Macron s’adressant aux Bleus : « Un vocabulaire de chef de rayon dans un supermarché » pour Robert Redeker
Le philosophe, Robert Redeker, auteur de « Peut-on encore aimer le football ? » (éditions du Rocher), dénonce les dangers de la compétitivité, prônée comme « valeur absolue » dans le football.

Macron s’adressant aux Bleus : « Un vocabulaire de chef de rayon dans un supermarché » pour Robert Redeker

Le philosophe, Robert Redeker, auteur de « Peut-on encore aimer le football ? » (éditions du Rocher), dénonce les dangers de la compétitivité, prônée comme « valeur absolue » dans le football.
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

À huit jours du match d’ouverture de la coupe du monde de Russie, la pression monte. L’occasion pour le Président de la République de visiter, l’équipe de France avant la bataille. Mardi dernier Emmanuel Macron s’est donc adressé aux Bleus, à Clairefontaine, en leur disant « Une compétition est réussie quand elle est gagnée. Faites-nous rêver, emmenez-nous loin. »

Des propos, pas du tout du goût du philosophe Robert Redeker, qui vient de publier « Peut-on encore aimer le football ? » (éditions du Rocher) : « Au fond, c’est un vocabulaire de DRH, de chef de rayon dans un supermarché (…) Ce n’est pas un vocabulaire de supporter. C’est un vocabulaire (…) d’une personne qui transforme  l’État en une start-up. Donc il dépolitise l’État. Il se sert du football pour ce travail de dépolitisation. »

Dans son livre, le philosophe ne remet pas en question la compétition qu’il y a dans le foot, « en soi ce n’est pas une mauvaise chose », mais refuse que l’on fasse de cette compétition « une valeur absolue », « l’alpha et l’oméga de l’existence » et de « prôner la compétitivité comme étant le sens de la vie » : « C’est, au fond, une sorte d’annexion du football et de la politique, à une vision économique de l’univers. Donc, c’est finalement la réduction de tout à l’économie » explique-t-il.

Robert Redeker insiste sur le fait que son livre n’est pas une critique du football, qu’il dit aimer par ailleurs : « Ce qui est peu aimable, c’est ce que le foot est devenu. C’est tout l’entourage mercantile du foot. Et c’est aussi ce que le spectacle est devenu. Il me semble que la mise en scène spectaculaire du football tue l’essence du football, qui est le jeu. »

 

 Et d’ajouter : «  Le résultat de la transformation des joueurs en valeur boursière fait qu’ils ont de moins en moins l’attachement à ce à quoi tout supporter est attaché : le maillot ».

 

Mais pour Robert Redeker, il ne faut surtout pas blâmer les joueurs : « Les joueurs sont des hommes comme vous et moi (…) souvent de milieux sociaux très défavorisés où l’éducation n’a pas toujours été ce qu’elle aurait dû être. »

Le philosophe voit les joueurs comme le « reflet de tout ce qui se passe dans la société. « Le football, finalement, est une fable » juge-t-il.

 

Vous pouvez, voir et revoir l‘entretien avec Robert Redeker, en intégralité :

OVPL : Interview de robert redeker sur le football (en intégralité)
07:37

Dans la même thématique

Macron s’adressant aux Bleus : « Un vocabulaire de chef de rayon dans un supermarché » pour Robert Redeker
4min

Société

« L’état de nos prisons est honteux, c’est immonde », alerte la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté

Dominique Simonnot a alerté sur l’état « immonde » des prisons françaises, en pointant la responsabilité de l’Etat dans une situation « honteuse. » La contrôleuse générale des lieux de privation de liberté a déploré un discours politique « pas à la hauteur » et a appelé à « vider les prisons » plutôt qu’à en construire.

Le

Macron s’adressant aux Bleus : « Un vocabulaire de chef de rayon dans un supermarché » pour Robert Redeker
5min

Société

Fast fashion : qu’y a-t-il dans la proposition de loi examinée par le Sénat ?

Adoptée en mars 2024 à l’Assemblée nationale, la proposition de loi visant à réduire « l’impact environnemental de l’industrie textile » est examinée au Sénat ce début de semaine, avant un vote solennel prévu le 10 juin. Un an après le vote des députés, le texte est recentré sur les géants chinois de l’ultra fast fashion, comme Shein et Temu, épargnant désormais certaines entreprises européennes.

Le