« Là-bas ! En position de contrôle ! », le documentaire de Marc Ball commence par une scène banale mais qui dérange. Sans nécessité apparente, une policière procède à un contrôle d’identité de deux jeunes, sur un ton agressif. La confrontation est directe, la tension immédiate, à l’image de la relation toujours tendue entre les forces de l’ordre et les habitants des quartiers populaires.
Une première plainte collective portée devant la justice
Des contrôles qui trop souvent tournent mal. Mai 2015. Une dizaine de jeunes flânent dans une rue du XIIe arrondissement de Paris. Certains sont assis sur un banc, d’autres bavardent. Arrivés sur les lieux des officiers de police leur demandent de partir. Avant de s’exécuter Ryan, 14 ans à l’époque des faits, leur adresse une moue de colère. Immédiatement le ton monte et les trois des policiers le plaquent contre le mur. Les coups pleuvent, jusqu’aux insultes sur ses origines libanaises.
Rayan, 18 ans, victime de violences policières
« Là-bas ! En position de contrôle ! »
L’affaire aurait pu ne pas connaître de suite. Sauf que cette fois-ci, Rayan et ses amis déposent plainte. C’est ce combat contre les comportements abusifs des policiers qu’a décidé de raconter le cinéaste dans son enquête minutieuse. Trois ans après les faits début 2018, aidés par un collectif d’avocats emmené par maître Slim Bern Achour, les jeunes « du douzième » entament une procédure. C’est la première fois qu’une plainte collective pour violences policières est portée devant la justice.
Jeunes et policiers : deux bandes face-à-face ?
Comment sortir de ce face-à-face parfois mortel, entre des policiers mal formés, et des jeunes « indésirables » qui se transmettent de générations en générations la peur des « flics » ? Des pistes existent, comme ces ateliers de paroles. Des moments de vérités, où chacun quand il le peut, reconnait ses torts. Y compris dans la police, où, même si les choses changent, témoigner contre les agissements d’une minorité reste difficile à visage découvert.
Des policiers qui dénoncent aussi les moyens qui manquent, les risques psychosociaux et la pression du chiffre. Un poids parfois trop lourd qui pèse sur les hommes, derrière les uniformes.
"Un policier, s'il veut compter sur ses collègues, il doit se taire"
Fait rare, le procureur de la République condamnera les policiers à cinq mois de prison avec sursis, pour violence illégitime sur des mineurs. Ils ont fait appel de la décision.