Le préfet Lallement dans la tourmente
Didier Lallement, préfet de police de Paris, fréquemment pris à partie sur les violences policières en marge de manifestations, est au cœur d’une nouvelle polémique. Samedi, lors d’une marche féministe pour la journée des droits des femmes, des manifestantes ont été violemment interpellées par les forces de l’ordre.

Le préfet Lallement dans la tourmente

Didier Lallement, préfet de police de Paris, fréquemment pris à partie sur les violences policières en marge de manifestations, est au cœur d’une nouvelle polémique. Samedi, lors d’une marche féministe pour la journée des droits des femmes, des manifestantes ont été violemment interpellées par les forces de l’ordre.
Mathilde Nutarelli

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La doctrine du maintien de l’ordre, appliquée par Didier Lallement depuis son arrivée à la préfecture de police de Paris, le 20 mars 2019, est fréquemment la cible des critiques sur les bancs de la gauche et des écologistes. Mais elle est de plus en plus décriée par d’autres acteurs de la vie politique.

Ce samedi, lors d’une marche féministe à l’occasion de la journée des droits des femmes, des CRS ont été filmés traînant des manifestantes par les cheveux et chargeant un cortège en apparence calme. Ce nouvel épisode de violences a entraîné une vague de protestations.

Le préfet décrié sur tous les bancs

Les élus de gauche et écologistes se sont insurgés, sur les réseaux sociaux, de ce nouvel épisode de violences policières. La maire de Paris, Anne Hidalgo, s’est dite « choquée par [des] violences inadmissibles ». Pour la sénatrice EELV de Paris Esther Benbassa, « il faut un changement de la doctrine du maintien de l’ordre ». Elle met directement en cause le préfet de police de Paris et dénonce, depuis son arrivée, des violences importantes sur les manifestants, en particulier les Gilets Jaunes.

Ce qui tranche, cette fois-ci, c’est que même du côté d’En Marche et des élus de droite, des voix commencent à s’élever. Alors que Christophe Castaner compte parmi les soutiens indéfectibles de Didier Lallement, le ministère de l’Intérieur a demandé un rapport à la préfecture de police de Paris sur les incidents qui se sont déroulés le 7 mars.
La secrétaire d’État à l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, a tweeté samedi soir « Toutes les femmes doivent pouvoir manifester pacifiquement pour faire respecter leurs droits ! […] ». Le député LREM Aurélien Taché a même affirmé son soutien aux manifestants sur Twitter et a demandé que le rapport soit « suivi de décisions et de sanctions ».

Le sénateur de Paris rattaché au groupe LR, Philippe Dominati, explique que la doctrine du maintien de l’ordre de Didier Lallement « suscite des interrogations ». Il se dit dubitatif et réservé quant à la manière dont le préfet de Paris prend les choses, « ignorant les élus et les citoyens parisiens ». « Il y a des méthodes différentes à avoir et plus adaptées à Paris », affirme-t-il.

Un contexte tendu autour des violences policières

L’événement du samedi 7 mars survient dans un contexte tendu. Les violences policières et l’usage disproportionné de la force de la part de la police sont devenus des thèmes récurrents dans l’actualité, au fil des différentes manifestations et des vidéos d’interpellations violentes qui circulent sur les réseaux sociaux. Le préfet de police de Paris était déjà fortement critiqué, quelques heures plus tôt, par une enquête publiée par Mediapart, qui mettait en cause la légalité de sa doctrine du maintien de l’ordre.

Plusieurs fois interpellé sur ces violences, notamment lors du Conseil de Paris, par la maire et par des élus, le préfet Lallement, alors soutenu par le gouvernement, n’a pour autant pas changé de cap.

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