« La révolte paysanne reprend à Versailles ». Ce vendredi 26 septembre, le château de Versailles s’est réveillé au son des moteurs de tracteurs. Une vingtaine d’engins agricoles se sont installés à l’aube devant les grilles du monument. Cette action s’inscrit dans une journée de mobilisation nationale, à l’appel de la FNSEA, syndicat agricole majoritaire, et des Jeunes Agriculteurs (JA). Partout en France, des rassemblements ont été organisés pour dénoncer l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur, mais aussi les taxes douanières imposées par les États-Unis sur certains produits européens.
Des actions dans tout le pays
« Nous voulons attirer l’attention du chef de l’État », expliquait ce matin à nos confrères de l’AFP, Arnaud Rousseau, président de la FNSEA qui s’est rendu sur place. « Quand des produits venus de l’étranger arrivent sur nos marchés sans respecter nos normes de production, c’est intenable. Le Premier ministre doit nous recevoir de toute urgence » s’insurgeait-il. La mobilisation ne s’est pas limitée à Versailles. Dans l’Aube, un rassemblement s’est tenu à Torvilliers. Dans l’Hérault, des viticulteurs ont déversé une remorque de moût de raisin devant les Douanes de Béziers, puis des déchets agricoles devant la Direction départementale des territoires. À Lodève, des banderoles ont été accrochées dès l’aube sur la façade de la sous-préfecture. Au total, 70 actions ont été recensées dans 65 départements, pour environ 3 000 participants. Les manifestations se sont déroulées dans une ambiance globalement pacifique, loin des grands blocages de l’hiver dernier.
Le Mercosur au centre des critiques
L’accord UE Mercosur, signé fin 2024 et en cours de ratification à Bruxelles, vise à faciliter les échanges commerciaux. L’Europe espère exporter davantage de voitures, de machines, de vins et de spiritueux. En retour, elle ouvrirait son marché à des produits agricoles comme le bœuf, la volaille, le sucre, le riz ou le miel venus d’Amérique du Sud.
Pour les agriculteurs français, c’est une menace directe. Ils craignent une concurrence déloyale, car les normes sanitaires et environnementales du pays du Mercosur sont jugées beaucoup moins strictes que celles de l’Union Européenne. À cette inquiétude s’ajoute une autre colère, depuis août, les États-Unis ont révélé à 15 % leurs droits de douane sur certains produits européennes, notamment les vins et spiritueux.
Un avertissement au gouvernement
La FNSEA et les JA veulent mettre la pression sur l’exécutif, alors que la position de la France sur le Mercosur semble moins ferme qu’auparavant. Jusqu’ici très opposé, Paris paraîtrait désormais plus nuancé face au projet de ratification porté par Bruxelles. Pour Arnaud Rousseau, l’avertissement est lancé. « Nous restons motivés. Si nécessaire, nous reviendrons cet hiver, à un moment où, dans nos champs, ce sera plus facile ». Le monde agricole, déjà fragilisé par la hausse des charges et la baisse des revenus, estime être au bord de l’asphyxie. Les prochaines semaines diront si ce cri d’alerte sera entendu.