Le navire Mercy Ships, une source d’espoir pour les malades camerounais

Le navire Mercy Ships, une source d’espoir pour les malades camerounais

Tumeurs bénignes, cataractes, malformations… Cinq milliards de personnes malades dans le monde n’ont pas accès à une chirurgie sécurisée et abordable. Au Cameroun comme dans d’autres pays peu développés, le Mercy Ships apparaît comme une source d’espoir. Ce navire qui va de pays en pays accueille chaque année des milliers de malades en attente de chirurgie, leur redonnant l’espoir d’une vie meilleure. Un nouvel épisode de notre série « Les dessous de la mondialisation ».
Public Sénat

Par Priscillia Abereko

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Au Cameroun, dans un pays où l’espérance de vie ne dépasse pas 58 ans, être malade signifie parfois être condamné. Mis au ban de la société, rejeté par la communauté et la chirurgie l’unique solution. Mais être opéré est bien souvent hors de portée et de prix pour les plus démunis.

Le Mercy Ships, un navire où se relayent 400 bénévoles est souvent leur seul espoir. Amarré à Douala au Cameroun pendant 9 mois, de 3 000 personnes ont été soignés gratuitement à son bord. Mais tout le monde ne peut pas être pris en charge. Et parfois, cruelle sélection seuls les plus malades montent à bord.

Il faut avoir les deux yeux abîmés pour espérer monter à bord

Tous les jours à l’aube, comme Paul, une soixantaine de Camerounais investissent le marché artisanal de Douala. Les uns derrière les autres, tous attendent d’être ausculté gratuitement par les volontaires de Mercy Ships formés pour détecter les maladies des yeux opérables. À 60 ans, Paul a vu sa vue qui décline : « j’espère aujourd’hui recouvrer la vue ». Tests oculaires, batterie de questions… une étape indispensable si l’on souhaite avoir son sésame pour monter à bord.

Les bénévoles du navire n’opèrent que des personnes ayant des troubles oculaires aux deux yeux. « Si on vient opérer un homme qui n’a qu’un seul œil qui va mal, on prive quelqu’un d’autre qui a les deux yeux abîmés » explique l’un des volontaires à un homme qui s’est vu refuser son accès à bord du Mercy Ships.

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« Parmi les patients atteints de cataractes, beaucoup d’entre eux n’ont jamais eu de chirurgie » explique un volontaire

Redonner la vue aux plus démunis

Mercy Ships est une fondation évangélique. S’il n’y a aucune obligation d’être chrétien pour s’y engager, la plupart des volontaires affichent leur foi comme Kim et Glen. Ce couple américain qui travaille en tandem a fait le choix depuis 12 années de vivre toute l’année à bord du navire, renonçant à une vie confortable au Texas.

Seul chirurgien ophtalmologiste à bord, Glen est un spécialiste de la cataracte, l’une des principales causes de cécité en Afrique. Sa femme, Kim le seconde : « mon travail consiste à préparer les patients pour mon mari. Parmi les patients atteints de cataractes, beaucoup d’entre eux n’ont jamais eu de chirurgie, alors ils sont souvent nerveux, j’essaye de les rassurer ».

Redonner la vue aux plus démunis, Glen et Kim en ont fait leur priorité et ils ne le regrettent pas en voyant Monique, une petite fillette qui souffrait d’une double cataracte congénitale et qui commence déjà à percevoir ce qui l’entoure après son opération : « Ce que nous avons, c’est une chance de voir de façon très concrète comment la vie de quelqu’un peut changer très vite. C’est particulièrement visible chez les patients aveugles ».

Paul a lui aussi bien conscience de la chance que représente Mercy Ships : « je n’arrive plus à distinguer les choses, je ne remarque plus personne. La cataracte m’empêche de voir. Quand je marche, il m’arrive souvent de tomber dans des mares d’eaux et les gens se moquent de moi ». Avant d’ajouter, « au Cameroun, la cataracte coûte 120 000 CFA soit 180 euros pour opérer les deux yeux. Avec mes difficultés financières, je n’en ai pas les moyes. C’est pourquoi je compte sur Mercy Ships pour m’aider ».

Des dons pour faire vivre le navire

Des semaines, des mois, des années… la durée de présence des bénévoles sur le navire peut varier. Ce dernier a été aménagé comme un village pour rendre la vie sur le Mercy Ships plus agréable : piscine, terrain de sport aménagé, cantines, écoles jusqu'à 18 ans, de quoi ravir les bénévoles et les patients.

Mais pour faire fonctionner cet imposant bateau hôpital, il faut de l’argent. Chaque année, Mercy Ships reçoit près de 15 millions d’euros de la part de donateurs. Pour les attirer, Pierre Christ « le diplomate » du Mercy Ships a recours à différents moyens : séances de photos avec patients et bénévoles, articles publiés sur leur site internet retraçant le parcours des malades ou encore des visites à bord du navire de riches entrepreneurs et corps politique de différents pays. Jouer la carte de l'émotion, tel est le credo de l'équipage.

Sur le site internet de la fondation, les dons sont ciblés : si un donateur verse 25 dollars cela financera une consultation ophtalmologique et s’il en donne 5 000 dollars il permettra une rénovation d’une salle d’hôpital à bord du bateau. Rien n’est donc laissé au hasard au sein de la Fondation.

« Notre défi c’est de résoudre le problème en formant des gens localement » Glen, chirurgien à bord

Former les bénévoles depuis le Cameroun

Si certains médecins camerounais choisissent de partir se former à l’étranger, Christiane Touna, ophtalmologue à Douala préfère, elle, suivre la formation gratuite dispensée par les volontaires de Mercy Ships. Pendant 4 mois, elle va être formée à réaliser des chirurgies de l’œil avec Glen.

Guérir mais aussi transmettre son savoir aux médecins locaux, telle est la volonté de Glen qui rêve du jour où les médecins camerounais n’auront plus besoin de formation et qui seront aptes à soigner d’autres camerounais sans assistance : « En Afrique le nombre d’ophtalmologue est très bas. On a moins de chirurgiens et plus de cataractes ce qui signifie que dans les dix prochaines années le problème va s’amplifier. Notre défi c’est de résoudre ce problème en formant des gens localement ».

Charge aujourd’hui au gouvernement camerounais de combler les retards dans le domaine de la santé qu’il a accumulé au fil des années : absence de couverture sociale pour la population, meilleurs matériels pour le personnel soignant et déployer des équipes médicales mobiles dans les zones reculées.

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