Le ministre de l’Intérieur réfléchit à « une nouvelle incrimination pénale » visant l’islam politique. « L’islam politique est le principal obstacle à la cohésion de notre pays », soutient la sénatrice LR Jacqueline Eustache-Brinio. La centriste Nathalie Goulet conseille d’appliquer déjà le droit existant et de contrôler le financement des associations. A gauche, l’écologiste Guy Benarroche pointe l’absence de données chiffrées sur le sujet et la socialiste Corinne Narassiguin dénonce « une vision à géométrie variable de la laïcité ».
« Le fondement de la démocratie : c’est l’individualisme, sa finalité aussi » pour Marcel Gauchet
Par Public Sénat
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L’individualisme comme cause du malheur démocratique ?
« Si l’individualisme est tout-puissant, si le citoyen s’efface devant l’individu, si l’homo œconomicus triomphe contre la figure du citoyen, alors oui on a un problème » commence Raphaël Glucksmann… En effet, pour le fondateur de Place Publique si la démocratie « cesse de marcher sur ses deux pieds » en respectant l’homme à l’intérieur du groupe, c’est la crise ! « Et je pense que c’est largement le cas aujourd’hui » ajoute-t-il.
Une thèse que ne partage pas Marcel Gauchet. Pour lui, il y a un paradoxe de l’individualisme dans le monde actuel. Ainsi, « le fondement de la démocratie : c’est l’individualisme, sa finalité aussi. Le bien-être des personnes prises individuellement prime, mais en même temps, une certaine version de cet individualisme peut corrompre la démocratie jusqu’à la rendre impuissante et installer son contraire absolu : le règne du plus fort ».
Pour l’historien, nous sommes en effet dans un nouveau cycle de crise de la démocratie depuis les années 70.
À la recherche d’un équilibre entre la puissance collective et les libertés individuelles
« Il y a des moments dans l’histoire où être libéral et placer les droits individuels au-dessus de tout relève d’une forme d’héroïsme de la pensée » Marcel Gauchet
Pour Marcel Gauchet, « c’est la chose du monde la plus difficile à faire ». Pour Raphaël Glucksmann, cet équilibre, qu’on a appelé « sociale démocratie », est aujourd’hui décrié par nos contemporains pourtant pour lui, impossible de rejeter totalement l’idée de l’individualisme : « Il y a des moments dans l’histoire où être libéral et placer les droits individuels au-dessus de tout relève d’une forme d’héroïsme de la pensée. Être libéral à Moscou en 1970, c’est être héroïque, être libéral à San Francisco en 2018, c’est beaucoup plus conformiste ».
Face au même constat d’une fragilité de la démocratie aujourd’hui, ces deux intellectuels proposent donc deux thèses qu’ils développent chacun avec Adèle Van Reeth sur le plateau de Livres & vous et dans les ouvrages qu’ils viennent de publier : Marcel Gauchet Robespierre, L'homme qui nous divise le plus et Raphaël Glucksmann Les enfants du vide.
Retrouvez l’intégralité de l’émission Livres&vous vendredi 30 novembre à 22h sur Public Sénat.