Le ministre de l’Éducation l’a annoncé ce mercredi : il souhaite que les élèves de CP et de CE1 maîtrisent les quatre opérations mathématiques de base : addition, soustraction, mais aussi, plus coriaces, multiplication et division.
Un projet qui interroge Stéphanie de Vanssay, conseillère nationale du syndicat SE-UNSA, invité du débat sur les réformes scolaires organisé sur Sénat 360. « Le flou est entretenu », déplore-t-elle. « Dans un cas, il annonce quelque chose qui existe déjà, dans l’autre cas il annonce quelque chose qui est complètement aberrant. »
Selon Stéphanie de Vanssay, le vœu formulé par Jean-Michel Blanquer a deux significations :
« Cela peut vouloir dire : maîtriser et comprendre leur sens, à quoi elles servent, à quels problèmes elles répondent. Si c’est ça qu’il a dit, c’est parfait, c’est déjà dans les programmes de cycle 2 [du CP au CE2, NDLR] et on demande même de l’aborder dès la maternelle et là je suis totalement d’accord que des enfants même très jeunes y soient confrontés. »
« Je ne vois pas qui peut trouver ça pertinent »
Mais Stéphanie de Vanssay y voit une autre signification, plus inquiétante :
« Si ce qu’il veut dire, c’est maîtrise la technique opératoire, de l’addition, de la soustraction, de la multiplication et de la division en CP et en CE1 […] cela veut dire qu’il pense que faire faire des divisions avec potence à des élèves de CP c’est pertinent.
Je ne vois pas qui peut trouver ça pertinent sauf si on veut fabriquer pour le coup des élèves qui vont se sentir en difficulté en maths à 6 ans parce qu’ils ne savent faire quelque chose qui commence aujourd’hui à être abordé en CM1 et consolidé en CM2 et exigible en 6e. »
« Les enseignants ne savent plus à quel saint grammatical se vouer »
Dans la maîtrise des savoirs fondamentaux chère au nouveau ministre de l’Éducation, il n’y a pas que les mathématiques, mais aussi la langue française. Invité ce matin sur notre antenne, Jean-Michel Blanquer a déclaré qu’il était « important de revenir à une grammaire intelligible par tous ». « On va revenir à des mots simples, normaux, si on peut dire », a expliqué le ministre.
En voie de disparition : le « prédicat », ce terme académique (et polémique) arrivé dans les programmes à la rentrée 2016 pour désigner les compléments d'objet direct (COD) ou un complément d'objet indirect (COI).
École : « Les enseignants ne savent plus à quel saint grammatical se vouer »
Ce revirement rue de Grenelle pourrait rassurer Jean-Rémi Girard, professeur de français et vice-président du SNALC, échaudé par l’impact des « terminologies de la grammaire universitaire » :
« On a fait beaucoup de choses assez néfastes » qui ont « déstructuré l’enseignement de la grammaire », dénonce-t-il sur notre antenne.
Mais ce nouveau changement dans les programmes pourrait perturber les professeurs d’école. « Les enseignants ne savent plus à quel saint grammatical se vouer », lâche Jean-Rémi Girard.