Un congé parental harmonisé en Europe, auquel la France s’oppose, risquerait « d’éloigner les femmes du marché du travail », a expliqué, ce jeudi, la ministre de la Santé Agnès Buzyn, lors d’un débat au Sénat sur la politique familiale.
Sollicitée par de nombreux sénateurs, la ministre a expliqué la position de la France qui s’oppose à une directive européenne prévoyant un congé parental de quatre mois pour chaque parent, non transférable de l’un à l’autre et, surtout, rémunéré au moins à hauteur des indemnités maladie de leur pays, soit 950 euros par mois en France.
Le travail des femmes, « un choix culturel »
Congé parental européen : pourquoi la France s'y oppose
« Notre système verse aujourd’hui 396 euros par mois », rappelle la ministre. En augmentant les indemnités comme le prévoit la directive, « il faut faire attention à ne pas éloigner les femmes du marché du travail. Nous faisons un choix culturel : favoriser le travail des femmes », estime Agnès Buzyn. Le coût de cette mesure pour les finances publiques, évaluée à 1,6 milliard d’euros, est aussi un des arguments de la France, qui pourrait bloquer la signature de cet accord.
96% des congés parentaux pris par des femmes
Alors qu’en France, 96% des congés parentaux sont pris par les mères, certains sénateurs ont défendu ce congé parental équilibré qui pourrait augmenter la part des hommes. « On touche ici le noeud de l’inégalité entre les femmes et les hommes dans ce pays », selon la sénatrice socialiste de la Sarthe, Nadine Grelet-Certenais. « Nous avons une occasion inespérée pour rééquilibrer ce rapport qui pèse lourd sur la vie professionnelle. »
La France cherche « une solution de compromis »
Agnès Buzyn a indiqué que la France négociait jusqu’à la date butoir du 21 juin avec les autres Etats membres européens pour trouver « une solution de compromis ». La priorité du gouvernement est pour le moment « d’aligner le congé maternité des femmes indépendantes sur les salariées. » Une réforme du congé paternité interviendra plus tard durant le quinquennat : « Nous attendons la publication d’un rapport parlementaire sur le sujet », a indiqué la ministre.
Reportage : Quentin Calmet