J+29 : « On est quasiment un service public » revendique ce pharmacien

J+29 : « On est quasiment un service public » revendique ce pharmacien

Médecins, pharmaciens, infirmiers, ils n’ont pas attendu l’épidémie de Covid-19 pour coopérer. Et si une nouvelle organisation des soins pouvait venir de ces territoires vieillissant et dépeuplés ? C’est en tous cas l’espoir de ce jeune pharmacien corrézien qui chaque jour a le sentiment de s’éloigner d’une pratique purement libérale de son métier.
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Par Pierre Bonte-Joseph

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Pour quelques jours, ou semaines encore Bugeat, petit village de haute-Corrèze, semble échapper à la maladie. « Bien sûr il y a des suspicions, des patients qui ont des symptômes, mais aujourd’hui on a aucun cas confirmé » détaille Antoine Prioux, le pharmacien du bourg.

 

Mais le Covid-19 approche. Déjà à Ussel, la ville proche on déplore les premiers malades. « On se prépare au pire, pour l’éviter » détaille le pharmacien.

 

Un laps de temps que l’équipe médicale a mis à profit pour s’organiser. « Les horaires de la pharmacie ont été réduits, et on a organisé le portage des médicaments à toutes le personnes à risques. Car si on peut -un temps- ne pas voir son médecin, on ne peut pas arrêter de prendre ses médicaments ».

 

Livraison de médicaments à la ferme

 

Alors le temps du confinement, le pharmacien devient livreur. Comme le pain, ou le courrier en d’autres temps, Antoine prend désormais sa camionnette pour aller aux devants des plus fragiles.

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Ma vie confinée - Public Sénat

« Les gens sont heureux de nous voir arriver. On profite de chaque passage pour prendre des nouvelles, et poser quelques questions essentielles. Bien sûr je ne suis pas médecin, mais on demande si il y a des symptômes, on demande aussi si ils sont équipés pour pouvoir le cas échéant faire de la télé-consultation. Infirmier, médecin on partage les données médicales des patients sur des serveurs sécurisés » raconte t-il« il faut éviter qu’ils croisent le virus, et les pharmacies sont des lieux particulièrement risqués ».

 

Et le système de gestion des stocks de médicaments mis en place avant la crise de facilite les choses. « On sait par avance, les médicaments dont les patients auront besoin. Avant même d’ailleurs que certains d’entre eux ne s’aperçoivent qu’ils leur manque de comprimés »

 

Soins palliatifs à domicile

Antoine Prioux
Antoine Prioux, pharmacien


Plus sombre, Antoine Prioux dit avoir réfléchit avec ses collègues soignants à la question des soins palliatifs à domicile, si jamais la question venait à se poser : «  dans ce contexte, on évoque aussi les questions de fin de vie chez les gens. C’est une question qu’on élude souvent dans nos sociétés, mais il important d’y penser surtout ici, où la population est âgée, et les places en réanimation »

 

Pharmacie un service public ?

 

La camionnette blanche du pharmacien emprunte désormais le même chemin, que celle jaune du postier. « On assure quasiment une mission de service public » lâche le praticien libéral.

 

Avant d’ajouter « un médecin isolé ne peut pas faire seul. On travaillait déjà tous ensemble, mais cette épreuve a renforcé notre solidarité. Cette coopération il faudra la garder une fois que les choses seront revenues à la normale. Cette crise nous enseigne, qu’on réussit à s’organiser au delà sans les organisations pyramidales traditionnelles, souvent hors sols et minées par des luttes intestines, qu’il s’agisse de l’Agence régionale de santé, de la préfectures, ou des syndicats de pharmaciens ».

 

En attendant le « jour d’après » Antoine repense souvent à cette phrase de Churchill mantra réconfortant «  la définition de l’optimisme c’est de trouver une opportunité dans l’adversité ».

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