Après presque un an de travaux, la mission d’information du Sénat sur les femmes sans abri présentait son rapport et une vingtaine de recommandations dont une à contre-courant de la politique de fermeté migratoire affichée par le nouveau ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau.
L’enfance abusée, le courage de témoigner
Par Mariétou Bâ
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« L’autorité » que représentent les adultes, « la confiance » évidente des enfants en eux, la « gentillesse » dont certains font part, « la complicité » créée et entretenue entre l’agresseur et sa jeune victime… Des adultes victimes de pédophilie témoignent face caméra, ils touchent, émeuvent, ce qu’ils ont vécu provoque l’indignation. Tous reflètent la manipulation d’adultes pédophiles, détenteurs par leur âge et leur proximité avec la famille, de l’autorité. Un processus facilité par la candeur des enfants.
Enfermés dans le silence
Lorsque le premier crime est commis, s’installe une certaine étrangeté, souvent difficile à nommer. Ingrid Hubschmann-Hild, abusée par son père de ses 10 ans à ses 17 ans, parle « d’incompréhension ». Pour d’autres, comme Laurent Boyet, dont le frère a marqué sa vie par ses actes criminels répétés pendant trois ans, c’était « comme si quelque chose s’écroulait ».
Les enfants et adolescents qu’ont été les protagonistes du documentaire se sont rapidement enfermés dans le silence. Par « la peur de ne pas être cru », admet par exemple Kevin Massé, victime pendant plus de 10 ans de la pathologie de son entraîneur de football. Piégés, également, par la peur des représailles : « si tu parles je te tue », lui disait son bourreau. Au contraire, c’est parfois le secret noué dans la complicité, qui permet à l’agresseur de perpétrer des atrocités, et à la victime de se taire. « Il a tourné ça comme un jeu, un secret », explique Andréa Bescond, violée par un ami de la famille. « Je ne voulais pas lui faire de peine », ajoute-elle.
« Le silence nous tue », Laurent Boyet, victime de pédophilie.
Des paroles de résilience
Un jour, viennent la force de parler, le courage, la résilience. Différent pour chacun, il libère la parole de toutes les victimes. Mathilde Brasilier, dont le père était le bourreau, a fini par confier sa souffrance. Elle affirme que le sentiment de culpabilité qu’elle ressentait s’en est allé. Mais une fois que la parole est dite, pas de miracle. Les douloureux souvenirs restent.
Puis, il faut redéfinir le rapport au corps. Réapprendre à l’aimer, et le respecter. Et plusieurs insistent sur l’importance de la prévention. Il faut savoir en parler aux enfants. C’est ce qu’explique très simplement Andréa Bescond.