Mort de Nahel : « L’état d’urgence est devenu une nécessité », estime Philippe Juvin

Invité d’ExtraLocal, Philippe Juvin est revenu sur les tensions suite à la mort du jeune Nahel. Le député LR des Hauts-de-Seine appelle le Président de la République à déclencher l’état d’urgence, et estime qu’il ne faut pas tomber dans « le piège » de « jeter l’opprobre » sur la police.
Louis Mollier-Sabet

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Depuis qu’Éric Ciotti a mis l’état d’urgence sur la table, l’exécutif temporise. Philippe Juvin suit, lui, le président de son parti, Les Républicains, et l’affirme : déclencher l’état d’urgence serait « un choix sage. » « Les forces de police sont débordées, l’ordre public n’est pas respecté. L’état d’urgence est devenu une nécessité, très clairement. Le problème du couvre-feu, c’est que si vous n’avez pas les moyens de le faire respecter, c’est pire. L’avantage de l’état d’urgence, c’est qu’il permet à l’action publique d’être plus efficace, de manière très ponctuelle », détaille le député LR des Hauts-de-Seine. D’après lui, cela permettrait – contrairement au couvre-feu – « des perquisitions administratives, la restriction, malheureusement de certaines libertés publiques », mais « cela devient nécessaire parce que la situation est hors contrôle dans certains quartiers.

« Est-ce que ça jette l’opprobre sur toute la police ? Il ne faut pas tomber dans le piège »

Philippe Juvin estime aussi que les tensions actuelles sont dues à une instrumentalisation « d’un fait dramatique » pour « casser » : « Tout ça est un alibi. En quoi rendent-ils hommage au jeune qui a été tué ? C’est de la délinquance, des voyous, de la rage. C’est la dissociation du tissu national, avec des bandes. Ces jeunes ne considèrent pas que c’est la police nationale, mais des bandes rivales, et ils ne sont pas dans la même. »

Le député LR salue la réponse d’Emmanuel Macron qui en appelé à la responsabilité des parents. « IL y a un élément d’éducation très important, il a raison de parler des parents. Il y a une question qu’il faut que nous nous posions collectivement : qu’est-ce qui fait que notre système éducatif produit de telles divergences ? » Philippe Juvin restitue ainsi les questions qu’il se posait ce jeudi soir, devant une chorale d’enfants des Hauts-de-Seine, en pointant l’importance du système éducatif : « Hier soir j’écoutais une chorale d’enfants dans les Hauts-de-Seine, et je me demandais : qu’est-ce qui fait qu’au même moment, il y a un enfant qui casse, et un autre qui chante ? »

D’après lui, ce n’est pas la question des règles qui régissent l’usage de la force par la police qui se pose. « Il y a des règles d’engagement et ce n’est pas parce que quelqu’un n’a pas respecté les règles qu’il faut désarmer la police. 25 % des victimes de coups et blessures volontaires ce sont des policiers ou des gendarmes. Le désarmement de la police est une folie. On comprend pour le moment que les règles d’engagement n’auraient pas été respectées. Est-ce que ça jette l’opprobre sur toute la police ? Il ne faut pas tomber dans le piège. »

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

Weekly cabinet meeting at Elysee Palace, Paris, France – 12 Jan 2024
5min

Société

Prostitution : un nouveau plan de lutte présenté ce jeudi, huit ans après la loi pénalisant les clients

Alors que la loi du 13 avril 2016 visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées, peine encore à produire ses effets, le gouvernement a annoncé la présentation d’un nouveau plan pour lutter contre la prostitution, à l’aube d’une augmentation inquiétante des chiffres chez les mineurs. Selon les associations, ils seraient entre 7 000 et 10 000 à être aujourd’hui prostitués, un chiffre qui a doublé ces dernières années.

Le

Enfants et ecrans
4min

Société

Rapport sur l’usage des écrans chez les enfants : « Nous avons perdu six ans », déplore la sénatrice Catherine Morin-Desailly

Commandé par l’exécutif, le rapport d’experts sur l’usage des écrans chez les enfants a été remis au président de la République ce 30 avril. En 2018, le sujet avait déjà fait l’objet d’une proposition de loi largement votée au Sénat, mais jamais discutée à l’Assemblée. Auteure du texte, la sénatrice centriste Catherine Morin-Desailly dénonce aujourd’hui « une perte de temps ».

Le

A national gendarmerie van entering the Paris courthouse
7min

Société

Meurtre de Matisse à Châteauroux : qu’est-ce que l’excuse de minorité, que le gouvernement souhaite réformer ?

Alors que de multiples faits divers concernant des mineurs font l’actualité ces dernières semaines, le dernier en date, le meurtre de Matisse, 15 ans, poignardé à mort, samedi dernier à Châteauroux, par un mineur afghan âgé lui aussi de 15 ans et placé sous contrôle judiciaire, cinq jours avant le meurtre, Gabriel Attal a annoncé, le 18 avril dernier, souhaiter « ouvrir le débat » sur l’excuse de minorité. Mais au fait, à quoi fait référence cette qualification pénale, qui revient régulièrement dans les discussions ?

Le