Les ruptures conventionnelles collectives : comment ça marche ?
Plusieurs entreprises, comme Pimkie ou encore le groupe PSA, veulent tirer parti de ce nouvel outil créé par les ordonnances de septembre réformant le Code du travail. En quoi consiste-t-il ?

Les ruptures conventionnelles collectives : comment ça marche ?

Plusieurs entreprises, comme Pimkie ou encore le groupe PSA, veulent tirer parti de ce nouvel outil créé par les ordonnances de septembre réformant le Code du travail. En quoi consiste-t-il ?
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Moins médiatisé que d’autres dispositions des ordonnances réformant le Code du travail du 23 septembre, un nouveau dispositif – la rupture conventionnelle collective – introduit de nouvelles possibilités pour les employeurs souhaitant réorganiser une entreprise.

L’ordonnance du 23 septembre 2017 « relative à la prévisibilité et la sécurisation des relations de travail » est entrée en vigueur le 22 décembre. Au moins deux entreprises ont annoncé leur intention de supprimer des emplois via ce mécanisme : l’entreprise de prêt-à-porter Pimkie espère le départ de 208 salariés, quand le groupe automobile PSA devrait le proposer à 1.300 de ses collaborateurs (selon Reuters). D’autres pourraient aussi franchir le pas comme des médias, Le Figaro, Les Inrocks, ou encore la Société Générale (selon Les Échos)

Un départ de l’entreprise sur la base du consentement

Les ruptures conventionnelles collectives (RCC) s’inspirent de procédures déjà existantes, les plans de départs volontaires, qui, eux, n’étaient définis que dans la jurisprudence. Comme pour la rupture conventionnelle individuelle (utilisée depuis 2008), la nouvelle procédure encadrée par les ordonnances d’Emmanuel Macron permet de mettre un terme à un contrat de travail sur la base du volontariat, et uniquement du volontariat.

Moins d’obligations en termes de reclassement

Les employeurs peuvent trouver plusieurs avantages à utiliser ce mécanisme. Principale nouveauté : contrairement à un plan de départs volontaires ou un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), plus connu sous son ancienne appellation de « plan social », l’entreprise n’a pas à justifier de difficultés économiques dans le cas d’une rupture conventionnelle collective.

La procédure devrait également être plus rapide à mettre en œuvre qu’un PSE, et impose moins de contreparties. Si les RCC prévoient le versement d’indemnités de licenciement fixées au moins au minimum légal (elles peuvent être supérieures dans le but d’être incitatives), l’employeur n’est pas tenu aux mêmes contraintes que dans le cas d’un PSE : pas d’obligation de reclassement, de contrat de sécurisation professionnelle ou encore de congé de reclassement, par exemple.

Une RCC lève également l’interdiction pour l’employeur de réembaucher pendant six mois des personnes en CDD de plus de trois mois (pour raison d’accroissement d’activité) sur les postes supprimés.

Comme dans le cas de licenciements économiques ou de ruptures conventionnelles individuelles, la RCC ouvre droit au salarié au versement d’allocations de l’assurance chômage, mais dans des conditions parfois moins avantageuses (montant, délai de carence).

Cette rupture collective doit recueillir l’accord de la majorité des représentants du personnel

Contrairement à d’autres formes de plans qui peuvent venir unilatéralement de l’employeur, la rupture conventionnelle collective doit obligatoirement faire l’objet d’un accord collectif majoritaire. Les négociations avec les délégués du personnel doivent notamment fixer les nombres de postes concernés, les critères d’éligibilité ou encore le montant de l’indemnisation.

Autrement dit, l’accord, pour entrer en application, doit recueillir la signature des syndicats les plus importants. Ensemble, ils doivent représenter au moins 50% des suffrages obtenus lors des élections professionnelles. En cas de refus, la RCC ne peut être mise en œuvre. C’est ce qui s’est passé chez Pimkie ces dernières heures, car la CGT (premier syndicat élu avec 29 % des suffrages) ni Force ouvrière (24,6 %) n’ont pas donné leur accord.

L’homologation de l’administration

Autre garde-fou : avant son déclenchement, cette rupture collective doit recueillir le feu vert de l’administration. Homologuant déjà les ruptures individuelles ou les PSE, la Direccte (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi) veille notamment aux modalités techniques ou encore à l’absence de discriminations.

Partager cet article

Dans la même thématique

académie médecine
4min

Société

Fin de vie : l’Académie de médecine défend une « aide à mourir » comme démarche d’exception devant le Sénat

Auditionnées mercredi 2 juillet par la commission des affaires sociales du Sénat, Claudine Esper et Élisabeth Elefant, représentantes du comité d’éthique de l’Académie nationale de médecine, ont livré une analyse nuancée des propositions de loi sur l’aide à mourir et l’accès aux soins palliatifs. Si elles reconnaissent l’évolution nécessaire du cadre législatif, elles plaident pour un encadrement strict et soulignent les limites éthiques à ne pas franchir.

Le

controle ok
6min

Société

La France condamnée pour contrôle au faciès par la CEDH : « Que faut-il pour que la France prenne en main le sujet ? » s’indigne Corinne Narassiguin

La Cour européenne des droits de l’homme a condamné la France pour un contrôle d’identité discriminatoire, une première. « Tout ça ne peut pas continuer », dénonce la sénatrice PS Corinne Narassiguin, auteure d’une proposition de loi sur le sujet. Elle pointe le « ciblage » sur les sans-papiers, qui a été demandé à la police par le ministre Bruno Retailleau. « Ça, c’est du contrôle au faciès », dénonce la sénatrice de Seine-Saint-Denis.

Le

Les ruptures conventionnelles collectives : comment ça marche ?
4min

Société

Egalité femmes-hommes : « Si nous avons une réduction de moyens, je ne serai pas en mesure de réaliser le travail qui m’est demandé », alerte Bérangère Couillard

Auditionnée par la délégation aux droits des femmes du Sénat, la présidente du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, Bérangère Bouillard s’inquiète de l’avenir de l’institution à la veille des débats budgétaires au Parlement, et des échéances électorales.

Le

Les ruptures conventionnelles collectives : comment ça marche ?
3min

Société

Intelligences artificielles : « On ne peut pas leur faire confiance », prévient le concepteur de l’assistant vocal Siri

Auditionné par la commission des affaires économiques du Sénat, l’informaticien Luc Julia, concepteur de l’assistant vocal Siri a démystifié les idées reçues sur l’intelligence artificielle. S’il conçoit cette nouvelle technologie comme un « outil » permettant de dégager du temps, il alerte sur le manque de fiabilité des informations.

Le