Ce matin, la proposition de loi « visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur » a été adoptée par la commission des affaires économiques du Sénat. Elle prévoit des assouplissements sur les pesticides et le stockage de l’eau, et entend calmer les tensions entre les agriculteurs et l’Office français de la biodiversité.
La population Rom, une minorité comme les autres ?
Par Romain Vincent
Publié le
Historiquement, la population Rom provient du nord-ouest de l’Inde et une partie a été réduite en esclavage en Europe. Ils seraient actuellement environ 11 millions en Europe (dont une majorité en Roumanie, en Bulgarie et en Hongrie), dont 15 000 en France. En 2014, la France comptait ainsi 400 camps de Roms, dont les deux-tiers en Ile-de-France, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur. Depuis lors, les politiques successives ordonnent et relogement de cette population, sans parvenir à une solution durable.
Les migrations de la communauté Rom sont anciennes de plusieurs siècles. Cependant, l’effondrement du bloc soviétique et la détérioration des conditions de vie ont contraint la population à émigrer. De fait, Grégoire Cousin, chercheur à l’université de Vérone, affirme que la migration des Roms résulte davantage de contraintes extérieures à la communauté que d’un mode de vie originel.
Des discriminations européennes
Les discriminations auxquelles font face les Roms sont perceptibles dans toute l’Europe, et la France ne fait pas exception à la règle. Le premier obstacle que rencontre la population Rom tient à leur propre reconnaissance administrative. Leur mode de vie, parfois nomade ou précaire dans des bidonvilles, ne permet pas toujours de déterminer une adresse fixe, entraînant par là même une invisibilisation et donc une absence de reconnaissance des problématiques rencontrées par cette population. À partir de ce problème majeur, la scolarisation des enfants Roms est compliquée, le marché du travail se referme et la situation précaire se renforce. Livia Otal, bénévole à Médecins du Monde et responsable de mission en Bulgarie témoigne être obligée de se présenter dans des commissariats ou des préfectures avec des membres de la communauté Rom pour que ces derniers soient reconnus et puissent exister administrativement.
Par ailleurs, comme d’autres minorités, les Roms font face à une xénophobie latente dans la société française comme en témoignent les récents événements de l’actualité où une partie de la communauté Rom avait été accusée d’enlèvement d’enfants et avait été la cible de représailles. Rumeurs et accusations construisent une représentation biaisée de cette communauté et empêchent par là même une potentielle intégration.
Un avenir toujours incertain
La reconnaissance ou l’invisibilisation : la communauté Rom est partagée, indique Mehdi Mokrani, adjoint au maire d’Ivry. Se voir reconnaître comme une minorité par l’État permettrait de désigner des représentants, de faire valoir des intérêts communs, des problématiques rencontrées sur l’ensemble du territoire.
Pour une partie des Roms, la solution réside dans l’assimilation au reste de la population française. La nouvelle génération ne parle parfois que le français et souhaite intégrer le marché de l’emploi et du logement. La reconnaissance en tant que Rom n’est alors plus un objectif pour ces personnes, et bien au contraire : il faut se fondre dans la masse pour vivre en paix. Si la situation semble immuable ces dernières années, le sociologue Olivier Peyroux estime que la situation est plus contrastée. La communauté Rom vit dans des conditions précaires dans des bidonvilles (15 000 en France) mais certaines personnes parviennent à s’intégrer dans la société. Le nombre de personnes concernées ne change pas car ces personnes intégrées sont remplacées par de nouveaux arrivants, d’où la nécessité d’une politique sur le long terme.