Malaise dans la police : comment Nicole Belloubet va simplifier la procédure pénale

Malaise dans la police : comment Nicole Belloubet va simplifier la procédure pénale

La ministre de la Justice Nicole Belloubet a été auditionnée par le Sénat, ce mardi, sur le malaise dans la police et dans la gendarmerie. Elle a défendu point par point sa réforme de simplification de la procédure pénale.
Alexandre Poussart

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« Il y a un divorce entre la police et la justice » a affirmé, ce mardi, François Grosdidier, rapporteur (Les Républicains) de la commission d’enquête sur l’état des forces de sécurité intérieure du Sénat. Cette commission, créée après la vague de suicides dans la police et la gendarmerie en 2017, a auditionné Nicole Belloubet, ministre de la Justice et Garde des Sceaux. « Je m’inscris en faux contre cette idée d’un divorce entre police et justice », a-t-elle réagi.

La ministre de la Justice, Nicole Belloubet, interrogée par le Sénat sur l'état des forces de sécurité intérieure
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La procédure, 2 tiers du temps d’un policier

Pour la Garde des Sceaux, la simplification de la procédure pénale qu’elle veut mener dans le cadre de sa grande réforme de la justice sera une réponse au malaise des forces de l’ordre. Une simplification qui rejoint un constat pointé par les sénateurs de la commission d’enquête : « en France, la police passe 2 tiers de son temps sur la procédure et 1 tiers de son temps sur de l’opérationnel. »

Police judiciaire : les pouvoirs des enquêteurs étendus

« Afin de suivre l’évolution de la criminalité, nous voulons renforcer les pouvoirs des enquêteurs », a expliqué Nicole Belloubet. La réforme de la procédure pénale prévoit d’étendre les pouvoirs des officiers de police judiciaire. Pour un délit passible de 3 ans de prison, les policiers pourront étendre la durée d’une enquête de flagrance, qui donne des pouvoirs supérieurs aux enquêtes pénales classiques. Pour ce même type de délit, des perquisitions de jour au domicile du suspect seront autorisées.

Des enquêtes sous pseudonymes étendues

« Nous allons harmoniser les techniques d’enquête pénale (captations de sons, d’images, de données), qui diffèrent selon les infractions », a expliqué Nicole Belloubet. « Les techniques d’enquêtes sur des crimes organisées seront étendues à tous les crimes. De plus, les enquêtes sous pseudonyme seront autorisées pour toutes les infractions passibles d’une peine d’emprisonnement. »

Garde à vue : un prolongement sans autorisation

« Pour prolonger une garde à vue de 24 heures une première fois, la présentation de la personne devant un magistrat ou devant le Procureur de la République sera facultative », a annoncé la ministre de la Justice.

Des alternatives au procès-verbal

Les sénateurs ont échangé avec Nicole Belloubet sur les alternatives à l’écriture de procès-verbaux, jugée chronophage par les policiers. Le projet de loi du gouvernement prévoit des amendes forfaitaires pour la consommation de stupéfiants, qui reste néanmoins un délit. Les sénateurs ont plaidé pour l’enregistrement audio de certains actes de procédures, une solution demandée par les forces de l’ordre mais décriée par les magistrats. « Cela entraînera un travail d’écoute trop fastidieux pour les magistrats », a expliqué Nicole Belloubet, plutôt favorable à un logiciel de dictée qui écrirait automatiquement des conversation orales.

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