Marie-Thérèse d’Autriche, mère et impératrice sous la plume d’Élisabeth Badinter

Marie-Thérèse d’Autriche, mère et impératrice sous la plume d’Élisabeth Badinter

Cette semaine, dans Livres & vous, la seconde, Élisabeth Badinter, nous parle des conflits intimes de Marie-Thérèse d’Autriche. Comment concilier les intérêts d’un empire avec ceux de ses enfants, destinés eux aussi à régner ? Comment être une bonne mère quand on exerce le pouvoir au XVIIIe siècle ?
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Pourquoi parler de l’impératrice d’Autriche quand on est une femme de combat et agrégée de philosophie ? Pour Élisabeth Badinter, c’est Simone de Beauvoir qui a éclairé son point de vue sur les femmes et qui lui a donné envie d’aller voir, « en fonction de ses idées à elle », des domaines comme la maternité. Car c’est de maternité dont il est question cette semaine dans Livres&vous avec Marie-Thérèse d’Autriche, une impératrice mais aussi une mère très impliquée auprès de ses 16 enfants.

40 ans au pouvoir
 

Au début, raconte Élisabeth Badinter, « le père de Marie-Thérèse n’était pas chaud pour qu’elle devienne impératrice et jusqu’au bout il souhaitait avoir un fils pour lui succéder » mais à sa mort c’est elle qui monte sur le trône et elle y restera près de 40 ans.

De l’avis général, « l’impératrice » Marie-Thérèse est une femme pleine de charme, exquise « saluée pour être la reine de la diplomatie, réussissant ainsi à grand renfort de travail, à moderniser l’armée, la justice, l’administration et à mener deux grandes guerres ».

Dans le même temps, « la mère » Marie-Thérèse est une femme toute aussi moderne. En plus de son travail et de ses responsabilités, elle s’occupe de ses enfants, s’intéresse à eux. La question se pose : n'y-a-t-il pas de personne avec qui partager ces tâches ? Où est passé le père?

Culpabilité et royaume

« C’est elle qui les soigne quand ils sont malades ». Pour Élisabeth Badinter, « elle a des entrailles maternelles ». Elle porte le deuil, rend hommage à ceux qui l’ont quitté trop tôt en les représentant en angelots sur les murs du château impérial d’Innsbrück. « Elle montre son chagrin : Une attitude de mère impensable au XVIIIe siècle » pour la philosophe. Marie-Thérèse s’implique également beaucoup dans l’éducation de ses enfants car « l’impératrice d’Autriche a un but : la paix de son empire, et cela passe par l’éducation de ses descendants et notamment de ses filles qu’elle marie aux Bourbon pour resserrer les liens entre son pays et la France ».

Pour Élisabeth Badinter, concilier intérêt politique et amour maternel place l’impératrice dans une situation conflictuelle. En effet selon elle, « elle marie certaines de ses filles à des princes qui n’étaient pas formidables. L’impératrice l’a donc emporté sur la mère, mais la mère en a eu beaucoup de chagrin et même de culpabilité ».
La culpabilité, préoccupation tellement contemporaine, tellement nouvelle à cette époque qui fait dire à Élisabeth Badinter que Marie-Thérèse d’Autriche avait déjà compris, au XVIIIe la « difficulté d’être mère ».

Élisabeth Badinter est l’auteure de « Les Conflits d’une mère, Marie-Thérèse d’Autriche et ses enfants » Ed. Flammarion

Retrouvez l’émission Livres & vous en replay

Dans la même thématique

Illustration: justice tibunal,administration penitenciaire.
6min

Société

Qu’est-ce que le « contrôle coercitif », cette notion au cœur des débats sur la proposition de loi contre les violences sexuelles ?

L’intégration dans le Code pénal de cette notion, développée dans les années 1970 pour décrire certains aspects des violences conjugales, a nourri de vifs débats au Sénat jeudi 3 avril. Les élus ont renoncé à la faire entrer strico-sensu dans la loi, mais ils s’en sont inspirés pour revoir la définition pénale du harcèlement sur conjoint.

Le

European Union defence : ‘rearming Europe’ project
6min

Société

Kit de survie : « Quand une population est préparée, elle n’est pas en mode panique », salue le sénateur Olivier Cadic

Pour que les populations soient préparées en cas de crise, la Commission européenne conseille aux citoyens d’avoir un « sac de résilience » avec tout ce qu’il faut pour tenir, en cas de catastrophe naturelle… ou de guerre. « Le but n’est pas de faire peur aux gens », soutient le sénateur LR Cédric Perrin, mais « d’anticiper les situations ». La France prépare un livret de survie, sur le modèle suédois.

Le

Marie-Thérèse d’Autriche, mère et impératrice sous la plume d’Élisabeth Badinter
4min

Société

« Sur le handicap, le regard de la société a progressé plus vite que celui des institutions » se réjouit Eglantine Eméyé

Mannequin, animatrice de télévision et comédienne. Elle a médiatisé le combat de son second fils Samy, atteint d’autisme sévère, pour alerter sur le manque de prise en charge des enfants handicapés, mais aussi la solitude des mères et des parents. Malgré la disparition de son fils en 2023, elle a décidé de poursuivre le combat. Cette semaine, Rebecca Fitoussi reçoit Eglantine Eméyé dans « Un monde, un regard » sur Public Sénat.

Le