« La plupart des sportifs de haut-niveau sont en grande précarité » alerte le champion de BMX Matthias Dandois

Après un dixième sacre aux championnats du monde de BMX, il a décidé de prendre sa retraite. Sa carrière a l’âge et la fougue d'un ado : 16 ans. Aujourd'hui assagi, Matthias Dandois se livre. S'il se félicite que les jeux olympiques de Paris 2024 aient crédibilisé le BMX et mis en lumière l’importance d’investir dans le sport de haut niveau, il regrette que la France soit loin d’être une nation de sport. Cette semaine, Rebecca Fitoussi reçoit le champion de BMX Matthias Dandois, dans « Un monde, un regard » sur Public Sénat.
Agathe Alabouvette

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Après un dernier tour de piste, il s’en est allé. À 36 ans, Matthias Dandois, champion de BMX-flat, a choisi de mettre un terme à la compétition fin 2024, pendant qu’il était encore « au top » selon ses mots. Mais s’il a renoncé à la haute-performance, il n’a pas renoncé à la pratique quotidienne du BMX, sa passion depuis l’âge de 12 ans. Et garde un œil attentif sur l’actualité sportive.

Le 21 janvier dernier dans l’Equipe, 425 athlètes français signaient une tribune pour dénoncer la baisse drastique du budget alloué au sport en 2025. Une indignation que Matthias Dandois partage.
« J’ai été choqué de voir que les investissements du sport avaient diminué de 30% après les Jeux Olympiques de Paris 2024. On nous a beaucoup parlé d’héritage pendant ces jeux qui étaient une réussite extraordinaire. Tout le monde était unanime là-dessus, tant au niveau des résultats que des retombées. On est les premiers jeux à avoir fait près de 50 millions de bénéfices, et derrière on nous coupe les budgets. Je trouve ça super hypocrite » lâche-t-il. « Il y a énormément de gamins qui voulaient se mettre au BMX après les Jeux Olympiques de Paris. Ils n’ont pas pu car il n’y avait pas assez d’infrastructures. » Dans le sport, « l’investissement des politiques c’est la base de tout » juge le champion.

« La plupart des sportifs de haut-niveau sont en grande précarité »

En France, l’investissement tarde à venir. « « On reste loin d’être un pays de sport » regrette Matthias Dandois. « La plupart des sportifs sont en grande précarité » alerte-t-il. « Quand on pense au sport de haut niveau, on pense à Mbappé. Mais le sport de haut-niveau c’est aussi de l’aviron, de l’escrime, du lancer de javelot…Moi j’ai la chance de faire un sport visuel où l’on peut produire beaucoup de contenus pour Facebook, Instagram, TikTok. Il y a plein de sportifs qui n’ont pas cette chance-là, qui comptent sur leur fédé et pour eux c’est dur. Il y a plein de fédés qui leur donnent cinq cents euros, une paire de chaussures, une claque sur les fesses et disent : aller champion. Mais on ne vit pas avec cinq cents euros. »

« La fédération française de cyclisme n’a pas vu l’image que le BMX pouvait lui apporter »

Longtemps le BMX a fait partie de ces disciplines boudées par les pouvoirs publics, traînant une image de pratique marginale, voire de délinquant. « Quand j’ai commencé ma carrière, en 2008, je ne recevais pas d’aide, sauf de sponsors privés » explique Matthias Dandois. Lui, assume d’avoir recouru aux sponsors privés pendant sa carrière. La Fédération française de cyclisme intègre les licenciés des clubs de BMX depuis 2018 seulement . « Quand on a rejoint la fédération française de cyclisme, on s’est dit que ça allait nous apporter plein de bénéfices. Mais la fédération pousse surtout pour le vélo de route et le vélo de piste. Elle n’a pas vu le potentiel du BMX, et l’image cool que ça pouvait donner à la fédération. Je n’ai pas toujours été aidé par elle. Ça s’améliore. Nos quatre médailles en BMX aux Jeux olympiques crédibilisent notre sport en tant que sport de haut niveau. »

Retrouvez l’intégralité de l’émission en replay ici. 

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