Nouvelle souche de Covid-19 : faut-il reconfiner les Français ?

Nouvelle souche de Covid-19 : faut-il reconfiner les Français ?

La fermeture des frontières avec le Royaume-Uni, où une variante du virus plus contagieuse y a été détectée, a été annoncée hier par la France. Face à ce risque nouveau et à l’augmentation du nombre de cas, faut-il reconfiner les Français, à quelques jours des fêtes de Noël, comme l’ont décidé d’autres pays européens, dont l’Allemagne et l’Italie ? Les sénateurs appellent plutôt à marteler les consignes sanitaires.
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Par Héléna Berkaoui

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À quatre jours de Noël, « le virus est toujours là », constate la sénatrice LR Catherine Deroche, présidente de la commission des Affaires sociales. Une nouvelle forme de la Covid-19, plus contagieuse, a par ailleurs été détectée au Royaume-Uni, conduisant de nombreux pays à fermer ses frontières avec Londres.

La France a suspendu l’ensemble du trafic en provenance du Royaume-Uni, à compter de minuit et pour 48h au moins. « Nous travaillons dès à présent à construire un protocole sanitaire européen harmonisé », a précisé le ministre délégué aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari. Les Pays-Bas, l’Italie, la Belgique et l’Allemagne ont également annoncé la suspension des vols et des trains avec la Grande Bretagne.

D’autres pays européens touchés par cette nouvelle souche

Cette variante du virus, apparue en septembre et intitulée VUI-202012/01, ne serait pas plus virulente. En revanche, « elle est jusqu’à 70 % plus transmissible », a annoncé le 19 décembre le Premier ministre britannique, Boris Johnson. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a appelé ses membres à « renforcer leurs procédures de contrôle et de prévention ».

Également vice-présidente de la commission d’enquête sur la gestion de l’épidémie, Catherine Deroche s’interroge quant à la présence de ce virus en France, soulignant que les frontières n’ont été fermées qu’hier. Hors du territoire britannique, quelques cas ont déjà été rapportés au Danemark, en Italie, ainsi qu’un cas aux Pays-Bas et en Australie, selon l’OMS.

Vers des restrictions sanitaires plus strictes ?

René-Paul Savary, sénateur de la Marne, salue une « sage décision » concernant la fermeture temporaire des frontières tout en rappelant qu’il faudra « permettre à nos ressortissants de rentrer ». Beaucoup d’entre eux (ils sont 300 000 au Royaume-Uni) cherchait aujourd’hui une solution pour rejoindre le territoire français.

Il reste cependant défavorable à renforcement des contraintes sanitaires : « Le virus circulera quoiqu’il arrive, les mesures régulent l’épidémie mais ne la supprime pas. L’erreur c’est de parler de 5 000 cas par jour (pour permettre la levée des mesures sanitaires), on aura du mal à atteindre ce seuil. Par ailleurs, ce n’est pas parce que l’on passe la barre des 5 000 qu’il n’y aura pas un rebond derrière. »

Marteler les consignes sanitaires

Un avis partagé par Catherine Deroche pour qui il aurait été plus judicieux de fixer le curseur sur les places de lits en réanimation. « Il faut protéger au maximum la réanimation », insiste-t-elle. Si elle ne plaide pas non plus pour un renforcement des mesures sanitaires, la sénatrice estime que la priorité devrait être de « marteler les consignes sanitaires auprès de nos concitoyens ».

« Il faut apprendre à vivre avec le virus », rappelle encore René-Paul Savary, soulignant que la production de vaccins ne permettra pas de revenir à la normale avant l’automne 2021. Une autorisation de mise sur le marché, délivrée par l’Agence européenne du médicament (AEM), est attendue ce 21 décembre pour le vaccin Pfizer-BioNtech.

Reste que chez certains de nos voisins européens, les restrictions sanitaires se durcissent comme en Allemagne, reconfinée mercredi dernier, ou en Autriche où le reconfinement sera mis en place à partir du 26 décembre.

Les collectivités mises de côté

Les sénateurs rappellent en outre les critiques déjà soulignées dans le rapport de la commission d’enquête sénatoriale sur la gestion de l’épidémie : le manque d’implication des acteurs locaux.

Fustigeant une gestion centralisée de la crise, ils notent que « les collectivités territoriales, plus opérationnelles et au fait des réalités locales, n’ont pas été associées aux décisions à la hauteur de leur importance et de leur mobilisation ». « Contrairement à ce qu’avait annoncé le Premier ministre, on ne laisse pas de place aux initiatives locales », déplore toujours Catherine Deroche.

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