Ligne Lyon – Turin : des parlementaires de tous bords appellent le Président à « respecter ses engagements »

Ligne Lyon – Turin : des parlementaires de tous bords appellent le Président à « respecter ses engagements »

Alors que l’avenir du tronçon français de la liaison ferroviaire Lyon – Turin est en suspens, des parlementaires de la gauche, de la droite et de la majorité présidentielle appellent à ne pas reporter le chantier. Un report serait « dramatique », économiquement, écologiquement et vis-à-vis de nos engagements européens, explique le sénateur LR du Rhône, Etienne Blanc.
Louis Mollier-Sabet

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Suite à la présentation du dernier rapport du Conseil d’Orientation des Infrastructures (COI) en mars dernier, des parlementaires de tous bords alertent le Président de la République. En recommandant de repousser « au plus tôt à 2045 » l’ouverture de la section française de la liaison ferroviaire Lyon-Turin, le COI remet au gouvernement un arbitrage « à hauts risques » estime l’Union des parlementaires pour le Lyon-Turin, qui réunit députés et sénateurs des territoires concernés. En tenant une conférence de presse ce mercredi après-midi au Sénat, ces parlementaires veulent alerter le Président de la République sur un risque de « non-respect des engagements européens » de la France.

« Les Italiens vont faire 25 millions de tonnes de fret avec leur voie d’accès, alors qu’on ne pourra faire que 10 ou 15 millions »

On sait à l’heure actuelle que le gouvernement compte s’appuyer sur le rapport du COI pour construire et présenter sa politique d’infrastructures de transports, « d’ici l’été. » « C’est grâce à vos orientations que nous construirons, d’ici l’été, la déclinaison opérationnelle de notre plan d’avenir pour les transports », déclarait Élisabeth Borne le 24 février dernier, lors de la remise du rapport à la Première ministre par David Valence, président du COI. Concernant le Lyon – Turin, cela voudrait dire que les chantiers en cours entre Saint-Jean-de-Maurienne (Savoie) et Suse (Italie) devraient être ajournés, comme le recommande le Conseil d’Orientation des Infrastructures.

Cet arbitrage n’a pour autant pas été définitivement entériné en tant que tel par la Première ministre. Les parlementaires entendent donc bien peser sur la décision finale, puisqu’un report définitif du projet côté français serait « dramatique », explique Etienne Blanc, sénateur LR du Rhône. « Le tunnel de base est en cours de construction et sera bien livré à l’été 2032 », explique-t-il. « Le problème c’est d’y amener les marchandises et des trains, d’où la question des voies d’accès. Le COI dit que finalement, ça, on peut le réaliser aux alentours de 2045 parce que c’est moins urgent et qu’entre-temps on fera cheminer les marchandises par Dijon, Ambérieux, Culoz, Aix-les-Bains, puis traverser Chambéry et rejoindre le tunnel. Mais les Italiens vont faire 25 millions de tonnes de fret avec leur voie d’accès, alors que nous, on ne pourra faire que 10 ou 15 millions. »

« Nous disons simplement : nous avons pris des engagements vis-à-vis de l’Italie et de l’Europe, tenons-les »

Pour la cinquantaine de parlementaires LR, centristes, mais aussi communistes ou MoDem, qui ont signé cet appel, ajourner les travaux permettant de construire une liaison ferroviaire de Lyon à l’entrée du tunnel à Saint-Martin-la-Porte (Savoie) reviendrait à sous-exploiter l’investissement consenti dans le tunnel. D’autant plus que de leur côté, les Italiens ont respecté leurs engagements. « Nous disons simplement : nous avons pris des engagements vis-à-vis de l’Italie et de l’Europe, tenons-les », martèle Etienne Blanc.

Le sénateur LR y voit un enjeu non seulement économique, mais aussi écologique : « Ces voies d’accès permettront de répondre non seulement de répondre aux besoins de l’économie française et italienne, mais aussi de toute l’Europe. C’est le dernier maillon manquant du grand réseau express européen. Malheureusement, sans ça, la traversée des Alpes deviendra un problème. La pollution de la vallée de l’Arve [Haute-Savoie], par les camions, pose de grands problèmes en termes de biodiversité. »

Une opposition de « hauts fonctionnaires » pour « des raisons financières »

Mais alors, comment expliquer les recommandations du COI et l’ajournement potentiel des travaux ? « Il y a toujours eu une opposition d’une certaine haute administration qui n’obéit plus au Président de la République, qui a signé des engagements européens. Il y a des traités avec l’Italie et des hauts fonctionnaires freinent des quatre pattes à cause de raisons financières », détaille Etienne Blanc.

On comprend ainsi que les engagements financiers nécessaires n’entrent probablement pas dans les projections de Bercy. La Première ministre devrait trancher d’ici la présentation du « plan d’avenir pour les transports » du gouvernement, à l’été prochain.

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