Notre Dame de Paris : « L’incendie de 2019 ne serait plus possible », assure Philippe Jost

Auditionné par la commission de la culture du Sénat, Philippe Jost, le président de l’établissement public chargé de la restauration et de la conservation de Notre-Dame, a apporté des nouvelles rassurantes aux élus. « Nous tenons les délais et les budgets », a-t-il assuré en détaillant notamment le nouveau dispositif de protection incendie.
Simon Barbarit

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Il y a un peu plus d’un an, c’est le général Jean-Louis Georgelin qui se montrait optimiste sur l’avancée des travaux de Notre-Dame de Paris devant les élus de la commission de la culture. Suite à son décès brutal l’été dernier, c’est Philippe Jost qui l’a succédé à la tête de l’établissement public chargé de la restauration et de la conservation de Notre-Dame, et qui répondait ce mercredi aux sénateurs dans le cadre du contrôle d’application de la loi du 29 juillet pour la conservation et la restauration de la cathédrale Notre-Dame.

Photos à l’appui, Philippe Jost a pu apporter des informations plus que rassurantes aux sénateurs. « Nous tenons les délais et les budgets », a-t-il promis avant de rendre hommage « aux formidables compétences et savoir-faire détenus par nos entreprises et ateliers d’art qui sont à l’œuvre sur le chantier. Elles sont la preuve d’une excellence française dans leur domaine ».

150 millions de surplus

Le calendrier fixé par le chef de l’Etat sera respecté. Notre-Dame sera réouvert au public à la fin de l’année 2024, soit 5 ans après l’incendie sans dépasser le budget. « Nous avons engagés 550 millions d’euros et payé environ 420 millions d’euros à nos entreprises et prestataires », a-t-il indiqué.150 millions ont été aussi nécessaires pour les travaux de sécurisation du chantier. « Comparé aux 846 millions issus de la souscription nationale, c’est donc un solde d’au moins 150 millions d’euros et probablement un peu supérieur qui devront être dégagés, avec l’accord des mécènes concernés, pour restaurer la cathédrale et soigner des pathologies qui datent de bien avant l’incendie et qui concernent les élévations extérieures de la cathédrale en pierre », a-t-il ajouté. Ces travaux seront engagés en 2025.

Après avoir exposé minutieusement l’état d’avancée des travaux de restauration, nef, flèche, grand orgue, décors peins, réseau électrique… François Jost a détaillé le nouveau dispositif de protection incendie. « Toutes les charpentes en bois sont équipées d’un dispositif de brumisation qui en cas de départ de feu diffuse un brouillard de très fines gouttelettes d’eaux ». Un nouveau PC de sécurité a été installé dans le presbytère « armé par des personnels « au niveau de compétences améliorés ». « On a revu l’alimentation en eau pour les interventions des pompiers […] On a prévu de pouvoir disposer de 600 m3 cubes par heure dans la cathédrale, directement accessibles par les réseaux d’eau de la ville de Paris […] Je crois que l’on peut dire que l’incendie de 2019 ne serait plus possible ». a-t-il assuré.

Monique de Marco, la sénatrice écologiste a, comme elle l’avait fait devant Jean-Louis Georgelin, fait part de ses inquiétudes sur l’utilisation du plomb pour la rénovation de la toiture et de la flèche. « Il semblerait que l’établissement public n’aurait mené aucune évaluation sur le risque sanitaire du ruissellement (de la pluie) sur le plomb ».

Filtrage des eaux de pluie : une expérimentation menée en 2025

Comme son prédécesseur, Philippe Jost indique que ce sujet a « été pris au sérieux ». Selon lui seule une dizaine de kg de plomb seraient emportés chaque année par les eaux de pluie, Monique de Marco évoque, elle, 21 kg s’appuyant sur un rapport de haut conseil de la Santé publique. Le président de l’établissement public rappelle qu’un dispositif de filtration des eaux de ruissellement sera mis en place. « Deux entreprises sont mobilisées sur ce sujet pour mener toute l’année 2025 une expérimentation sur les eaux de ruissellement du sud de la cathédrale. Ce qui nous permettra de dimensionner un système définitif qui traite l’ensemble des eaux de ruissellement à partir de 2026 », a-t-il précisé.

En janvier 2023, Jean-Louis Georgelin avait lui assuré qu’« aucun enfant de France n’aura de plombémie en raison de la reconstruction en plomb de Notre-Dame ».

 

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