Maltraitance dans les crèches : comment cette maman a pris conscience que son fils en était victime

Depuis la parution du livre-enquête de Victor Castanet « Les Ogres », la parole se libère. Taux d’encadrements non respectés, nourritures et couches rationnées, mauvaises conditions d’accueil voire même maltraitances...le système des crèches privées interroge. Dans une micro-crèche privée, le fils de France de la Neuville a été victime d’un geste de maltraitance. Sur le plateau de Dialogue citoyen, face aux sénateurs, cette mère de famille, a accepté de revenir sur cet incident.
Agathe Alabouvette

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Tout a commencé par une scène banale, il y a deux ans. Comme tous les soirs, France, trentenaire et cheffe d’orchestre à Paris, récupère son fils Archibald, dans la micro-crèche privée où il est inscrit. Ce jour-là, on l’informe qu’Archibald s’est montré particulièrement turbulent. France demande à son fils de s’excuser. Une fois rentrée chez elle, à l’heure du bain, elle remarque un bleu sur son épaule. « Je lui ai demandé ce qui était arrivé. Il s’est pincé en disant « non non Archibald » et a mimé une scène assez violente en m’expliquant que c’était la personne qui s’occupait de lui qui avait fait ça. J’ai repris mon fils en lui disant qu’il avait dû se tromper de personne. Dans la crèche, deux prénoms se ressemblaient beaucoup : celui d’un autre enfant de la crèche et celui de la personne qui s’occupait d’Archibald. Mais il insistait », se remémore France « Le lendemain, avec son père, nous avons décidé d’aller voir la personne qui s’occupait de lui. »

« Nous n’avons jamais été mis au courant des résultats de l’enquête »

Devant les parents, la salariée nie les faits. C’est ce qui alerte et affecte le plus France. « Sur le moment, si elle l’avait reconnu, on aurait admis que ça puisse arriver » explique-t-elle. Avec le père d’Archibald, elle contacte la direction. Deux enquêtes disciplinaires sont ouvertes, l’une par la crèche privée, l’autre par la mairie. « La direction a très bien réagi (…) mais nous n’avons jamais été mis au courant des résultats des deux enquêtes », déplore la trentenaire.

Mon pédiatre m’a dit : « un enfant battu aime ses parents. Il faut absolument retirer votre fils de la crèche, même s’il aime y aller ».  

De cet épisode, Archibald ne semble pas garder de séquelles. Pour France, l’émotion est encore vive. « On se dit que l’on a tout faux », souffle-t-elle. À la perspective de se retrouver sans mode de garde, la jeune mère s’interroge. « Mon fils avait envie de retourner dans cette crèche. Mon pédiatre m’a dit : France, un enfant battu aime ses parents, il faut absolument le retirer. Il pourrait y avoir des conséquences graves sur son développement s’il y retourne. » Archibald sera finalement transféré dans une crèche municipale. Dans cette nouvelle structure, « nous avons compris ce qu’était une bonne crèche », affirme France. « On y a rencontré des gens attentifs, passionnés, notre enfant y était très bien encadré. Naïvement, nous pensions que notre fils aurait été mieux pris en charge dans une micro-crèche privée car il y avait moins d’enfants. La publicité était très efficace ».

« Il faut créer un fichier national des auxiliaires de puériculture » répond le sénateur Xavier Iacovelli

Un problème pris très au sérieux par le sénateur des Hauts-de-Seine qui appelle à créer un fichier national des auxiliaires de puériculture : « L’enquête de Victor Castanet l’a montré : quand on a été viré d’une structure pour maltraitance, on peut aller postuler dans la structure d’à côté sans que personne ne le sache. S’il n’y a pas un fichier national consultable au moment du recrutement, nous n’arriverons pas à nous débarrasser de ces moutons noirs qui peuvent organiser cette maltraitance institutionnelle ».

Il plaide aussi pour interdire tout recrutement de personnel sans formation et rétablir les taux d’encadrements dans les micro-crèches. « La formation du personnel médico-social, dans les EHPAD ou la petite enfance, est indispensable. Quand on n’est pas formé, on peut devenir maltraitant », argue-t-il.

Retrouvez l’intégralité de l’émission en replay ici. 

 

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