Rome Laurence Rossignol French Minister of Families
French Minister of Families Mrs Laurence Rossignol Rome, ITALY-10-04-2017//AGFEDITORIAL_ROSSI012897/Credit:Armando Dadi / AGF/SIPA/1704101245

« No kids » : « On ne peut pas laisser notre société s’organiser autour de l’intolérance », avertit la sénatrice Laurence Rossignol

Sarah El Haïry réunit ce mardi les professionnels du tourisme pour lutter contre la tendance « no-kids. » Une initiative de la Haute-Commissaire à l’enfance qui rejoint une proposition de loi déposée il y a un an par la sénatrice socialiste Laurence Rossignol visant à faire rentrer la minorité dans les facteurs de discrimination du Code pénal.
Louis Mollier-Sabet

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Alors que certains restaurants, hôtels ou autre campings se sont mis à interdire aux enfants l’accès à leurs établissements, Sarah El Hairy a annoncé le 23 mai dans Le Parisien prévenir les professionnels du tourisme, des transports et de l’urbanisme que la mode « no kids » n’était « pas la bienvenue en France. » Prévue à 14h30, la table ronde a réuni des représentants de la Fédération nationale de l’hôtellerie de plein air (FNHPA), de la Fédération nationale des résidences de Tourisme (FNRT), de l’Association nationale des élus des territoires touristiques (Anett) ou encore de l’Union nationale pour la promotion de la location de vacances (UNPLV). La plateforme Airbnb, la Fédération nationale des transports de voyageurs (FNTV) et l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih) seront également présentes.

L’ancienne ministre déléguée chargée de l’Enfance, de la Jeunesse et des Familles a fustigé une mode « brutale » qui « distille l’idée que les enfants sont une nuisance », alors que les offres commerciales « adults only » (« adultes seulement ») représentent actuellement 3 % de l’offre, « à vue de nez », a indiqué le syndicat Entreprises du voyage à l’AFP. Si Sarah El Hairy évoque un travail de fond à mener avec « les acteurs pro familles comme les Belambra, les Center Parcs, les Pierre et Vacances, Airbnb », la Haute-Commissaire à l’enfance n’exclut pas une évolution juridique pour sanctionner les établissements qui « discrimineraient » à l’encontre des enfants. « Mes services juridiques sont en train d’analyser la situation. La tendance « no-kids » ne doit pas s’installer dans l’opinion », a-t-elle simplement déclaré pour le moment.

Faire des espaces « no kids » une discimination ?

Du côté du Palais du Luxembourg, une initiative dans ce sens a déjà été faite il y a un an par la sénatrice socialiste Laurence Rossignol, qui avait déposé une « proposition de loi d’alerte » pour combattre la « banalisation » d’offres commerciales excluant les enfants (voir notre article). Le texte de la sénatrice propose ainsi que « constitue également une discrimination l’exclusion de mineurs de lieux de vie, de l’espace public, d’espaces commerciaux, des transports et toute autre exclusion qui ne serait pas justifiée par des exigences de sécurité propres aux enfants ou par l’absence de capacité civile. »

Au micro de Public Sénat, la sénatrice explique que son dispositif a pour but de préciser le fait que le droit pénal des discriminations s’appliquerait bien dans ce cas. « Il y a déjà le critère de l’âge pour caractériser des discriminations dans le code pénal, mais on pense en général aux discriminations que subissent les personnes âgées. J’ai jugé utile de le préciser, et puis ça permet aussi à la société de se mobiliser », a déclaré Laurence Rossignol. Si la sénatrice socialiste « se réjouit que le gouvernement se saisisse du sujet », elle doute de « la capacité d’autorégulation du commerce sans une loi qui contraint un minimum », et appelle donc le gouvernement à mettre sa proposition de loi à l’agenda du Sénat ou de l’Assemblée nationale.

« On ne peut pas laisser notre société s’organiser autour de notre intolérance aux autres, où les gens s’organiseraient pour se tenir éloignés de tous ceux qui ne correspondent pas à l’idée qu’ils se font de leurs voisins », conclut-elle.

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