Maxime Le Forestier : en politique « les artistes sont considérés comme des cons utiles »

Maxime Le Forestier : en politique « les artistes sont considérés comme des cons utiles »

Si la politique et l’art semblent deux mondes étroitement liés depuis la campagne de Valéry Giscard d’Estaing en 1974, les soutiens des célébrités s’étiolent lentement avec le quinquennat de François Hollande. Public Sénat a rencontré Maxime Le Forestier lors de l’avant-première du film « Présidentielles, une épreuve d’artistes » d’Yves Azéroual et d’Yves Derai. Le chanteur nous évoque la fin de ce duo dramatique.
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Qu’avez-vous pensé de ce documentaire ?

Ce qui est assez frappant c’est la façon assez négative et méprisante avec laquelle sont dépeints les artistes dans ce documentaire. Ca ne serait pas la première fois que les artistes sont considérés comme des « cons utiles » qui n’ont pas grand-chose à dire mais dont on se sert pour l’affichage. Pour beaucoup d’hommes politiques, nous sommes encore des saltimbanques.

Vous considérez-vous comme un artiste engagé ?

Je ne suis pas engagé politiquement mais je soutiens des idées comme le combat contre la peine de mort par exemple. Je suis un citoyen engagé. Il faut distinguer le public et le peuple. Il y a une différence entre vouloir plaire qui est l’enjeu de l’artiste et gouverner.

Pensez-vous que le soulèvement des artistes était plus convaincu et convainquant autrefois ?

A l’époque c’était autre chose. Quand je chantais à la fête de l’Huma, nous étions certes dans l’opposition mais il y avait une véritable intensité. Aujourd’hui, il y a un vrai tournant dans le monde politique français. Mais étrangement, je trouve ça plus honnête. A l’époque, l’affaire Fillon aurait été normale, l’affaire serait passée sous silence. Aujourd’hui, on pointe du doigt et on dénonce.

Dans le cas où Marine Le Pen serait présente au second tour de la présidentielle de 2017, seriez-vous prêt à vous engager aux côtés du candidat adverse ?

Non, je ne le ferai pas. Ca ne servirait strictement à rien.

Dans le documentaire, vous racontez avoir succombé à la tentation de chanter, place Beauvau devant l’ancien président Nicolas Sarkozy la chanson Hécatombe de Georges Brassens. Avez-vous une autre anecdote à nous faire partager ?

On est un peu avant 1981 et je dîne avec le futur patron du parti socialiste, François Mitterand, Gisèle Halimi, Guy Bedos et Julien Clerc. Mitterrand annonce à Clerc qu’il a une musique de Mikis Théodorakis dont il aimerait faire la musique du parti mais il n’a pas de paroles. Clerc lui répond qu’il y a Maxime, parolier de talent. Mais j’ai refusé d’écrire ces paroles. Pour moi ce n’est pas une bonne idée quand l’art est imposé du sommet, il faut que ça parte de la base. Mais à la place j’ai proposé Le Temps des cerises. On m’a dit que le peuple ne chantera jamais ça. Puis j’ai chanté à la fête de l’Huma où j’ai fait un triomphe avec cette chanson. A partir de ce jour-là, je n’ai plus jamais été le chanteur de l’Elysée.

 

Teaser "Présidentielle, une épreuve d'artistes" Doc inédit diffusion : Samedi 11 mars à 22H sur Public Sénat
01:07

 

Découvrez le documentaire « Présidentielles, une épreuve d'artistes » d'Yves Derai et Yves Azeroual le 11 mars à 22h06 sur Public Sénat.
Rediffusion le dimanche 12 mars à 9h et le dimanche 19 mars à 18h.

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