Dans la foulée de l’affaire Weinstein, les révélations de harcèlement sexuel se multiplient dans tous les milieux. Assistante de l’eurodéputé socialiste Édouard Martin, Jeanne Ponté a décidé de prendre la parole pour dénoncer ces faits au sein du Parlement européen. La jeune femme raconte avoir elle-même été victime d’un comportement déplacé de la part d’un député allemand en juillet 2014 alors qu'elle est toute jeune assistante. Choquée par cet événement, elle décide quelques mois plus tard de consigner des gestes, des noms, des dates, dans un petit carnet « pour ne pas s’habituer ». Elle répertorie ainsi tous les actes dont elle a connaissance : « ça va du commentaire sexiste, au harcèlement sexuel, au message reçu au milieu de la nuit par des députées et de manière répétée, à des cas d’agression sexuelle ».
Le Parlement européen a pourtant mis en place dès octobre 2014, un comité de lutte contre le harcèlement, présidée par l’eurodéputée française Élisabeth Morin-Chartier. Un comité qui n’existe pas dans les assemblées parlementaires françaises. Mais un comité qui n’a, à ce jour, jamais été saisi pour un cas de harcèlement sexuel… Jeanne Ponté salue le bien-fondé de ce comité mais elle insiste sur l’importance de le perfectionner. Elle avoue qu’elle-même n’avait pas connaissance de son existence lorsqu’elle a débuté dans l’institution.
Des mesures pour améliorer la situation ?
Malgré tout, selon l’assistante parlementaire, aujourd’hui « tout le monde a envie d’avancer dans la même direction et c’est extrêmement positif ». Les députés eux-mêmes se sont saisis du sujet, mettant le harcèlement à l’ordre du jour de la dernière session plénière. Ils ont ainsi adopté le 26 octobre dernier une résolution réclamant un audit et des mesures pour lutter contre le faible taux de signalement.
Édouard Martin, député socialiste, explique que « si ce comité a le mérite d’exister, et il faut le garder, il n’est pas adapté à la situation du harcèlement sexuel ». Il insiste sur la nécessité de recourir à une expertise extérieure pour mieux cerner la problématique : « qu’ils viennent voir quelle est l’amplitude du problème et peut-être aussi nous aider à améliorer les instances ». L’ancien syndicaliste plaide aussi pour une réforme du statut des assistants parlementaires, qui sont embauchés avec des contrats précaires. Une simple rupture de confiance peut être cause de licenciement, alors Édouard Martin pointe le risque de double peine pour celles, victimes, qui oseraient prendre la parole : harcelée et licenciée.