Le saviez-vous ? La virginité féminine ne correspond à aucune réalité anatomique

Le saviez-vous ? La virginité féminine ne correspond à aucune réalité anatomique

La virginité féminine constitue une forme de tabou dans bien des sociétés. Parfois associée à une forme de pureté qu’il faudrait conserver, elle pousse certaines femmes à cacher sa perte. Pourtant, les médecins sont formels : physiologiquement parlant, la virginité féminine ne signifie rien. Alors comment expliquer cette différence entre la réalité physiologique de la virginité et son importance symbolique ? Faut-il y voir le poids du patriarcat ou de la religion ? Tâm Tran Huy et ses invités ouvrent le débat, pour Un Monde en Docs.
Public Sénat

Par Hugo Ruaud

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Le saviez-vous ? La virginité féminine ne correspond à aucune réalité anatomique. Il n’existe pas de différence physiologique entre une femme vierge et une femme qui ne l’est plus. L’hymen n’est pas une membrane protégeant le vagin, intacte chez la femme vierge, et « déchirée » ou « transpercée » lors des premiers rapports sexuels. L’hymen ressemble en fait à un chouchou, élastique et différent selon les femmes. C’est ce qu’explique Mathilde Delespine, sage-femme et membre de l’association Gynécologie sans frontière : « Les hymens, comme tous les organes du corps, sont différents en fonction de chaque être humain. Des femmes ont par exemple des hymens tout petits, et très souples. Ce qui fait que la moitié des femmes, lors du premier rapport sexuel, ne saigne pas, parce que l’hymen ne sera pas lésé lors de la pénétration ». Une réalité scientifique qui met à mal une représentation de la virginité largement répandue, et rend a fortiori complètement caduques, infondées et inopérantes des pratiques tels que le certificat de virginité ou l’hyménoplastie : « On ne peut pas - avec un examen de l’hymen - déterminer s’il y a eu un rapport sexuel ou pas » conclue Mathilde Delespine. Mais pourquoi, alors, le mythe de la virginité féminine persiste-t-il ?

Le patriarcat en cause

On a toujours voulu contrôler la sexualité des femmes

« Depuis la naissance de l’anatomie à la renaissance, l’hymen est connu, l’hymen est décrit. Le savoir médical est assez précis sur cette question-là » note Sylvie Chaperon, historienne. Mais si les médecins savent, le grand public reste largement ignorant sur la question. Une méconnaissance qui interpelle, mais qui n’étonne pas forcément : « On a toujours voulu contrôler la sexualité des femmes, explique Meryem Sellami, socio-anthropologue. Car la femme permet – par son corps - à la société de se reproduire. En revanche, la femme, par son corps et sa sexualité est une menace contre l’unité de la société. C’est l’enjeu majeur du verrouillage du corps des femmes, de cette politique des corps qui a pour pivot cette norme virginale ». Des normes et des contrôles qui jettent un voile sur la connaissance du corps féminin, pour aboutir aujourd’hui à ce hiatus entre la réalité scientifique et l’importance symbolique de la virginité féminine. Ici, ce sont les sociétés fondées, normées, régies par et pour les hommes qui sont en cause : « Le contrôle sur les femmes est d’autant plus fort que le patriarcat est puissant. Plus on va vers le sud et la Méditerranée, plus il y a une forte pression patriarcale, plus on va vers le nord, c’est moins net », analyse encore Sylvie Chaperon.

Lâchez-nous le vagin

Diane Saint-Réquier, animatrice et formatrice en santé sexuelle, relève un autre exemple symptomatique d’une société patriarcale : alors que les garçons sont encouragés à perdre leur virginité le plus tôt possible, pour « prouver qu’ils sont hommes, des vrais », les filles sont « stigmatisées » lorsqu’elles accèdent tôt à la sexualité, « il y a vraiment des attentes de genre différentes » constate-t-elle. Et ces attentes se transforment parfois en injonctions : « Pourquoi des femmes en arrivent à demander une intervention sur l’hymen, une réfection des lèvres parce qu’elles sont « trop grandes » ou « trop asymétriques », d’où vient cette injonction d’être parfaite ? » s’interroge Mathilde Delespine, avant de conclure : « Lâchez-nous le vagin ! ».

 

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