Près de 200 corridas sont organisées chaque année en Nouvelle Aquitaine, en Occitanie et en Provence Alpes Côte d’Azur. Une tradition importée d’Espagne. Au cœur de ces régions c’est le département des Landes qui compte le plus d’arènes accueillant des corridas et des courses landaises. Environ un millier de taureaux sont tués chaque année lors des mises à mort.
Le Mexique a interdit la mise à mort
Régulièrement attaquée devant les tribunaux par des associations de défense des animaux, la corrida est toujours autorisée. La France reste l’un des huit pays au monde où les corridas sont encore organisées avec l’Espagne, le Portugal, le Mexique, la Colombie, le Pérou et l’Equateur. Mais le Mexique a interdit récemment les corridas avec mise à mort.
La corrida, une « tradition locale »
Si l’article 521-1 du Code pénal interdit les sévices envers les animaux, une exception existe pour les corridas dans 12 départements du sud de la France. Certes, le fait « d’exercer publiquement ou non des sévices graves ou de commettre un acte de cruauté envers un animal domestique, ou apprivoisé, ou tenu en captivité, est puni de trois ans d’emprisonnement et de 45.000 euros d’amende », précise l’article 521-1 du Code pénal, mais l’alinéa 7 ajoute que ces sanctions ne sont pas applicables pour la corrida « lorsqu’une tradition locale ininterrompue peut être invoquée ».
La majorité des Français sont opposés à la corrida
Les tentatives pour modifier la loi et supprimer ce fameux alinéa 7 sont nombreuses. En octobre 2021 à l’occasion de l’examen de la proposition de loi sur la maltraitance animale, le groupe écologiste du Sénat a déposé un amendement pour supprimer cet alinéa. Mais l’amendement a été rejeté après un avis défavorable du gouvernement. Pour la sénatrice Renaissance Samantha Cazebonne, qui vit en Espagne, l’évolution vers la disparition de la corrida « va dans le sens de l’histoire ». Elle rappelle que « près de 80 % des Français se disent opposés à la corrida »
L’intérêt supérieur de l’enfant
Soutenue par les écologistes, la sénatrice s’appuie sur les recommandations du Comité des droits de l’enfant de l’ONU, chargé de surveiller la mise en œuvre de la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) par ses États parties, convention ratifiée par la France en 1990. Le Comité des droits de l’enfant des Nations Unies reproche à la France cette exemption : l’intérêt supérieur de l’enfant étant en jeu, la responsabilité des États devrait selon la sénatrice l’emporter sur celle des détenteurs de l’autorité parentale. Ainsi, en 2016, le Comité des Nations Unis a recommandé à la France « de redoubler d’efforts pour faire évoluer les traditions violentes et les pratiques qui ont un effet préjudiciable sur le bien-être des enfants, et notamment d’interdire l’accès des enfants aux spectacles de tauromachie ou à des spectacles apparentés ».
Un « acte de cruauté », selon Samantha Cazebonne
Mais les villes taurines se mobilisent pour défendre la corrida. A Nîmes, à chaque feria, les corridas attirent de nombreux aficionados. « Il s’agit d’une tradition que j’ai plaisir à transmettre à mes enfants », explique Christophe Dumond, alguazil, chargé d’assurer que le règlement est respecté lors de la corrida. Pour Samantha Cazebonne, en revanche, les répercussions des spectacles de tauromachie sur les enfants sont « néfastes » et il est de son devoir de protéger les enfants de « cet acte de cruauté » envers les taureaux. Selon la sénatrice, son rôle de législateur est de « protéger les enfants contre toutes les formes de violences physique et psychologique et contre l’exposition à la violence infligée aux animaux ».
Le reportage « Interdiction de la corrida aux mineurs, le combat de Samantha Cazebonne » est à voir en replay sur www.publicsenat.fr