Lubrizol : un « risque » que l’assureur du site « acceptait de porter »

Lubrizol : un « risque » que l’assureur du site « acceptait de porter »

Auditionné par la commission d’enquête chargée de faire la lumière sur l’accident industriel de Rouen du Sénat, l’assureur de Lubrizol a confirmé avoir eu connaissance du risque quelques jours avant l’incendie, mais précise avoir « accepté le risque ».
Public Sénat

Par Alice Bardo

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Et si l’incendie de Lubrizol aurait pu être évité ? Début février, Le Monde et Médiapart ont révélé qu’un rapport, transmis treize jours avant l’accident industriel par la compagnie d’assurance de Lubrizol à la direction de l’usine, indiquait que le site présentait un risque d'incendie en raison de plusieurs problèmes. 

Auditionné hier au Sénat, Loïc Le Dréau, le représentant légal de la succursale française de FM Insurance Europe SA, autrement dit l’assureur de Lubrizol, a confirmé avoir eu connaissance de ce risque, et ce dès 2008, lors de la souscription du contrat d’assurance. 

Des « visites de risques » annuelles

Lubrizol : des « visites de risques » annuelles
00:57

Ce risque, l’assureur a également admis du bout des lèvres l’avoir constaté treize jours avant l’incendie, à l’occasion de l’une de ses « visites de risques » annuelle, dont l’objectif est de « comprendre l’évolution du risque, pour voir si les primes d’assurance négociées lors de la souscription du contrat sont en adéquation avec le niveau de risque ». « Il s’agit d’un risque que nous acceptions de porter en tant qu’assureur », explique Loïc Le Dréau.

« Vous acceptez de porter le risque mais peut-être que les populations riveraines n’étaient pas prêtes à l’accepter » lui a rétorqué le président de la commission d’enquête Hervé Maurey, visiblement agacé. 

Lubrizol : « Il y a eu beaucoup d'améliorations des risques sur le site »

Pour sa défense, l’assureur a vanté les mérites de son métier, qui encouragerait financièrement ses clients à améliorer la sécurité de leurs sites : « Plus le risque est bon, plus les primes d'assurance vont être favorables » explique Loïc Le Dréau. Et d’ajouter, pour appuyer ses dires mais sans plus de détails, qu’« il y a eu beaucoup d'améliorations des risques faites sur le site de Lubrizol au cours des années. »

Des améliorations qui n’ont à l’évidence pas suffi à éviter à FM Global de mettre la main à la poche : « L’incendie de Lubrizol est couvert par notre police d’assurance. On a commencé le processus d’indemnisation, de reconstruction et de remise en place de son outil de production. »

« La majorité des sinistres peuvent être évités »

Pas de quoi refroidir l’assureur, qui reste tout de même « convaincu que la majorité des sinistres peuvent être évités ». Outre l’incitation financière, peut-être que l’augmentation de 50% des contrôles des sites Seveso, proposée par Elisabeth Borne dans le cadre de son plan d’actions dévoilé le 11 février dernier, permettra aussi de servir sa conviction. “C’est ambitieux mais est-ce tenable ? Les effectifs [inspecteurs] ne devraient a priori pas augmenter en proportion”, a déploré le président de la commission d’enquête Hervé Maurey lors de l'audition de la ministre de la Transition écologique, qui a suivi celle de l'assureur. Le sénateur a également souligné “l’importance de vérifier que les contrôles soient suivis d’effets.” La commission d’enquête, dont ces auditions étaient les dernières, conclut donc ses travaux dans le doute.

Dans la même thématique

Lubrizol : un « risque » que l’assureur du site « acceptait de porter »
4min

Société

Fracture sociale : «On se demande aujourd’hui ce qui fait encore nation» 

Le 19 novembre a eu lieu la troisième édition des Rencontres du Grand Continent, cycle de conversations trimestrielles au Sénat, autour du thème « Dans un monde fracturé, les clefs pour comprendre l’embrasement français ». Après un discours d’introduction de Gérard Larcher, intellectuels et sénateurs se sont succédé pour tenter de poser un diagnostic sur la situation du pays

Le

Lubrizol : un « risque » que l’assureur du site « acceptait de porter »
3min

Société

Crépol : « Ce n’était pas une rixe, c’était une attaque », affirme Olivier Véran

Les questions d’actualité au gouvernement au Sénat ont été marquées ce mercredi par les suites du drame qui a eu lieu à Crépol dans la nuit du 18 au 19 novembre. En particulier, un échange entre Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, et Jacqueline Eustache-Brinio, sénatrice LR de l’Oise, a marqué la séance. Le porte-parole s’est exprimé sur la nature de l’événement du 18 novembre et sur ce qu’encourent ses auteurs présumés.

Le