ambitieuse » dans laquelle l’inclusion numérique serait proclamée « priorité nationale et service d’intérêt économique général ».
« Nous sommes tous des autodidactes du numérique. On achète du matériel mais personnes jamais ne vous explique comment on s’en sert » souligne Raymond Vall.
Concernant les moyens financiers octroyés, les 250 millions d’euros annoncés par le gouvernement à travers le plan de relance et pour la formation de 4 millions de Français sont jugés « insuffisants » dans le rapport. Pour les élus, il s’agirait de mobiliser un milliard d’euros de soutien public, d’ici à fin 2022, soit environ 500 millions d’euros par an. La création d’un fonds de lutte contre l’exclusion numérique est également encouragée, tout comme l’établissement d’une « véritable filière professionnelle de médiateurs numériques, par le lancement d’un plan national de formation ». D’ailleurs, la formation de l’ensemble des enseignants des premier et second degrés, des professeurs des universités, mais aussi des salariés des TPE-PME, des commerçants, artisans et auto-entrepreneurs est favorisée.
Enfin, encourage la mission d’enquête, l’inclusion numérique devrait aussi être une priorité de l’action publique locale et les coordinations entre les acteurs privés et publics dans ce domaine « gagneraient à être largement améliorées ».
D’après un rapport de France Stratégie, cité par les élus, les bénéfices que l’on pourrait tirer d’une meilleure autonomie numérique représenteraient 1,6 milliard d’euros par an.