Le ministre de l’Intérieur réfléchit à « une nouvelle incrimination pénale » visant l’islam politique. « L’islam politique est le principal obstacle à la cohésion de notre pays », soutient la sénatrice LR Jacqueline Eustache-Brinio. La centriste Nathalie Goulet conseille d’appliquer déjà le droit existant et de contrôler le financement des associations. A gauche, l’écologiste Guy Benarroche pointe l’absence de données chiffrées sur le sujet et la socialiste Corinne Narassiguin dénonce « une vision à géométrie variable de la laïcité ».
Mégafeux : les experts prédisent « 80 % d’augmentation des surfaces brûlées dans le Sud Est de la France en 2050 »
Alors que des feux de forêts ont déjà touché le sud de la France cette semaine, une mission d’information du Sénat se penche sur la prévention et la lutte contre ce qu’on appelle communément les mégafeux.
Par Simon Barbarit
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« Analyser nos politiques publiques à l’aune du risque grandissant induit par le changement climatique ». C’est l’objectif que se sont fixé les membres des commissions de l’aménagement du territoire et des affaires économiques du Sénat, réunis en une mission d’information sur « la prévention des mégafeux et la lutte contre l’intensification et l’extension du risque d’incendie ».« L’objectif est d’aboutir à une proposition de loi qui pourrait être déposée dès la rentrée », précise la présidente de la commission des affaires économiques, Sophie Primas (LR) en introduction d’une table ronde qui rassemblait ce jeudi, les représentants des sylviculteurs, des sapeurs-pompiers de France et de l’Inrae.
« Ce sont des centrales nucléaires qui se déplacent »
Au moment où l’ensemble du territoire métropolitain connaît un épisode caniculaire, des feux de forêts ont touché en début de semaine le département du Gard. Grégory Allione, président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France, auditionné ce mercredi était sur place et témoigne. « Ces feux dépassent l’entendement. Il y avait très peu de vent […] Ils prennent une telle intensité en matière de température. S’il n’y a pas de coupure de végétation entre la forêt et les éléments de lutte, on ne peut pas aller au contact […] Ce sont des centrales nucléaires qui se déplacent », explique-t-il expliquant observer au quotidien les effets du réchauffement climatique depuis 2018 […] Parce qu’il y a une sécheresse qui se répète. Il n’y a plus de saison de feux. La saison c’est du 1er janvier au 31 décembre ».Les mégafeux ne correspondent « à aucune définition scientifique »
Pour autant, que recouvre le terme « mégafeux » est-il approprié pour décrire la situation française ? « Cette expression est issue de la presse. Elle ne correspond à aucune définition scientifique […] Quand on entend parler de mégafeux, on pense aux grands feux de Sibérie, du Québec, des Etats-Unis… Ce sont des mégafeux car ils sont devenus totalement incontrôlables et aucun moyen humain ne peut les arrêter. Le danger de cette expression, c’est son corollaire : c’est inévitable, c’est fatal. C’est dangereux car ça fournit un alibi supplémentaire pour ne rien décider politiquement », a reproché Christian Pinaudeau, ancien secrétaire général du Syndicat des sylviculteurs du Sud-Ouest.En termes de projections d’activité de feux sous effet du changement climatique, François Pimont, ingénieur de recherche à l’INRAE, évalue « à 80 % d’augmentation des surfaces brûlées en 2050 dans la zone Sud Est ». « A la fin du siècle, dans un scénario pessimiste de réduction des émissions, nous serions sur un triplement des activités de feux. En conséquence, la zone à risque qui couvre 30 % de la zone Sud Est passerait à 50 % en 2050 et jusqu’à deux tiers à la fin du siècle. « Mais le gros des activités nouvelles générées par le changement climatique va avoir lieu dans la zone historique à risque », précise-t-il.« La protection civile doit être un sujet de quoi qu’il en coûte »
En attendant, c’est dans la politique de prévention des risques que les interlocuteurs des élus ont axé leurs propositions. Les moyens humains et matériels de la protection et de la sécurité civile devront être renforcés. « Aujourd’hui, quand vous luttez contre les feux de forêt, ce sont les sapeurs-pompiers volontaires qui interviennent. Ils sont 196 000 depuis 20 ans […] Il faut se lancer comme objectif en 2027 d’avoir 250 000 pompiers volontaires », plaide, Grégory Allionne avant d’ajouter : « La protection civile doit être un sujet de quoi qu’il en coûte ».Le président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France demande également un renforcement du soutien de l’Etat en faveur des SDIS (Service départemental d’incendie et de secours) financés en grande partie par les collectivités. L’agrandissement des zones à risque va aussi conduire, selon lui, à l’obsolescence des hélicoptères et avions bombardiers d’eau.Colonel de sapeur-pompier de formation, le sénateur Pascal Martin (centriste) émet l’idée d’une extension des plans de prévention sur l’ensemble du territoire national et non plus uniquement sur les zones à risque. Lire notre article. Pompiers volontaires : que contient le texte adopté par le Sénat ?« Il y a une nécessité à constituer des interlocuteurs locaux »
« Dans la forêt de Gascogne dans le Sud-Ouest, il y a 2 500 départs de feu par an pour 2000 hectares de brûlés. En PACA, ce sont 650 départs de feux par an pour beaucoup plus d’hectares brûlés. La différence tient au plan d’aménagement du territoire et à la prévention », a comparé Christian Pinaudeau avant de dénoncer « la bataille permanente entre les administrations centrales au sujet de leurs territoires de compétence », ministères de l’Agriculture, de l’Environnement et de l’Intérieur. « Pendant ce temps-là il ne se passe rien sur le terrain. Il y a une nécessité à constituer des interlocuteurs locaux ».« Vous nous faites plaisir en parlant de décentralisation », a salué Sophie Primas.Lire notre article. Pompiers et numéros d’urgence : le compromis sur la proposition de loi adopté par le Sénat« 70 % des départs de feu sont liés à l’imprudence »
Enfin, il a été rappelé que 95 % des incendies sont d’origine humaine, soit la quasi-totalité à l’exception de la foudre. « Aujourd’hui 70 % des départs de feu sont liés à l’imprudence », a rappelé Gregory Allionne prenant l’exemple du classique mégot de cigarette et la moins classique disqueuse pour couper du carrelage.« Les mégots brûlent 6 % des surfaces. Il y a typiquement des endroits où il y a un déficit d’informations. Sur les grandes autoroutes qui traversent le Var, il y a des gens qui fument leurs cigarettes sans se rendre compte qu’ils sont dans une zone à risque incendie de forêt », a-t-il insisté.A ne pas oublier à quelques jours des premiers départs en vacances.Pour aller plus loin