Lutte contre la désinformation en ligne : devant les sénateurs, Youtube affiche sa bonne volonté

Pointée du doigt, comme les autres réseaux sociaux, pour favoriser la diffusion de fausses informations, l’entreprise américaine affirme devant la commission d’enquête sur les influences étrangères, avoir pris la mesure du phénomène et fait les choix nécessaires pour limiter le phénomène
Rédaction Public Sénat

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Terreau longtemps fertile pour les fake news, Youtube a-t-il mis en place les mesures nécessaires pour préserver ses utilisateurs des contenus qui visent à manipuler l’information ? C’est ce que soutient Thibaut Guiroy, directeur des relations institutionnelles de l’entreprise appartenant au géant Google, auditionné devant les sénateurs de la commission d’enquête sur les ingérences étrangères.

Avec 500 heures de contenus mise en ligne chaque minute dans le monde et 40 millions d’utilisateurs en France, Youtube s’est imposé comme la principale plateforme gratuite de vidéo en ligne, faisant du site l’un des principaux vecteurs d’information. Mais le manque de régulation de la plateforme a aussi permis à des agents d’influence de s’en servir pour véhiculer de fausses informations à l’aide de vidéos souvent dopées par les algorithmes favorisant les contenus clivants. « Le modèle économique des plateformes et le biais algorithmique peuvent être des accélérateurs de campagnes de désinformation », résume le sénateur socialiste Rachid Temal. Thibaut Guiroy l’assure, Youtube a pris en compte ces critiques et s’est adapté, il y a déjà cinq ans, en modifiant ses algorithmes pour « éviter l’effet de bulle de filtre, privilégier des critères de qualité et écarter des contenus qui n’avaient pour vocation que de générer des cliques d’internautes ».

Mettre en avant les sources de qualité

Au-delà du fonctionnement de l’algorithme en lui-même, Youtube a plusieurs leviers d’action pour agir sur les vidéos qui circulent sur sa plateforme. La première est le retrait pur et simple d’une vidéo qui ne respecterait pas les conditions d’utilisation du site ou la loi française. Chaque trimestre, dans le monde « 7 à 8 millions de vidéos » sont retirées de la plateforme, assure Thibaut Guiroy, avançant une statistique pour prouver l’efficacité de la détection des vidéos problématiques : « 83 % de ces vidéos sont retirées en ayant généré moins de vues », c’est-à-dire avant d’avoir pu être diffusée et donc engendrer des effets néfastes. Reste que certaines vidéos se trouvent dans une zone grise. « Il est tout à fait licite de dire que la terre est plate ». « C’est une tâche particulièrement complexe de tracer des lignes claires entre ce qui est autorisé et ce qui doit être supprimé de la plateforme. D’autant plus concernant la lutte contre la désinformation puisque les contenus de désinformation peuvent avoir un effet particulièrement préjudiciable dans le monde réel » explique Thibaut Guiroy. Des vidéos peuvent en effet respecter les conditions d’utilisation Youtube, ne pas enfreindre la loi française et pour autant s’avérer néfaste. C’est pour ce genre de contenu que Youtube peut actionner un second levier : celui de « ne plus recommander » la vidéo pour en « réduire la visibilité ». « Cela fonctionne », assure Thibaut Guiroy, citant le chiffre de « 70 % de baisse » du nombre de vues après ce genre de mesure. Le dernier levier de Youtube se résume non pas à s’attaquer aux contenus problématiques mais à mettre en avant « les sources qui font autorités, les sources fiables », explique Thibaut Guiroy, qui cite à titre d’exemple France 24 ou encore Arte.

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