Intelligence artificielle : l’audition de Luc Julia, le créateur de Siri, qui a enflammé les réseaux sociaux

Le 18 juin dernier, devant les sénateurs de la commission des affaires économiques, l’informaticien et concepteur de l’assistant vocal Siri, Luc Julia a démystifié les idées reçues sur l’intelligence artificielle soulignant le manque de fiabilité et la nécessité de vérification. Retour sur une audition dont la portée a dépassé le palais du Luxembourg et conquis des millions d’internautes sur les réseaux sociaux.
Marius Texier

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

« Les enseignants ont très peur que les jeunes deviennent idiots avec l’IA », reconnaît Luc Julia devant les sénateurs de la commission. « Je donne souvent comme exercice aux élèves de générer une biographie de Victor Hugo de deux pages. Ensuite, je leur demande de vérifier les informations communiquées avec d’autres sources ». En général, la biographie générée par l’IA comporte de nombreuses contre-vérités. « C’est ici que l’enseignant intervient en se posant comme le référent qui va venir corriger les éléments. Cela permet de montrer que l’on ne peut pas faire entièrement confiance aux intelligences artificielles, mais qu’il est nécessaire d’effectuer une vérification ».

Deux millions de vues

Sur nos réseaux sociaux, cette intervention de Luc Julia explose. Rarement la commission des affaires économiques a connu un tel coup de projecteur. La vidéo sur « la biographie de Victor Hugo » totalise plus de deux millions de vues sur la page Instagram de Public Sénat. Et les commentaires sont unanimes. Tous saluent les propos du spécialiste et avouent être rassurés par cette « remise en place » de l’IA.

« Ces IA disent n’importe quoi »

« On entend souvent dire que les intelligences artificielles vont être plus intelligentes que nous, alors je vais vous donner un scoop, elles le sont déjà, car par définition, un outil est meilleur que nous », poursuit Luc Julia dans son audition. « Les IA ne sont cependant pas une révolution, mais plutôt une évolution », tient-il à préciser. « Sa révolution tient au fait qu’elle est désormais accessible à n’importe qui et donc que chacun peut en faire n’importe quoi ».

Ancien vice-président de l’innovation au sein de l’entreprise Samsung pendant une dizaine d’années et spécialiste de l’intelligence artificielle, Luc Julia critique les discours alarmistes et avertit sur la nécessité de « vérifier » les informations fournies par les IA dans les échanges conversationnels.

Sa position iconoclaste l’amène à affirmer que le tiers du temps, l’intelligence artificielle communique de fausses informations. Selon une expérience réalisée par l’Université de Hong Kong, sur le robot conversationnel ChatGPT de l’entreprise californienne OpenAI, l’IA montre une fiabilité relative. « Ils ont donné à l’IA des faits vérifiés, comme deux plus deux égal quatre, en lui demandant si ces faits sont vrais ou faux », présente l’informaticien. « En proportion, l’IA a indiqué que 64 % des éléments fournis étaient vrais contre 36 % de faux. Ces IA disent n’importe quoi ».

« La pertinence des réponses de ChatGPT diminue de 2 % chaque année »

De plus, Luc Julia affirme que la pertinence des intelligences artificielles tend à diminuer : « Selon un rapport fourni par OpenAI, la pertinence des réponses de ChatGPT diminue de 2 % chaque année car on y insère de mauvaises données ».

Dès lors, ce manque de justesse dans les réponses impacte très directement les plus jeunes pour qui, l’utilisation de l’intelligence artificielle, devient un réflexe de plus en plus évident. Mais l’informaticien est loin de rejeter toute utilisation de l’IA, il souligne tout de même le gain de temps permis par « l’outil » à condition que les informations fournies soient « corrigées » en fonction des compétences de chacun. « C’est de cette manière que l’on progresse », a-t-il conclu.

Partager cet article

Dans la même thématique

CONSEIL MUNICIPAL DE TOULOUSE
2min

Société

Municipales 2026 : la parité obligatoire bouscule les petites communes

À l’occasion des élections municipales des 15 et 22 mars 2026, près de 25 000 communes de moins de 1 000 habitants vont appliquer pour la première fois une règle qui pourrait changer durablement le visage de la démocratie locale, l’obligation de présenter des listes paritaires. Une réforme qui promet davantage de femmes dans les conseils municipaux, mais qui suscite aussi de vifs débats dans les villages.

Le

Paris – Marche Feministe contre les Violences de Genre, Sociales et d’Etat
5min

Société

Violences intrafamiliales : « Il existe un continuum entre sexisme et féminicides. Il faut désormais s’attaquer au comportement des hommes »

En France, plus de trois femmes sont victimes de féminicide ou tentative de féminicide conjugal chaque jour. Le 24 novembre, à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, deux magistrats ont remis à Gérald Darmanin un rapport afin d’apporter une réponse judiciaire mieux adaptée. Ils proposent dix mesures, dont la mise en place d’un nouveau type de magistrat : le juge des violences intrafamiliales.

Le