Lactalis : Auchan et Carrefour ont remis en rayon des laits contaminés ramenés par les consommateurs

Lactalis : Auchan et Carrefour ont remis en rayon des laits contaminés ramenés par les consommateurs

Alors que les dépôts de plainte s’accumulent  et mettent en cause les différents acteurs de l’affaire des laits contaminés Lactalis, les représentants de la grande distribution étaient auditionnés au Sénat, où ils n’ont pas vraiment convaincu ;
Public Sénat

Temps de lecture :

2 min

Publié le

Mis à jour le

Mardi, c’est le directeur de l’Alimentation (DGAL), Patrick Dehaumont qui était auditionné par les commissions des affaires économiques du Sénat (voir notre article). Ce mercredi, les représentants de la grande distribution ont dû eux expliquer pourquoi des produits rappelés ont continué à être disponibles dans les magasins et ce plusieurs semaines après les premières alertes de la contamination du lait infantile Lactalis.

« Un certain nombre de produits ont été remis par mégarde dans le circuit de distribution »

Pour Stéphane Dufort, directeur qualité du groupe Carrefour, « la défaillance provient d’une mauvaise gestion des produits retournés dans nos magasins par les clients ». « Au-delà des produits retirés à la vente, nous avons eu plus de 9000 produits ramenés par les clients. Malheureusement, ça a été corrigé depuis, un certain nombre de produits ont été remis par mégarde dans le circuit de distribution » a-t-il reconnu. Il a aussi regretté une information trop morcelée durant la crise, «15 messages » en tout, en provenance de Lactalis et de Bercy.

Le secrétaire général du groupe Auchan, Franck Geretzhuber, a également expliqué que « sur « 42 000 produits, 52 ont été remis dans le circuit de vente » car « des clients remettent des produits à l’accueil et des employés qui les remettent en rayon ».

Lactalis: sur 42 000 produits, 52 ont été remis à la vente" reconnait Auchan
02:08

Parmi les préconisations pour remédier à ce dysfonctionnement, le représentant du groupe Carrefour recommande en premier lieu « une révision et une amélioration du guide et de gestion des alertes alimentaires » mais aussi, plus curieusement, « la levée du secret bancaire », « pour nous permettre d’identifier au plus vite tous les acheteurs des produits concernés ayant acheté leurs produits par carte bancaire ».

« La meilleure solution, c'est de bloquer l’EAN (code barre) en caisse »

Caroline Dassié, directrice générale d’Intermarché et de Netto a évoqué « une situation inédite », « jamais rencontrée » pour Lactalis. Si une procédure de retrait rappel des lots concernés à tout de suite été effectuée, mais dans ce cas précis, « la gestion des numéros de lots ne pouvait être identifiée que par contrôle visuel ». « À l’heure du digital, cette façon de contrôler n’est plus acceptable » a-t-elle estimée en évoquant « plus de 12 millions de boîtes sur le marché français » concernées par le retrait. La meilleure solution, dans une telle situation, selon elle, est de « bloquer l’EAN (code barre) en caisse ». Mais comme l’a précisé Caroline Dassié, cette solution n’est pas sans conséquences économiques car « un seul EAN peut concerner plusieurs industriels » dont certains peuvent ne pas faire l’objet de la procédure de retrait.

« Je suis effaré par tout ce que j’ai entendu »

Lactalis : le sénateur Laurent Duplomb "effaré " par l'audition des représentants de la grande distribution
02:04

« Je suis effaré par tout ce que j’ai entendu » a réagi le sénateur LR Laurent Duplomb. « Comment on peut expliquer que ce sont des produits qui ont été ramenés par des consommateurs (…) qui ont été remis dans les rayons ? Attendez, vous filmez vos employés pour voir s’ils ne volent pas dans les rayons et vous allez nous dire que vos salariés ont remis dans les rayons des produits ramenés par les consommateurs ? » s’est-il alarmé.

Le sénateur socialiste, Martial Bourquin, a rappelé que « 30 grandes surfaces ont continué à vendre des produits qui n’étaient plus vendables, ainsi que 44 pharmacies, 12 hôpitaux, 2 crèches, trois grossistes ». Martial Bourquin a reproché aux représentants de la grande distribution un manque de mobilisation indispensable lorsqu’il y a un « risque pour la sécurité des Français ». « Lorsque la sécurité alimentaire des Français est menacée, il faut que vous vous mobilisiez de la même façon que lorsqu’il s’agit d’une campagne commerciale » a-t-il enjoint.

Lactalis : Martial Bourquin demande à la grande distribution de se mobiliser en cas de crise sanitaire
02:14

Après UFC que Choisir,  et l’association des victimes de Lactalis, c’est l’association de consommateurs Foodwatch qui vient de saisir la justice. Dans sa plainte, Foodwatch a relevé 12 infractions qui engagent la responsabilité de Lactalis, de la grande distribution, des laboratoires mais aussi les pouvoirs publics.

Dans la même thématique

Lea, au premier jour de sa Vie
5min

Société

Périnatalité : « Infantiliser les femmes ne mène à rien de bon » selon la journaliste Renée Greusard

Le 14 mai dernier, la mission d’information sur l’avenir de la périnatalité auditionnait quatre journalistes spécialistes des questions de grossesse et de parentalité. Une audition qui a permis d’évoquer la question de la santé mentale durant le post-partum, l’information qui est faite autour et l’insuffisance des moyens alloués aux maternités.

Le

Paris : International women s rights day
4min

Société

#Metoo : 150 personnalités réclament une « loi intégrale contre les violences sexuelles »

Ce mardi, Le Monde publie la tribune de près de 150 personnalités, notamment des actrices, appellent à la mise en place d’un ambitieux plan de lutte contre les violences sexuelles et sexistes. Un appel lancé alors qu’Emmanuel Macron a ouvert la voie à une évolution de la définition juridique du viol, pour y intégrer la notion de consentement. La présidente de la délégation sénatoriale aux droits des femmes réclame de son côté une meilleure formation de la police et de la justice.

Le