Ce matin, la proposition de loi « visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur » a été adoptée par la commission des affaires économiques du Sénat. Elle prévoit des assouplissements sur les pesticides et le stockage de l’eau, et entend calmer les tensions entre les agriculteurs et l’Office français de la biodiversité.
Les animaux, cultivés comme des plantes ?
Par Béatrix Moreau
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Leur sourire est radieux, leurs yeux pétillent, c’est dans une ambiance légère que les enfants sortent soigneusement les poussins de leurs cages, les rangent dans une boite en carton et rabattent consciencieusement le couvercle dessus : « Poussins vivants » peut-on alors lire sur la tranche.
Ces images d’archives tournées en noir et blanc datent de 1956, « quand on les regarde, on voit des enfants qui rient » commente Eric Baratay, historien spécialiste de la relation entre l’homme et l’animal, « pourtant, la situation de ces poussins n’est quand même pas merveilleuse ». Signe d’une autre époque, « les abattoirs ne posaient alors pas de questions » explique-t-il, et leur violence « ne choquait personne ».
« De toute façon il faut en manger »
Pour comprendre comment s’est imposé l’élevage industriel, il faut remonter à la fin du XIXe siècle. A cette époque se développe « tout un discours sur l’animal machine, dénué de sensibilité » note Eric Baratay, « il est là pour ça ». Un autre émerge également à la même période, celui sur « la nécessité biologique de manger de la viande ». En réaction, sa consommation explose au XXe siècle, « les questions sur les manières d’abattre deviennent accessoires : on doit passer par là » résume l’historien « de toute façon il faut en manger ». L’animal est « vraiment considéré comme un bien de consommation », cultivé au même titre qu’une plante.
La loi s’adapte aux mentalités
Aujourd’hui, les sensibilités semblent avoir évolué. Suite aux vidéos diffusées par l’association L214, un procès s’est ouvert jeudi 23 mars 2017. Trois ouvriers de l’abattoir et la communauté de communes du Pays Viganais sont poursuivis pour des actes de cruauté et des mauvais traitements sur des animaux. Une première en France. Pour Eric Baratay, ce procès est dû à « une évolution des mentalités et des représentations », des lois existaient déjà auparavant « mais on n’en tirait guère de conséquences ».
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