La France en utilise chaque année près de 3,2 milliards d’unités (soit 48 par habitant). Le niveau de la consommation de pailles en plastique peut paraître important à première vue, mais ce chiffre ne concerne que le secteur de la restauration rapide. Il ne tient donc pas compte des cafés et des bars, ou encore des achats des particuliers dans les grandes surfaces.
La paille en plastique, nocive pour les milieux marins où elle finit par se retrouver, est aujourd’hui dans le viseur des sénateurs. Cette semaine, la commission des Affaires économiques s’est intéressée à cette question dans le cadre du projet de loi relatif aux relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire. Elle a adopté l’amendement du sénateur Pierre Médevielle (Union centriste) qui vise à interdire, au plus tard au 1er janvier 2020, la mise à disposition gratuite ou la vente de ces pailles.
« Ces pailles contribuent grandement à la pollution de la planète »
« Ces pailles sont à usage unique et contribuent grandement à la pollution de la planète […] Le plastique se décomposant lentement, il se retrouve dans les mers et les océans et dans l'organisme de nombreuses espèces marines », peut-on lire sur l’exposé des motifs de l’amendement. C’est d’ailleurs ce qu’avait souligné le WWF le 8 juin dernier, à l’occasion de la Journée mondiale de l’Océan. L’ONG avait tiré la sonnette d’alarme sur l’état de la mer Méditerranée, l’une des « mers les plus polluées au monde » qui se transforme « en un dangereux piège de plastique ».
Sans paille en plastique, les consommateurs et les professionnels pourraient alors se tourner vers d’autres alternatives, comme des pailles en papier compostable et biodégradable, ou alors sur des modèles réutilisables, en inox, en verre ou même en bambou.
Si cette modification sénatoriale venait à être adoptée en séance, puis confirmée à l’issue de la navette parlementaire, la paille en plastique viendrait s’ajouter à une liste de produits dont la fin est déjà programmée par le Code de l’environnement. Le 1er janvier 2020 doit marquer la fin des gobelets et de la vaisselle en plastique jetable dans la restauration, ou encore l’interdiction de la mise sur le marché de cotons-tiges en plastique.
À l’Assemblée, commission et gouvernement s’étaient montrés défavorables à des amendements similaires
Lors des débats à l’Assemblée nationale, des députés de la majorité présidentielle avaient déjà tenté de mettre fin à la vente des pailles en plastique, mais leurs amendements en commission avaient été retirés, ou n’avaient pas été soutenus. En séance, le rapporteur avait estimé que cet amendement pouvait représenter un cavalier législatif. Quant au ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, il avait renvoyé cette proposition au plan sur l’économie circulaire que prépare Brune Poirson.
Les autres États européens pourraient dans l’avenir se retrouver au même niveau que la France. La Commission européenne a en effet présenté le 28 mai un projet de directive pour lutter contre les déchets marins en ciblant dix produits en plastique à usage unique, dont les pailles. La petite île grecque de Sikinos, en mer Égée, les a bannies depuis le 1er juin.
Certaines entreprises ont aussi annoncé qu’elles allaient progressivement se passer des pailles en plastique. Dès lundi, MacDonald’s France va procéder à des tests localement pour se passer de la paille en plastique. Le géant de la restauration rapide compte la faire disparaître à partir du mois de septembre sur ses tables dans les îles britanniques.