« Nous ne céderons rien face à l’antisémitisme sous toutes ses formes », assure Emmanuel Macron dans un message laissé dans le livre d’or du mémorial de la Shoah à Paris, à l’occasion du 80e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau. Ce 27 janvier, le chef de l’Etat a salué la mémoire des victimes de l’holocauste, il a observé une minute de silence et déposé une gerbe au pied de la flamme du mémorial. « N’oublions jamais les millions de victimes de la Shoah. Battons-nous inlassablement contre l’antisémitisme et la haine, au nom de tous ceux qui ont péri. Soyons la mémoire de leur mémoire », a encore écrit le locataire de l’Elysée sur le réseau social X, alors qu’il ne resterait que 21 900 rescapés de l’holocauste toujours en vie en France, selon une étude démographie de la Claims Conference, un groupement d’organisations juives.
En milieu d’après-midi, le président et son épouse Brigitte Macron sont arrivés en Pologne, à Auschwitz-Birkenau, où étaient également attendus de nombreux autres chefs d’Etats et de gouvernements, dont le président polonais, Andrzej Duda, le chancelier allemand Olaf Scholz, le roi Charles III, ou encore Volodymyr Zelensky, le président de l’Ukraine. Israël était représenté par Yoav Kisch, ministre de l’Education nationale, alors que le Premier ministre Benyamin Netanyahou fait l’objet d’un mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale.
Un jeune sur cinq avoue n’avoir jamais entendu parler de la Shoah
Faisant suite au chef de l’Etat, la ministre de l’Education, Élisabeth Borne, s’est également rendue au mémorial de la Shoah dans l’après-midi, accompagnée notamment par la maire de Paris, Anne Hidalgo. L’ex-première ministre avait évoqué dans son discours de politique générale, le 6 juillet 2022, la déportation de son père, Joseph Borne. « J’étais cette enfant, dont le père n’était jamais vraiment revenu des camps. »
« L’École doit être ce rempart d’humanité contre l’oubli de l’Histoire et la banalisation de la haine, à l’école comme au sein de nos universités. Nous ne laisserons rien passer », a-t-elle déclaré ce lundi. « Quatre-vingts ans après la tragédie, il est toujours aussi urgent et peut être plus urgent que jamais de rappeler l’Histoire », a martelé Élisabeth Borne, alors qu’un sondage OpinionWay paru début janvier révèle qu’un jeune sur cinq chez les 16-24 ans avoue n’avoir jamais entendu parler de la Shoah.
« Face à l’immense défi du souvenir, et face au poison de l’antisémitisme qui ressurgit d’entre les ténèbres, je veux réaffirmer auprès de nos compatriotes juifs qu’ils trouveront toujours en la République, en nous, leurs frères, un indéfectible bouclier », assure son éphémère successeur à Matignon, Gabriel Attal.
Devoir de mémoire
« 80 ans après la libération du camp d’Auschwitz, que nous restera-t-il quand les survivants nous auront quittés ? Il nous restera la mémoire, pour ne jamais oublier. L’antisémitisme continue de se répandre. Plus que jamais il faut raconter la Shoah aux jeunes générations », a également commenté sur ses réseaux sociaux Gérard Larcher, le président du Sénat. Son homologue de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, dont le grand-père juif polonais s’est installé en France pour fuir le nazisme, cite quant à elle l’écrivain Elie Wiesel : « Si Auschwitz n’a pas su guérir l’Humanité contre l’antisémitisme alors comment le guérir ? » Les présidents des deux chambres du Parlement avaient organisé le 12 novembre 2023 une grande marche contre l’antisémitisme à Paris.
« Il ne fait pas bon d’être une femme, un juif ou un homosexuel dans certains quartiers en France. Certains ont aujourd’hui des larmes de crocodile, mais où sont-ils quand il faut prendre des mesures contre l’antisémitisme ? », s’est agacé le député RN Sébastien Chenu sur Europe 1.
Le Premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a retweeté la Une du journal L’Humanité, composée de photographies en noir et blanc de déportés, avec cette phrase de Paul Eluard : « Si l’écho de leurs voix faiblit, nous périrons ». « La mémoire est notre devoir. Ne fermons pas les yeux face à la résurgence de l’antisémitisme en France », enjoint Laurent Wauquiez, le chef de file des députés de La Droite Républicaine. Du côté de LFI, régulièrement accusé d’antisémitisme en raison des positions défendues par certains de ses membres depuis les attaques du 7 octobre contre Israël, l’eurodéputée Rima Hassan republie sur son compte X le témoignage d’Esther Senot Dzik, 97 ans, rescapée des camps de la mort.
Le Premier ministre François Bayrou est attendu en fin de journée au pied de l’Arc-de-Triomphe, accompagné de représentants de l’Union des déportés d’Auschwitz, pour procéder au ravivage de la flamme du soldat inconnu.