Ce matin, la proposition de loi « visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur » a été adoptée par la commission des affaires économiques du Sénat. Elle prévoit des assouplissements sur les pesticides et le stockage de l’eau, et entend calmer les tensions entre les agriculteurs et l’Office français de la biodiversité.
Lactalis : échanges tendus entre les sénateurs et les associations de consommateurs
Par Public Sénat
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« Beaucoup de ces familles sont traumatisées. Traumatisées d’apprendre qu’elles auraient pu donner du lait contaminé à leurs enfants de leurs propres mains (…) Savez-vous ce qui leur a été dit la plupart du temps ? Vous avez des problèmes d’hygiène chez vous qui ont conduit à cela (…) on a culpabilisé les familles (…) Les familles sont traumatisées au point de vérifier chaque jour les selles de leurs enfants » explique en introduction Quentin Guillemain, président de l’Association des familles victimes du lait contaminé aux salmonelles.
Après avoir reçu des représentants des grandes surfaces, le directeur général de l’alimentation, ou encore le directeur de la communication du groupe Lactalis (voir nos articles, ici et ici), les commissions des affaires économiques et sociales du Sénat ont clôturé cette série d’auditions par les représentants des associations de consommateurs dans une ambiance parfois tendue. Lorsque Quentin Guillemain demande la démission du PDG de Lactalis, Emmanuel Besnier. « Cette audition n’est pas un tribunal » lui rappelle fermement la présidente LR de la commission des affaires économiques, Sophie Primas.
Un sénateur doute de l’impartialité des associations de consommateurs
Le ton est monté d’un cran supplémentaire lorsque le sénateur LR, Laurent Duplomb, s’est interrogé à voix haute sur « l’impartialité » des associations de consommateurs. « J’aimerais bien qu’on puisse savoir si derrière, il n’y a pas une certaine forme de lobbying, si derrière, il n’y a pas un peu de politique » ? « Ma fille a consommé ce lait. J’ai déposé plainte. Il y a une enquête en cours. Je pense que je suis tout à fait légitime à parler ainsi » lui a répondu Quentin Guillemain. « UFC que choisir est effectivement sous influence. Mais la seule influence ce sont les consommateurs » ajoute Cédric Musso, directeur de l’action public d’UFC que choisir.
« Revenir aux fondamentaux » : le lait maternel
À plusieurs reprises, la sénatrice LR, Florence Lassarade, pédiatre de formation, a lourdement insisté sur ce qu’elle nomme « la prévention élémentaire, le lait maternel ». « Personne n’en a parlé, il faut revenir quand même aux fondamentaux. Un enfant qui serait contaminé par une salmonelle et qui serait allaité, ne serait-ce que partiellement, aurait la thérapeutique rien que dans le lait maternel ». Et quand à la fin de l’audition, Quentin Guillemain insiste sur le fait qu’une « salmonellose sur des enfants très fragiles, ça peut conduire à des choses extrêmement graves ». Florence Lassarade réplique du tac au tac : « d’où l’importance du lait maternel, encore une fois » créant ainsi un brouhaha dans la salle.
L’effectivité des autocontrôles mis en doute
Pointés du doigt récemment, les 16 000 autocontrôles effectués au sein de l’usine de Craon, n’avaient pas décelé de présence de salmonelles. « Ça veut dire qu’il y a, qu’on le veuille ou non, des pressions internes qui font que le laboratoire qui dépend financièrement de son donneur d’ordres, n’a pas tout à fait la liberté des résultats des tests (…) cela met en doute, potentiellement, la totalité des autocontrôles effectués par des laboratoires sur ordre de Lactalis » pointe Jean-Yves Mano, président de l'association de consommateurs CLCV.
Comme lors des précédentes auditions, le manque de moyens de la DGCCRF a été déploré, « entre 2007 et 2012 les effectifs ont baissé de 1000 agents ce qui n’est pas rien » a rappelé Cédric Musso, directeur de l’action public d’UFC que choisir. Il préconise, par ailleurs, « l’obligation » de transmettre aux services de l’État, « les autocontrôles positifs révélant la présence de pathogènes que ce soit dans l’environnement ou dans les produits ». Le sénateur socialiste, Martial Bourquin abonde : « On a l’obligation d’avoir de vrais effectifs, d’avoir de vrais moyens (pour la DGCCRF) car demain, on peut avoir une bactérie beaucoup plus grave, peut-être mortelle ».