Occupation de l’Odéon : le théâtre ne rouvrira pas, « une décision incompréhensible » selon la CGT

Occupation de l’Odéon : le théâtre ne rouvrira pas, « une décision incompréhensible » selon la CGT

Le théâtre de l’Odéon a annoncé mardi qu’il ne rouvrirait pas ses portes le 19 mai malgré la réouverture des lieux culturels. En cause, l’occupation du théâtre par des intermittents depuis mars dernier, qui empêcherait « que la vie du théâtre reprenne avec sérénité » pour la direction. Une décision incompréhensible pour les occupants, et notamment la CGT.
Louis Mollier-Sabet

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Le communiqué de Stéphane Braunschweig est tombé mardi dans la soirée : le théâtre de l’Odéon ne rouvrira pas tant que dure l’occupation permanente des lieux. Des intermittents du spectacle soutenus par la CGT occupent en effet le théâtre jour et nuit depuis mars dernier. Avec la perspective de la réouverture des salles de spectacle ce mercredi 19 mai, la direction du théâtre a appelé à « la levée de l’occupation », rejoignant ainsi la ministre de la Culture : « on pouvait comprendre la colère sur la demande de réouverture. La réouverture maintenant, c’est demain. » Roselyne Bachelot a ainsi déploré ce qu’elle considère comme une politisation illégitime des occupations : « J’ai l’impression qu’il y a aussi parfois dans ces lieux de culture des militants qui ne sont plus du monde de la culture et qui expriment des revendications qui n’ont plus rien à voir avec les lieux culturels. » Dans la lignée des déclarations de la ministre de la Culture, le directeur du théâtre de l’Odéon a ainsi annoncé mardi : « Je me résigne donc avec une tristesse immense à annuler les représentations de ‘la Ménagerie de verre' tant que l’occupation se poursuit. »

« Une décision incompréhensible » pour la CGT

Fermeture du théâtre de l'Odéon : "Une décision incompréhensible" pour la CGT
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Stéphane Braunschweig poursuit dans un communiqué : « J’ai entre autres proposé une occupation diurne, qui leur permette de continuer à porter leurs revendications […] Si nous avons subi cette occupation de nuit pendant plus de deux mois, une telle situation qui engage notre responsabilité pénale ne saurait perdurer à l’heure où le théâtre reprend une vie pleine et entière. »

Denis Gravouil, secrétaire général de la CGT spectacle, nous confiait ce matin son incompréhension devant les grilles du théâtre de l’Odéon : « Nous demandons qu’il y ait une réouverture de la salle et que l’occupation continue pour pouvoir informer le public de nos revendications. La direction du théâtre a décidé hier soir unilatéralement de fermer et de ne pas permettre la première. C’est une décision incompréhensible qui ne correspond pas à ce que veut faire l’équipe artistique et technique du théâtre et ce que veulent faire les occupants. »

Occupation de l'Odéon : "2 mois et demi sans que l'on ait mis en danger quiconque.""
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Face aux arguments avancés par la direction, Denis Gravouil défend le mouvement d’occupation du théâtre : « La direction prétend que ce n’est pas possible de continuer l’occupation, notamment la nuit, alors que nous avons trouvé des solutions pour qu’on ne rencontre pas le public pour des raisons sanitaires, à part la personne qui s’adressera à eux. Ils se retranchent derrière des risques pénaux alors que ça fait 2 mois et demi que les choses se passent sans que l’on ait mis en danger quiconque et surtout pas les occupants. Tout le monde se fait tester, on n’a eu aucun cluster. »

« Tenir le mouvement parce que le gouvernement n’a pas entendu la plupart nos revendications »

Occupation Odéon : "Le gouvernement ne nous a pas entendu sur la plupart de nos revendications"
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Pour Denis Gravouil, la réouverture doit avoir lieu dans la continuité du mouvement social « qui continue dans une centaine de théâtres » : « Nous, nous disons : le spectacle doit avoir lieu avec des prises de parole et des occupations qui doivent permettre d’afficher nos revendications sur la façade et de tenir le mouvement, parce que le gouvernement n’a pas entendu la plupart nos revendications. »

Les occupants revendiquent « un vrai plan de reprise » en déplorant « un niveau de reprise extrêmement faible », avec les jauges et les nombreuses annulations. Leur autre revendication majeure, c’est une deuxième année blanche pour le régime des intermittents, qui leur permet de toucher des indemnités malgré l’arrêt du secteur culturel. Denis Gravouil explique : « La prolongation des droits sociaux est aussi insuffisante dans le contexte de la réforme d’une assurance chômage qui au 1er juillet va baisser les droits de plus d’1,5 million de personnes et notamment pour des personnes qui travaillent dans des théâtres au nettoyage, à la sécurité ou autre. Des métiers qui sont tout aussi indispensables que des métiers d’artistes et de techniciens du spectacle. »

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