« Même si on ne les voit pas, les gens pensent à nous et c’est merveilleux », une infirmière libérale raconte son quotidien

« Même si on ne les voit pas, les gens pensent à nous et c’est merveilleux », une infirmière libérale raconte son quotidien

Si chaque matin, elle part de chez elle « la peur au ventre », pour Nathalie Delachapelle, infirmière depuis plus de 30 ans, exerçant en libérale dans le département de l’Oise, ce que cette pandémie de Coranavirus a changé « dans le bon sens du terme, ce sont les relations avec les patients et les gens de son village ». Une solidarité nouvelle dont elle témoigne en dépit des nombreuses difficultés.
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« C’est horrible de se sentir abandonné »

La soignante se sent seule. Si elle œuvre chaque jour avec ses collègues pour rendre visite à plusieurs dizaines de patients, si elle vient de récupérer 18 masques FPP2, de quoi tenir trois semaines, elle considère « être abandonné par l’Etat », en décalage avec ses déclarations. « On nous envoie à la guerre sans tenues, sans arme, avec juste notre courage ».

Elle raconte : « on nous dit, l’aide matérielle va arriver, on nous parle d’un pont aérien entre la Chine et la France pour acheminer des masques. Cela va surement aider les hôpitaux mais le monde libéral est complétement laissé à l’abandon. Je vois mes jeunes consœurs, celles qui font les toilettes à domicile, elles n’ont rien, rien du tout. Je leur ai donné des masques chirurgicaux. Ça dépanne ».

« L’entraide locale, elle est superbe »

Masques retrouvés dans leur grenier ou leur garage, blouses… les habitants de l’Oise sont généreux. « Un homme, que je ne connaissais même pas, m’a appelé pour me proposer une visière qu’il avait fabriquée lui-même. Il m’a également demandé sur j’avais des contacts à l’Ehpad pour leur en proposer également ». Pour l’infirmière, cette entraide locale est primordiale dans « la guerre contre le virus ».

Visière fabriquée par un habitant de l'Oise pour Nathalie Delachapelle
Visière fabriquée par un habitant de l'Oise pour Nathalie Delachapelle
Nathalie Delachapelle

Une solidarité que Nathalie Delachapelle constate également partout autour d’elle. Ainsi, un jour en passant devant la maison d’une famille qu’elle avait soigné par le passé, elle découvre une banderole qui lui met la larme à l’œil : « une dame et ses enfants ont fait de jolis dessins pour remercier tout ceux qui se mobilisent au dehors contre l’épidémie ». « Même si on ne les voit pas, les gens pensent à nous, c’est merveilleux ».

Des habitants d'Agnetz (Oise) remercient ceux qui luttent contre le Covid-19
Des habitants d'Agnetz (Oise) remercient ceux qui luttent contre le Covid-19
Nathalie Delachapelle

« Les infirmières libérales sont les cibles de convoitise »

Depuis quelques jours, Nathalie Delachapelle prend en charge de plus en plus de cas dits « covid-léger », restés à domicile ou sortis de l’hôpital, mais infectieux, tout « cet attirail » lui est donc indispensable. Tout comme le gel hydroalcoolique, obligatoire entre deux visites quand on ne peut pas « se laver les mains avec de l’eau et du savon comme à la maison ».

Un gel hydroalcoolique source de convoitise chez certains. Il faut donc se protéger comme en témoigne l’infirmière : « On ne met plus nos caducées sur nos voitures, on planque nos affaires de peur qu’on nous vole.  Il faut que les gens arrivent à comprendre qu’on n’a pas beaucoup de masques donc si on nous les vole, ou si on casse notre voiture pour un demi flacon de gel hydroalcoolique on ne pourra plus venir soigner leur famille et leurs parents. Il faut arrêter ce genre de bêtises ».

Arrêter ce genre de bêtises pour vaincre au plus vite la pandémie, c’est le souhait de Nathalie Delachapelle. Alors que sénateur LR de l'Oise Édouard Courtial propose par exemple que les salariés puissent faire des dons de jours de repos aux personnels soignants, l’infirmière répond : « C’est une belle idée, mais moi, je ne peux pas laisser mes patients, je n’ai pas besoin d’argent non plus. J’ai besoin de matériel pour retrouver tout mes patients une fois que tout cela sera fini ». Elle insiste pour finir : « Je veux qu’alors mes patients soient toujours là à côté de moi, qu’on puisse se prendre dans les bras et être ensemble ».


Extrait de l'entretien avec Nathalie Delachapelle :


 

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