Label, origine, Nutri-Score… Le Sénat veut faire le ménage sur les étiquettes des produits
Dans un rapport publié mercredi 29 juin, le Sénat appelle à simplifier et harmoniser les informations mises à la disposition du consommateur sur les emballages des produits. Alertant sur un « flux d’informations » devenu trop dense pour être correctement appréhendé par les acheteurs, les élus proposent une série de clarifications.

Label, origine, Nutri-Score… Le Sénat veut faire le ménage sur les étiquettes des produits

Dans un rapport publié mercredi 29 juin, le Sénat appelle à simplifier et harmoniser les informations mises à la disposition du consommateur sur les emballages des produits. Alertant sur un « flux d’informations » devenu trop dense pour être correctement appréhendé par les acheteurs, les élus proposent une série de clarifications.
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Au moins 12 informations obligatoires sur l’étiquette d’un produit, 400 labels différents, des systèmes de notation nutritionnelle comme le Nutri-Score, des indications environnementales, sur le bien-être animal… les rayons de nos supermarchés débordent d’informations. Au point que les emballages deviennent illisibles, saturés de mentions qu’ils sont. Une situation paradoxale pour le consommateur, toujours plus exigeant en matière de transparence, mais qui doit naviguer au milieu d’un océan de données, ce qui ne participe guère à restaurer une confiance écornée par les derniers scandales sanitaires. On songe aux pizzas de la marque Buitoni contaminées par une bactérie E. coli, au rappel avant Pâques d’œufs Kinder suspectés d’être touchés par la salmonellose ou encore à l’affaire du lait infantile contaminé qui a éclaboussé le géant Lactalis fin 2017.

La commission des Affaires économiques du Sénat propose d’en finir avec un phénomène de saturation. Non pas par une remise à plat des normes et des obligations en matière d’information au consommateur, mais par une simplification : harmonisation des termes et des taxinomies, mise en place d’outils de lecture, déplacement de certaines informations vers des interfaces numériques faciles d’accès, formation des consommateurs… Un rapport d’une centaine de pages publié ce mercredi 29 juin formule une quinzaine de propositions en la matière. L’objectif : privilégier la qualité à la profusion.

« Être consommateur est devenu un métier : le flux d’information est désormais si dense que seuls les plus aguerris et motivés savent faire la différence entre une information obligatoire et une information facultative, un label et un score, une allégation fiable et un slogan marketing, l’origine d’un produit et celle de son ingrédient principal », lit-on dans ce rapport. « Trop peu de travaux se posent la question de savoir comment les informations transmises par les fabricants sont effectivement traitées par les consommateurs. Or une information mal comprise, ou non prise au sérieux, peut être contreproductive, si elle jette le discrédit sur les autres informations », explique la sénatrice LR Sophie Primas, présidente de la commission des Affaires économiques, dans un communiqué.

Simplifier l’information

La dématérialisation des informations concernant un produit, rendu accessible via un QR code, permettrait de satisfaire les exigences de certains consommateurs concernant leurs achats et rendrait l’étiquetage moins complexe. Les sénateurs prônent la mise en place d’une information « à la carte » qui permette à tout un chacun d’obtenir facilement, via un smartphone, l’information qu’il cherche, et éventuellement des données complémentaires laissées à la discrétion du fabricant. « Bien entendu, les informations aujourd’hui obligatoires (origine, allergènes, mode de conservation, étiquette énergie, etc.) ont vocation à rester sur les étiquettes », précisent-ils.

Dans un souci d’harmonisation et d’une meilleure compréhension, les élus de la Chambre haute recommandent également que les différentes catégories d’objets/de produits utilisent les mêmes logos et se réfèrent aux mêmes terminologies lorsqu’il est question des noms d’ingrédients. Par exemple, en utilisant la nomenclature internationale pour les produits cosmétiques.

Les applications de notation, une boussole pour le consommateur

Le recours aux applications de notation des produits a tendance à devenir monnaie courante. Environ 25 % des consommateurs les utilisent, selon les chiffres du Sénat. « Elles répondent à une demande forte : en synthétisant et en explicitant les informations figurant sur les emballages, elles contribuent à les simplifier et à les rendre compréhensibles. » Les sénateurs réclament davantage de transparence sur les critères de notation utilisés par ces applications, via la mise en place d’une certification. D’autant qu'elles peuvent avoir un fort impact sur le consommateur et, par voie de conséquence, sur le fabriquant : « 92 % des utilisateurs de l’application Yuka reposeraient le produit lorsqu’il est mal noté, et plusieurs centaines de produits ont déjà vu leur recette modifiée par le fabricant afin d’obtenir une meilleure évaluation », indique le rapport. Ces applications pourraient également offrir au fabricant la possibilité d’un droit de réponse lorsque celui-ci conteste la note attribuée.

La formation du consommateur est aussi un enjeu soulevé par les travaux du Sénat. Parmi ses recommandations, le rapport pointe la nécessité de multiplier, à l’école, les initiatives en faveur de l’éducation alimentaire et nutritionnelle, par exemple avec des interventions de professionnels. Les élus évoquent un renforcement des campagnes publicitaires sur la signification de certains labels. « Être consommateur, cela requiert un apprentissage : en matière alimentaire, il faut donner les clefs aux consommateurs pour choisir ses produits avec connaissance, ce qui nécessite d’être éveillé à la nutrition, au goût, aux problématiques de qualité, de traçabilité », fait valoir le rapporteur Fabien Gay (PCF).

Renforcer les moyens de l’administration en matière de contrôle

Enfin, les sénateurs alertent sur la baisse des moyens alloués à la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF) et sur le manque d’effectifs, « alors que les informations (obligatoires comme facultatives) n’ont jamais été aussi nombreuses, impliquant donc davantage de contrôles de leur fiabilité ». Pour toute la France, seuls 145 inspecteurs sont chargés de contrôler la conformité des informations délivrées sur les étiquettes. Résultat : sur la période 2012-2021, les contrôles sont passés de 105 000 à 73 000. « Cette situation incompréhensible n’est pas tenable et ne peut que conduire à une moindre protection du consommateur, alors que cette dernière n’a jamais été autant d’actualité », écrivent encore les élus, qui demandent par ailleurs que soit mis fin à la baisse des dotations aux associations de protection des consommateurs.

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