Ce matin, la proposition de loi « visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur » a été adoptée par la commission des affaires économiques du Sénat. Elle prévoit des assouplissements sur les pesticides et le stockage de l’eau, et entend calmer les tensions entre les agriculteurs et l’Office français de la biodiversité.
Lactalis : Auchan et Carrefour ont remis en rayon des laits contaminés ramenés par les consommateurs
Par Public Sénat
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Mardi, c’est le directeur de l’Alimentation (DGAL), Patrick Dehaumont qui était auditionné par les commissions des affaires économiques du Sénat (voir notre article). Ce mercredi, les représentants de la grande distribution ont dû eux expliquer pourquoi des produits rappelés ont continué à être disponibles dans les magasins et ce plusieurs semaines après les premières alertes de la contamination du lait infantile Lactalis.
« Un certain nombre de produits ont été remis par mégarde dans le circuit de distribution »
Pour Stéphane Dufort, directeur qualité du groupe Carrefour, « la défaillance provient d’une mauvaise gestion des produits retournés dans nos magasins par les clients ». « Au-delà des produits retirés à la vente, nous avons eu plus de 9000 produits ramenés par les clients. Malheureusement, ça a été corrigé depuis, un certain nombre de produits ont été remis par mégarde dans le circuit de distribution » a-t-il reconnu. Il a aussi regretté une information trop morcelée durant la crise, «15 messages » en tout, en provenance de Lactalis et de Bercy.
Le secrétaire général du groupe Auchan, Franck Geretzhuber, a également expliqué que « sur « 42 000 produits, 52 ont été remis dans le circuit de vente » car « des clients remettent des produits à l’accueil et des employés qui les remettent en rayon ».
Parmi les préconisations pour remédier à ce dysfonctionnement, le représentant du groupe Carrefour recommande en premier lieu « une révision et une amélioration du guide et de gestion des alertes alimentaires » mais aussi, plus curieusement, « la levée du secret bancaire », « pour nous permettre d’identifier au plus vite tous les acheteurs des produits concernés ayant acheté leurs produits par carte bancaire ».
« La meilleure solution, c'est de bloquer l’EAN (code barre) en caisse »
Caroline Dassié, directrice générale d’Intermarché et de Netto a évoqué « une situation inédite », « jamais rencontrée » pour Lactalis. Si une procédure de retrait rappel des lots concernés à tout de suite été effectuée, mais dans ce cas précis, « la gestion des numéros de lots ne pouvait être identifiée que par contrôle visuel ». « À l’heure du digital, cette façon de contrôler n’est plus acceptable » a-t-elle estimée en évoquant « plus de 12 millions de boîtes sur le marché français » concernées par le retrait. La meilleure solution, dans une telle situation, selon elle, est de « bloquer l’EAN (code barre) en caisse ». Mais comme l’a précisé Caroline Dassié, cette solution n’est pas sans conséquences économiques car « un seul EAN peut concerner plusieurs industriels » dont certains peuvent ne pas faire l’objet de la procédure de retrait.
« Je suis effaré par tout ce que j’ai entendu »
« Je suis effaré par tout ce que j’ai entendu » a réagi le sénateur LR Laurent Duplomb. « Comment on peut expliquer que ce sont des produits qui ont été ramenés par des consommateurs (…) qui ont été remis dans les rayons ? Attendez, vous filmez vos employés pour voir s’ils ne volent pas dans les rayons et vous allez nous dire que vos salariés ont remis dans les rayons des produits ramenés par les consommateurs ? » s’est-il alarmé.
Le sénateur socialiste, Martial Bourquin, a rappelé que « 30 grandes surfaces ont continué à vendre des produits qui n’étaient plus vendables, ainsi que 44 pharmacies, 12 hôpitaux, 2 crèches, trois grossistes ». Martial Bourquin a reproché aux représentants de la grande distribution un manque de mobilisation indispensable lorsqu’il y a un « risque pour la sécurité des Français ». « Lorsque la sécurité alimentaire des Français est menacée, il faut que vous vous mobilisiez de la même façon que lorsqu’il s’agit d’une campagne commerciale » a-t-il enjoint.
Après UFC que Choisir, et l’association des victimes de Lactalis, c’est l’association de consommateurs Foodwatch qui vient de saisir la justice. Dans sa plainte, Foodwatch a relevé 12 infractions qui engagent la responsabilité de Lactalis, de la grande distribution, des laboratoires mais aussi les pouvoirs publics.