Après presque un an de travaux, la mission d’information du Sénat sur les femmes sans abri présentait son rapport et une vingtaine de recommandations dont une à contre-courant de la politique de fermeté migratoire affichée par le nouveau ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau.
Introduction de deux ours dans les Pyrénées : « On n’avait pas le choix » affirme Nicolas Hulot.
Par Jules Duribreu
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Le ministre de la transition écologique, Nicolas Hulot l’a annoncé lundi 26 mars, le gouvernement entend initier un dialogue afin de procéder à la réintroduction de deux ours femelles. Une position défendue de longue date par l’ancien militant écologiste, mais qui ne manquera pas, comme dans le cas du plan loup, de susciter les interrogations, si ce n’est les oppositions des éleveurs.
L’enjeu de la biodiversité
« Je souhaite engager la réintroduction de deux ours femelles dans les Pyrénées-Atlantiques à l’automne. Je vais demander au préfet d’organiser un dialogue pour réussir cette réintroduction », a expliqué Nicolas Hulot dans une interview au Parisien. Pour expliquer cette annonce, le ministre avance la nécessité de défendre, voire de restaurer, la biodiversité.
Alors que plusieurs études ont alerté sur la diminution de 30 % du nombre d’oiseaux sur le territoire nationale, et de 80 % d’insectes en moins à l’échelle européenne, le ministre place la question de la biodiversité au même rang que celle du changement climatique.
Pour Nicolas Hulot, il s’agit aussi de garantir la crédibilité de la France sur les questions écologiques. « Partout dans le monde, le pastoralisme, l’élevage, l’agriculture s'accommodent de la vie sauvage. Comment voulez vous qu’on aille dire après à des forestiers en indonésie de supporter la présence du tigre ? » affirme le ministre.
Une position dans laquelle abonde le sénateur écologiste Ronan Dantec : « La France doit être sérieuse, on va pas pouvoir donner des leçons à la terre entière et être incapable de réintroduire ces deux ours femelles. C’est la crédibilité de la France à l’échelle internationale qui se joue.»
Une population faible en Pyrénées-Atlantiques
Pour autant la décision n’est pas inédite et la présence de l’ours dans le massif est ancienne. Trois ours, d’origine slovène, avaient été lâchés non loin de la frontière avec l’Espagne en 1996-1997. Puis cinq autres en 2006.
La population est estimé à 39 ours, 37 en pyrénées centrales mais avec seulement 2 mâles en Pyrénées-Atlantiques, dont Canelito, fils de Canelle, dernière ourse 100% pyrénéenne abattue en 2004 par un chasseur. « Si on ne fait rien, la lignée va s’éteindre. ça sera, sur un plan écologique un préjudice terrible. Il fallait depuis très longtemps qu’on réintroduise des femelles » affirme Nicolas Hulot.
La crispation des éleveurs
Cependant, comme pour celle du loup, la question de l’ours reste particulièrement sensible pour les éleveurs. Ces derniers protestent contre les attaques qu’ils attribuent aux plantigrades.
Le sénateur Alain Duran, opposé à cette mesure, souligne lui l’absence de concertation dans cette annonce. « C’est un très mauvais signal envoyé aux territoires puisque depuis le mois d’octobre nous attendons une mission interministérielle. Au final, la seule réponse que l’on a, c’est cette annonce. C’est la plus mauvaise réponse que l’on pouvait recevoir pour nos territoires, là où le climat est très tendu. On pouvait s’y prendre beaucoup mieux pour rétablir la confiance avec les territoires. »
A l’inverse, comme pour le loup, Nicolas Hulot veut ici aussi, grâce à une position centrale, garantir aux éleveurs un meilleur accompagnement et des mesures de protections. « Mon rôle est un rôle de médiation, de trouver le meilleur équilibre possible. Cette cohabitation ne me semble pas hors de porté. »
Pour autant, le sénateur Ronan Dantec souligne le caractère inéluctable d’une telle mesure « C’est assez indiscutable cette nécessité de réintroduire. Pour autant, il y a du suivi des éleveurs à faire, de la compensation des pertes. De plus, l’élevage ovin est mobilisé contre l’ours alors qu’il est en difficulté sur bien d’autres sujets, ça doit donc être l’occasion avec les éleveurs de discuter de tous ces sujets, mais ça serait une erreur de se focaliser sur la question de l’ours. »