Ce matin, la proposition de loi « visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur » a été adoptée par la commission des affaires économiques du Sénat. Elle prévoit des assouplissements sur les pesticides et le stockage de l’eau, et entend calmer les tensions entre les agriculteurs et l’Office français de la biodiversité.
La loi Egalim ne « marche pas comme prévu », selon la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert
Par Public Sénat
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Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, était l’invitée de la matinale de Public Sénat ce mardi, au moment où le Salon de l’agriculture, annulé pour cause de covid-19, aurait dû se dérouler. « Une décision très difficile, un crève-cœur », assure-t-elle. Invitée à réagir à la polémique suite à la décision du maire EELV de Lyon, Grégory Doucet, de proposer des menus sans viande à la cantine dans les écoles primaires, comme l’avait cependant déjà fait Gérard Collomb en mars 2020, la responsable syndicale a dénoncé ce choix.
« Pas de Sapin, pas de Tour de France, c’est quoi le prochain truc ? »
« C’est une décision arbitraire, sans consultation. Pourquoi seulement la ville de Lyon a du mal à faire appliquer les gestes barrières ? Paris, Lille (n’ont pas pris cette décision). Il y a beaucoup d’idéologie derrière » selon Christiane Lambert. « Les recommandations du plan national alimentation santé, préconise l’alimentation de viande. Il y a même un décret qui encadre ce qu’il faut servir dans la cantine » souligne la présidente de la FNSEA. « Pas de Sapin, pas de Tour de France, c’est quoi le prochain truc ? » demande-t-elle, évoquant d’autres décisions des maires écologistes. « Je fais la différence entre le libre choix et ce qui est imposé de façon autoritaire » continue Christine Lambert, « on nous dit comment il faut manger, se déplacer… »
Christiane Lambert dénonce aussi le nouvel arrêté anti-pesticides pris par le maire EELV de Grenoble, Eric Piolle. « J’ai hâte que la guerre pour la primaire chez EELV se termine, que la course à l’échalotte se termine. Chacun y va de son couplet », selon la présidente de la FNSEA, qui pense que ce nouvel arrêté, « ne tiendra pas » juridiquement. Pour elle, « cet acharnement des écologistes est malsain. […] C’est vendre le grand soir tous les matins ». « Est-ce que vous pensez qu’on peut avoir une France sans pesticide ? La réponse est non », soutient Christiane Lambert, qui les compare aux « médicaments ». « Nous sommes au travail, avec - 15 % de produits phytosanitaire en moins, pour les plus toxiques, l’an dernier », souligne la présidente de la FNSEA.
Les grands distributeurs « margent copieusement. Ils doivent changer de logiciel »
Alors qu’Emmanuel Macron se déplace ce mardi en Côte-d’Or, pour un déplacement sur le thème de l’agriculture, Christiane Lambert regrette que la loi Egalim, censée assurer le prix juste aux agriculteurs, ne « marche pas comme prévu ». « Il y a des avancées dans certains secteurs, mais d’autres où ça ne marche pas. En viande bovine, ça ne marche pas. On a une baisse des prix » souligne-t-elle. « Les entreprises de la grande distribution se font les grands défenseurs du pouvoir d’achat » mais « leurs marges sont super confortables. Ils se moquent totalement (du monde). Il y a un discours de façade ». « Carrefour a mis beaucoup de ses salariés en chômage partiel pour toucher l’aide d’Etat et trois mois après, ils sont prêts à les offrir à Couche-tard » ajoute-t-elle, pointant aussi « Leclerc » et « Intermarché ».
Au final, la loi Egalim « n’a pas tenu ses promesses », les grands distributeurs « ont margé copieusement. Ils doivent changer de logiciel ». Or « plus c’est vert, plus c’est cher. Il faut que nos revenus soient impactés directement. […] J’ai dit à Emmanuel Macron que ça ne marchera que si on met des gendarmes pour sanctionner ceux qui grillent les feux rouges. Je pense qu’il va le faire » affirme Christiane Lambert, qui « lance un appel solennel, fervent, aux consommateurs : nous avons besoin qu’ils soutiennent les producteurs français », en acceptant des prix légèrement plus élevés. « Un centime de plus par œuf », pour avoir un prix juste, « ça fait 2,40 euros par an pour les consommateurs ».