Paris: Salon europeen de l Education
Salon europeen de l Education le 15 novembre 2024, au Parc Expo Porte de Versailles a Paris. Paris, FRANCE - 16/11/2024 Inauguration of the European Education Fair on 16 November 2024, at the Parc Expo Porte de Versailles in Paris. Paris, FRANCE - 16/11/2024//04HARSIN_SALON2024EUROPEENEDUCATION019/Credit:ISA HARSIN/SIPA/2411161251

« L’Etat n’est pas au rendez-vous vis-à-vis de sa jeunesse » : le service civique suspendu, dans l’attente d’un budget 2025

Depuis le 1er février, aucun jeune ne peut débuter une mission de service civique, dans l’attente du vote du projet de loi de finances. Une nouvelle qui laisse les sénateurs dans l’incompréhension, alors que la loi spéciale a reconduit les crédits alloués au dispositif en 2024 et que le budget 2025 pourrait être adopté en milieu de semaine.
Rose-Amélie Bécel

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

La nouvelle est tombée 48 heures seulement avant son entrée en vigueur. Ce jeudi 30 janvier, dans la soirée, l’Agence du service civique a informé par mail ses partenaires de « la suspension de toute nouvelle mission de service civique, à compter du 1er février et jusqu’à l’adoption du budget de l’Etat pour 2025 ». « Une incertitude demeure sur les contrats saisis après le 1er janvier », ajoute l’agence dans sa note, laissant planer le risque d’une remise en cause des contrats pour les jeunes embauchés le mois dernier.

« Cela laisse sur le carreau 5 000 jeunes à qui on a demandé brutalement de rentrer chez eux et qui ne sont pas sûrs de percevoir d’indemnités pour leur mission en janvier », a réagi Claire Thoury, la présidente du Mouvement associatif, demandant au Premier ministre de revenir sur cette « décision brutale ». Contacté, le Mouvement associatif indique avoir été reçu par le cabinet de François Bayrou ce 3 février, le chef de l’exécutif se serait « engagé à chercher une solution, mais sans préciser les leviers possibles ».

Un budget de 600 millions d’euros dans le projet de loi de finances 2025

Le dispositif, créé en 2010 sous la présidence de Nicolas Sarkozy, permet à des jeunes de 16 à 25 ans de s’engager dans des structures agréées – le plus souvent des associations, services publics ou collectivités locales – pour une mission de 6 mois à un an. Le tout est rémunéré à hauteur de 620 euros par mois, dont 505 euros pris en charge par l’Etat.

Lors de l’examen du volet « jeunesse et vie associative » du budget le 16 janvier dernier, les sénateurs ont ainsi adopté la copie du gouvernement qui prévoit de doter l’Agence du service civique de 600 millions d’euros. Un montant qui permet la conclusion de 150 000 contrats de jeunes en service civique, comme en 2024.

Deux semaines après l’examen de la mission par la chambre haute, le rapporteur spécial des crédits pour la commission des finances, Éric Jeansannetas, ne comprend pas l’annonce de la suspension des contrats. « L’Etat n’est pas au rendez-vous vis-à-vis de sa jeunesse ! », dénonce le sénateur socialiste. Une décision d’autant plus difficile à entendre que l’adoption d’une loi spéciale fin décembre dernier permet déjà de préserver les moyens alloués à l’agence en 2024, soit plus de 518 millions d’euros.

« C’est une annonce politique, on cherche à affoler les gens »

Maintenu à son niveau de 2024, le budget de l’Agence du service civique pourrait même connaître une hausse de 15 % dès cette semaine, avec le vote du budget 2025. En effet, le dénouement sur le texte semble proche : ce 3 février, le Premier ministre a déclenché l’article 49.3 à l’Assemblée nationale, permettant l’adoption du projet de loi de finances sans vote. Si la motion de censure déposée par La France insoumise, examinée en milieu de semaine, ne recueille pas la majorité des suffrages des députés, le texte sera alors considéré comme adopté à l’Assemblée. Au Sénat, son vote le 6 février devrait être une formalité.

Pour Éric Jeansannetas, cette nouvelle brutale a donc tout de l’ « instrumentalisation » : « J’ai le sentiment que cette annonce, qui choque l’opinion publique, est faite pour prouver que la censure du gouvernement n’est pas opportune. C’est de la manipulation, on prend en otage le dispositif, nos jeunes et nos associations, pour un argument qui n’est pas recevable ! »

La suspension du dispositif ne serait-elle qu’un moyen de pression, pour prouver les conséquences concrètes d’une absence de budget pour 2025 et éviter le vote d’une nouvelle motion de censure ? Comme son collègue socialiste, le sénateur Les Républicains Cédric Vial fait cette analyse : « C’est une annonce politique, on cherche à affoler les gens pour rien. Le vote de la loi spéciale permet à l’Agence du service civique de fonctionner pendant plus de deux mois. D’ailleurs, la grande majorité des jeunes en service civique débutent leur mission en début d’année scolaire, pas au mois de février. »

Ce 3 février, au micro de RTL, la ministre des Comptes publics a confirmé que tous les jeunes engagés pourront honorer leur contrat, une fois le projet de loi de finances adopté. « Je peux garantir que si ce budget passe, si la France peut repartir, elle repartira aussi pour le service civique », a assuré Amélie de Montchalin.

Partager cet article

Dans la même thématique

académie médecine
4min

Société

Fin de vie : l’Académie de médecine défend une « aide à mourir » comme démarche d’exception devant le Sénat

Auditionnées mercredi 2 juillet par la commission des affaires sociales du Sénat, Claudine Esper et Élisabeth Elefant, représentantes du comité d’éthique de l’Académie nationale de médecine, ont livré une analyse nuancée des propositions de loi sur l’aide à mourir et l’accès aux soins palliatifs. Si elles reconnaissent l’évolution nécessaire du cadre législatif, elles plaident pour un encadrement strict et soulignent les limites éthiques à ne pas franchir.

Le

controle ok
6min

Société

La France condamnée pour contrôle au faciès par la CEDH : « Que faut-il pour que la France prenne en main le sujet ? » s’indigne Corinne Narassiguin

La Cour européenne des droits de l’homme a condamné la France pour un contrôle d’identité discriminatoire, une première. « Tout ça ne peut pas continuer », dénonce la sénatrice PS Corinne Narassiguin, auteure d’une proposition de loi sur le sujet. Elle pointe le « ciblage » sur les sans-papiers, qui a été demandé à la police par le ministre Bruno Retailleau. « Ça, c’est du contrôle au faciès », dénonce la sénatrice de Seine-Saint-Denis.

Le

« L’Etat n’est pas au rendez-vous vis-à-vis de sa jeunesse » : le service civique suspendu, dans l’attente d’un budget 2025
4min

Société

Egalité femmes-hommes : « Si nous avons une réduction de moyens, je ne serai pas en mesure de réaliser le travail qui m’est demandé », alerte Bérangère Couillard

Auditionnée par la délégation aux droits des femmes du Sénat, la présidente du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, Bérangère Bouillard s’inquiète de l’avenir de l’institution à la veille des débats budgétaires au Parlement, et des échéances électorales.

Le

« L’Etat n’est pas au rendez-vous vis-à-vis de sa jeunesse » : le service civique suspendu, dans l’attente d’un budget 2025
3min

Société

Intelligences artificielles : « On ne peut pas leur faire confiance », prévient le concepteur de l’assistant vocal Siri

Auditionné par la commission des affaires économiques du Sénat, l’informaticien Luc Julia, concepteur de l’assistant vocal Siri a démystifié les idées reçues sur l’intelligence artificielle. S’il conçoit cette nouvelle technologie comme un « outil » permettant de dégager du temps, il alerte sur le manque de fiabilité des informations.

Le