Le meurtre de Philippine, étudiante de 19 ans, a provoqué de vives réactions au sein de la classe politique. Invitée de la matinale de Public Sénat ce lundi, Laurence Rossignol, sénatrice socialiste du Val-de-Marne, a pris la parole sur cette affaire. Elle demande, à titre personnel, l’ouverture d’une commission d’enquête sur la prise en charge par la justice des auteurs de crimes sexuels, et des mesures mises en place pour éviter la récidive.
« Il y a une sous-estimation de la dangerosité des auteurs de viols et de violences sexuelles »
Le violeur et meurtrier présumé de Philippine a déjà été condamné en 2021 pour viol et remis en liberté en juin dernier, selon BFMTV. Une situation que la sénatrice trouve incompréhensible. « Il n’est pas acceptable au sens humain qu’un homme déjà condamné pour viol puisse de nouveau croiser le chemin d’une jeune femme et de nouveau violer et en plus la tuer », s’indigne-t-elle sur le plateau de Public Sénat. Elle dénonce la différence de traitement entre les auteurs de crimes sexuels et d’actes liés au terrorisme : « Comment se fait-il que cet homme ait été remis en liberté à ce moment-là ? Est-ce que l’on traite les auteurs de violences sexuelles susceptibles de récidive comme on traite les auteurs d’actes liés au terrorisme ? Si cela avait été un homme mis en cause, condamné, dans un délit lié au terrorisme, je suis quasi convaincue qu’il n’aurait pas été relâché dans les mêmes conditions ». L’auteur présumé a en effet été remis en liberté en juin, puis retenu en centre de rétention administrative, duquel il a été libéré le 3 septembre avec obligation de pointage. Pour l’ancienne ministre des Droits des femmes, « il y a une sous-estimation de la dangerosité des auteurs de viols et de violences sexuelles ».
« Je préconise qu’on ait un vrai débat sérieux pour envisager comment sont traités les auteurs de violences sexuelles »
Elle propose donc la création d’une commission d’enquête sur la manière dont la justice traite les auteurs de violences sexuelles, notamment concernant leur mise en liberté et le contrôle de l’éventuelle récidive. « Je préconise qu’on ait un vrai débat sérieux pour envisager comment sont traités les auteurs de violences sexuelles chez le juge des libertés et de la détention, comment cet homme, qui était sorti de rétention administrative, en a été libéré », explique-t-elle. Elle a proposé à son groupe de porter une telle commission d’enquête dans le cadre du travail de contrôle du Sénat.
Cette demande est similaire à celle de la première victime du violeur et meurtrier présumé de Philippine. Dans une lettre révélée ce dimanche par l’AFP, cette dernière s’interroge sur le fait que cet homme ait pu violer à nouveau et demande la création d’une commission d’enquête sur les moyens de lutte contre la récidive des crimes sexuels.