Magistrat spécialiste du droit des enfants, cela fait 20 ans que le juge Edouard Durand se dédie corps et âme à la lutte contre les violences sexuelles sur mineurs. Si les enfants sont plus considérés qu’ils ne l’étaient à l’époque, l’écart entre les plaintes et les condamnations reste criant. Cette semaine, Rebecca Fitoussi reçoit le magistrat Édouard Durand, dans « Un monde un regard ».
Interpellé sur la délinquance en Seine-Saint-Denis, Gérald Darmanin dénonce « des liens nauséabonds »
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« Grâce à ce que tout le monde appelle le fiasco de samedi soir, tout le monde a pu découvrir que la Seine-Saint-Denis n’était pas la Californie sans la mer, comme a pu le dire le Président de la République récemment. » C’est ainsi que Jacqueline Esutache-Brinio (LR) a interpellé Gérald Darmanin à propos de la gestion de la finale de la Ligue des Champions opposant le Real de Madrid à Liverpool, qui s’est tenue au Stade de France samedi dernier. D’après elle, le contraste avec le Stade de France inauguré en 1998 est saisissant : « Le Stade de France a ouvert en 1998 et la France a changé depuis. » Surtout, elle accuse le ministre de l’Intérieur de « déni » dans l’analyse des événements, en sous-entendant que les incidents observés étaient dus à la délinquance qui gangrènerait la Seine-Saint-Denis : « Vos propos ont beaucoup choqué, pourquoi un tel déni de ce qu’il s’est réellement passé ? Pourquoi ne pas dénoncer la réalité de ce qu’il s’est passé ? Pourquoi ne pas présenter des excuses aux Espagnols et aux Anglais ? Avez-vous renoncé à restaurer l’ordre public partout dans notre pays ? »
« Une essentialisation de la délinquance en évoquant des nationalités, et en mettant en pâture des liens très nauséabonds »
« Vous évoquez avec beaucoup d’insultes la Seine-Saint-Denis », lui a répondu Gérald Darmanin, en accusant la sénatrice du Val d’Oise de procéder à une « essentialisation de la délinquance en évoquant des nationalités, et en mettant en pâture des liens très nauséabonds. » Le ministre de l’Intérieur y voit des insinuations « extrêmement déplacées » : « Quand vous dites que la Seine-Saint-Denis et la France ont changé, vous faites le jeu de partis assez extrêmes. J’ai le droit d’être choqué par ce point et je n’ai pas à donner des nationalités – on m’a forcé à le faire pour lutter contre des fake news – des personnes que nous interpellons. »
Gérald Darmanin va même plus loin, en se demandant quand on lui posera des questions sur l’origine ou l’apparence des personnes interpellées. « J’imagine que la prochaine question c’est quel type de français nous avons interpellé », a ainsi taclé le ministre de l’Intérieur. Sur un éventuel raté sur les interpellations des détenteurs de faux billets, Gérald Darmanin a assumé que les forces de l’ordre aient priorisé la « gestion de foule » : « Les policiers d’ordre public n’interpellent pas les gens. Quand vous avez une foule de milliers de personnes, ils ont à gérer une foule, donc en effet, la consigne donnée n’est pas d’arrêter des gens qui ont des faux billets, c’est de gérer une foule. »