Algeria France
French President Emmanuel Macron, left, shakes hands with Algerian President Abdelmajid Tebboune during their talks, Thursday, Aug. 25, 2022 in Algiers. French President Emmanuel Macron is in Algeria for a three-day official visit aimed at addressing two major challenges: boosting future economic relations while seeking to heal wounds inherited from the colonial era, 60 years after the North African country won its independence from France. (AP Photo/Anis Belghoul)/NYOTK/22239655290458//2208272016

Immigration : que contient l’accord de 1968 entre la France et l’Algérie ? 

Alors que la droite cherche à peser dans le débat sur l’immigration, les groupes LR à l’Assemblée nationale et au Sénat souhaitent, comme Edouard Philippe, revenir sur un accord entre la France et l’Algérie facilitant l’obtention de titres de séjour pour les ressortissants algériens. Signé en 1968, six ans après la fin de la guerre d’Algérie et la signature des accords d’Evian, cet accord international instaure un régime favorable aux ressortissants algériens pour s’installer en France, mais concrètement, que contient cet accord ?
Henri Clavier

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

« Il y a des relations historiques extrêmement puissantes entre la France et l’Algérie, mais le maintien aujourd’hui d’un tel dispositif avec un pays avec lequel nous entretenons des relations compliquées ne me paraît plus justifié » a déclaré Edouard Philippe à l’Express le 5 juin. Alors que le dépôt du projet de loi immigration se fait attendre, l’ancien premier ministre a repris certaines idées poussées par Les Républicains. Une position dont se félicitait Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat, affirmant que Les Républicains “font l’actualité”. Mais concrètement, que contient cet accord bilatéral devenu un marqueur fort pour la droite française.  

Des facilités pour l’obtention des titres de séjour

Ce traité international régit les conditions d’entrée et de séjour des ressortissants algériens sur le territoire français et pose donc un régime dérogatoire du droit commun en matière d’asile. Les conditions du regroupement familial sont assouplies. En effet, en cas de  regroupement familial, les membres de la famille reçoivent également un certificat de résidence de 10 ans lorsque la personne qu’ils rejoignent dispose de ce titre. D’autres facilités relatives aux titres de séjour existent comme la possibilité de demander un certificat de 10 ans après trois ans de séjour. Le droit commun impose aux ressortissants d’autres nationalités un délai de cinq ans. Par ailleurs, l’accord permet de s’installer librement en France pour exercer une profession indépendante ou de commerçant. 

Un traité visant à  “favoriser le plein emploi”

Ce traité vieux de 55 ans et signé par le général de Gaulle et Abdelaziz Bouteflika, alors ministre des affaires étrangères algérien, permettait à la France de pouvoir compter sur une main d’œuvre importante, en échange de quoi les installations des travailleurs algériens bénéficient d’un régime juridique spécial. Ces facilités d’installation et d’exercice d’une activité professionnelle étaient avant tout destinées à régulariser certaines situations, mais aussi à assurer le plein emploi. Le préambule de l’accord précise que les deux Etats sont “conscients de la nécessité de maintenir un courant régulier de travailleurs”. L’objectif est de “favoriser le plein emploi de ces travailleurs qui résident déjà en France ou qui s’y rendent par le canal de l’Office national de la main d’œuvre”. Si le caractère caduque de l’accord est mis en avant par ses détracteurs, trois modifications du traité ont été réalisées en 1985, 1994 et 2001. Selon l’Insee, en 2021, 887 000 ressortissants algériens vivaient en France. 

Un traité symbole des tensions entre l’Algérie et la France

La remise en question de l’accord souhaité par la droite s’inscrit également dans la perspective de relations tendues entre la France et l’Algérie. Le refus de l’Algérie de délivrer des laissez-passer consulaires a déclenché un incident diplomatique avec la France au début du mois de mars. Ces autorisations sont indispensables afin de pouvoir faire appliquer une “obligation de quitter le territoire français” (OQTF). Cette décision prise par un préfet permet l’expulsion en cas de séjour irrégulier ou en cas de refus de délivrance d’un titre de séjour.  Pour ces raisons, la droite pousse pour une révision voire une dénonciation de l’accord. « Cinquante-cinq ans après, les conditions ont changé. Je pense que ce traité, il faut le réexaminer », conclut le président LR du Sénat Gérard Larcher.

Partager cet article

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

Immigration : que contient l’accord de 1968 entre la France et l’Algérie ? 
4min

Société

Interdire la corrida aux mineurs : le combat de Samantha Cazebonne

Considérée comme un « art » par les afficionados, la corrida reste un « acte de cruauté », selon Samantha Cazebonne. La sénatrice Renaissance représentant les Français établis hors de France a rédigé une proposition de loi pour interdire la corrida aux mineurs de moins de 16 ans. Si sa proposition de loi a été rejetée en novembre 2024, la sénatrice poursuit son combat pour protéger les enfants de ce qu’elle considère comme un « acte de barbarie » envers les taureaux.

Le

Immigration : que contient l’accord de 1968 entre la France et l’Algérie ? 
3min

Société

Intelligence artificielle : l’audition de Luc Julia, le créateur de Siri, qui a enflammé les réseaux sociaux

Le 18 juin dernier, devant les sénateurs de la commission des affaires économiques, l’informaticien et concepteur de l’assistant vocal Siri, Luc Julia a démystifié les idées reçues sur l’intelligence artificielle soulignant le manque de fiabilité et la nécessité de vérification. Retour sur une audition dont la portée a dépassé le palais du Luxembourg et conquis des millions d’internautes sur les réseaux sociaux.

Le

Immigration : que contient l’accord de 1968 entre la France et l’Algérie ? 
11min

Société

Droits LGBT+, le combat du sénateur Hussein Bourgi

Hussein Bourgi est un parlementaire militant et engagé pour la défense des droits LGBT. Sénateur PS de l'Hérault, élu depuis 2020, il se tient au chevet de ces minorités toujours en proie à des agressions ou des discriminations. Hussein Bourgi se bat aussi au Parlement, pour la mémoire de ceux qui ont été discriminés par le passé, en raison de leur orientation sexuelle. Public Sénat l’a suivi au long-cours et lui consacre un portrait dans « Sénateur en action. »

Le

La sélection de la rédaction

Nice Promenade des Anglais
2min

Société

Attaque d’Annecy : un réfugié peut-il circuler légalement en Europe ?

L’attaque au couteau d’Annecy a suscité des réactions politiques autour des questions migratoires et du droit d’asile. Pourtant, l’assaillant, un réfugié syrien ayant obtenu l’asile en Suède, est entré légalement sur le territoire français. Selon les conditions de son entrée sur le territoire, il aurait pu faire l’objet d’une « remise Schengen » aux autorités suédoises, ou d’une OQTF.

Le