Après presque un an de travaux, la mission d’information du Sénat sur les femmes sans abri présentait son rapport et une vingtaine de recommandations dont une à contre-courant de la politique de fermeté migratoire affichée par le nouveau ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau.
Le 22 mars commençait Mai 68
Par Public Sénat
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« Je ne suis pas Monsieur Commémoration, ni Monsieur 68 ». Le 22 mars 1998, interrogé par France 2, Daniel Cohn-Bendit la joue modeste. C’est pourtant lui qui était au départ du « mouvement du 22 mars » de 1968. Ce jour-là, 142 étudiants le suivent pour occuper un bâtiment administratif de la faculté de Nanterre. C’est le début de ce qui deviendra Mai 68.
Le 22 mars succède à l'arrestation, deux jours plus tôt, de Xavier Langlade (trotskiste de la Jeunesse communiste révolutionnaire) après l'attaque de l'American express à Paris par des militants qui luttaient contre l'impérialisme américain. La philosophe et militante féministe, Florence Prudhomme, aujourd'hui septuagénaire, se souvient. « Nous avons commencé par crier ‘Libérez nos camarades’ jusqu'à occuper la salle du conseil de l'université dans la soirée. Nous étions dans la fac sûrement à la recherche d'une action décisive » raconte-elle à l’AFP. Elle ajoute. « À Nanterre, nous jouissions déjà d'une forte liberté d'expression. Et tout d'un coup a surgi le slogan de l'occupation de cette salle. Nous nous sommes précipités de manière presque spontanée et inattendue avec beaucoup de gaieté et, pour ma part, presque surprise par notre audace ».
Un an plus tôt, en 1967, 60 étudiants investissaient un pavillon de la cité universitaire réservé aux filles pour revendiquer « la libre circulation » dans l'ensemble de la résidence universitaire.
Le 22 mars 68, la station Europe interviewe pour la première fois le jeune étudiant en sociologie de Nanterre. « Nous voulons que soit possible dans toutes les facultés l’expression politique à l’intérieur de ses murs (…) non pas pour déranger le fonctionnement de la faculté comme c’est dit mais tout simplement dire qu’il faut apprendre à vivre avec la politique dans la faculté. La faculté représente une institution politique. C’est pour cela qu’il est complètement aberrant lorsque les cours de sociologie ont un contenu politique que les étudiants ne puissent s’exprimer dans les locaux » explique-t-il avec un phrasé bien découpé.
Devant les caméras de télévision, le jeune Dany Cohn-Bendit esquisse déjà ce que vont devenir dans les prochaines semaines, les revendications du mouvement étudiant. « Les étudiants refusent la fonction qui leur est assignée par la société. C'est-à-dire qu’ils refusent de devenir les futurs cadres de la société qui exploiteront plus tard la classe ouvrière et la paysannerie (….) Le mouvement du 22 mars veut s’étendre en dehors de l’université. C'est-à-dire essayer de faire une jonction dans la lutte avec les ouvriers ou les paysans ».
Comme l’analyse en 1998, l’historien René Rémond, à l’époque, « il était difficile d’imaginer qu’un phénomène qui prenait sa naissance dans une petite faculté de la banlieue parisienne déboucherait dans l’Histoire générale, ébranlerait le régime et finirait par transformer la société française momentanément ».