Olivier Véran confirme l’échéance de « mi-mars » pour la levée du passe vaccinal

Olivier Véran confirme l’échéance de « mi-mars » pour la levée du passe vaccinal

Devant la commission d’enquête sur l’adéquation du passe vaccinal à la situation épidémique, Olivier Véran s’est montré relativement optimiste, à la fois sur les perspectives d’allègement des mesures sanitaires, et sur l’efficacité du passe vaccinal.
Louis Mollier-Sabet

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

L’hypothèse d’un retour à la normale mi-mars prend de plus en plus d’épaisseur. Après que le Pr Alain Fischer a évoqué cette échéance devant la même commission il y a deux semaines, Olivier Véran est resté prudent, mais résolument optimiste sur une levée du passe vaccinal mi-mars : « Si cette trajectoire positive se confirmait, en particulier sur le plan hospitalier, nous pourrions envisager la levée du passe à la mi-mars dans toute ou partie des lieux où il s’applique. Il faut procéder par paliers pour accompagner l’épidémie en conservant une grande prudence, une certaine progressivité, parce que notre système de santé reste très exposé. »

Levée du passe vaccinal « d’ici 2 ou 3 semaines »

Le ministre de la Santé a détaillé les indicateurs à atteindre pour envisager une telle levée des restrictions sanitaires : « Le Conseil scientifique dit qu’il faudrait redescendre à 1500 patients covid en réa pour considérer que le fonctionnement hospitalier normal sera restauré. Au rythme actuel on y sera dans 2 ou 3 semaines. Il faut aussi que le facteur R soit inférieur à 1 pour être sur une pente descendante et que le taux d’incidence soit assez faible (300-500 maximum). Là aussi, on atteindra ces niveaux d’ici 2 ou 3 semaines maxi, c’est une bonne nouvelle. »

Olivier Véran se montre ainsi confiant sur la fiabilité des modélisations dont il dispose et qui font espérer au gouvernement une accalmie printanière : « On a des courbes de l’Institut Pasteur, donc on regarde si les modélisations voient juste et on sait ce qu’il va se passer dans 3 semaines. C’est pour ça que je me permets de dire qu’à la mi-mars on aura atteint les critères qui permettent d’assouplir le port du masque en intérieur et la levée du passe vaccinal dans toute ou partie des lieux où il est exigé. »

Olivier Véran concède qu’il lui est « impossible de répondre sur les effets du passe vaccinal » un mois seulement après son entrée en vigueur.

Ainsi, la circulation massive d’Omicron aurait aussi permis d’anticiper une embellie épidémique : « Le variant omicron a traversé la France, c’est près de la moitié de la population qui a été contaminée. Dès lors, le niveau d’immunité, en plus de la vaccination, fait que l’on pouvait anticiper une réduction de la circulation du virus et des mesures d’allégements. » Mais seulement grâce à une couverture vaccinale importante et donc, d’après Olivier Véran, au passe vaccinal : « Le passe vaccinal a contribué utilement à la lutte contre l’épidémie, incontestablement. Il a renforcé la protection de lieux de brassage et progressé la primo-vaccination tout en favorisant une campagne de rappels massive. On était à plus de 30 000 primo injections chaque jour depuis la mi-janvier. Depuis, la dynamique s’est atténuée, mais toute primo-vaccination supplémentaire est une bonne nouvelle. » Sur la campagne de rappel aussi, le ministre de la Santé se félicite du dispositif du passe vaccinal : « Au 20 février 38,5 millions avaient fait leur rappel contre 18 millions au 17 décembre [jour de l’annonce du passe vaccinal, ndlr], c’est-à-dire plus de 20 millions de rappels en 2 mois. »

Or devant la même commission d’enquête, le PDG de Doctolib avait bien différencié l’impact de l’annonce du passe vaccinal sur les primo-vaccinations et la campagne de rappel, qui avait surtout accéléré les prises de rendez-vous pour des deuxième ou troisième doses, et pas les primo injections d’après lui – sur Doctolib en tout cas. Devant les questions des sénateurs, Olivier Véran concède qu’il lui est « impossible de répondre sur les effets du passe vaccinal » un mois seulement après son entrée en vigueur. Mais il renvoie aux évaluations du passe sanitaire – et notamment du CAE – sur « le nombre de vies sauvées » : « Le chiffre est extrêmement élevé, avec 13 points de vaccination gagnés en France, 4000 décès, 32 000 hospitalisations et 45 % d’occupation de réanimation évités. » Le ministre de la Santé se veut donc « positif » sur un impact semblable du passe vaccinal, tout en admettant que « factuellement », il était trop tôt pour le dire.

« On n’est pas capable dans ce pays de déposer une loi pour rendre obligatoire la vaccination contre le papillomavirus »

Olivier Véran se félicite en tout cas de l’évolution de la couverture vaccinale en France, grâce à laquelle « la vague Omicron a pu être contenue sans mesure de restriction, contrairement à nos voisins européens. » Enfin avec un bémol puisque, contrairement là aussi à certains de nos voisins européens comme l’Espagne, le taux de vaccination des enfants ne décolle pas : « Il y a des médecins qui ne sont pas ‘chauds’pour la vaccination des enfants, c’est vrai et c’est dommage. En Espagne les enfants sont 10 fois plus vaccinés que chez nous. Il y a plus largement un problème de défiance, notamment sur les enfants. On n’est pas capable dans ce pays de déposer une loi pour rendre obligatoire la vaccination contre le papillomavirus qui tue 700 jeunes femmes chaque année et touche aussi des garçons, avec des cancers. »

Le ministre de la Santé entend continuer de « se montrer ferme sur les fondamentaux scientifiques », tout comme en 2020 – lors de la première vague – lorsque « des parlementaires, au Sénat comme à l’Assemblée, ne comprenaient pas pourquoi je ne distribuais pas des plaquettes de chloroquine à tous les gens qui étaient malades. Ce qui m’aurait valu, et à raison, un beau procès en pénal deux ans après », poursuit Olivier Véran. « Voilà, c’est dit. » Olivier Véran remet les pendules à l’heure, et les plaquettes de chloroquine au placard.

Dans la même thématique

Olivier Véran confirme l’échéance de « mi-mars » pour la levée du passe vaccinal
6min

Société

Antisémitisme : la radicalisation d’une partie de la jeunesse, première inquiétude du gouvernement et des associations

Le gouvernement a lancé lundi 6 mai des « assises de lutte contre l'antisémitisme » pour renforcer les moyens de lutte contre un phénomène en pleine expansion depuis l’embrasement de la situation au Proche Orient, et qui touche notamment la jeunesse. Selon une enquête Ifop, 35% des 18-24 ans estime qu'il est normal de s'en prendre à des juifs en raison de leur soutien à Israël.

Le

Fresnes, Prison, Centre penitentiaire, Penitentiary center
6min

Société

Drogues en prison : 52% des détenus ont déjà consommé une substance illicite en prison

L’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) a publié ce lundi 6 mai, sa première enquête sur l’usage des drogues dans le milieu carcéral. Zoom sur des résultats inquiétants, qui « interrogent une éventuelle adaptation des politiques sanitaires en matière de prévention et de traitement des addictions à la réalité des consommations observées ».

Le

Weekly cabinet meeting at Elysee Palace, Paris, France – 12 Jan 2024
5min

Société

Prostitution : un nouveau plan de lutte présenté ce jeudi, huit ans après la loi pénalisant les clients

Alors que la loi du 13 avril 2016 visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées, peine encore à produire ses effets, le gouvernement a annoncé la présentation d’un nouveau plan pour lutter contre la prostitution, à l’aube d’une augmentation inquiétante des chiffres chez les mineurs. Selon les associations, ils seraient entre 7 000 et 10 000 à être aujourd’hui prostitués, un chiffre qui a doublé ces dernières années.

Le

Enfants et ecrans
4min

Société

Rapport sur l’usage des écrans chez les enfants : « Nous avons perdu six ans », déplore la sénatrice Catherine Morin-Desailly

Commandé par l’exécutif, le rapport d’experts sur l’usage des écrans chez les enfants a été remis au président de la République ce 30 avril. En 2018, le sujet avait déjà fait l’objet d’une proposition de loi largement votée au Sénat, mais jamais discutée à l’Assemblée. Auteure du texte, la sénatrice centriste Catherine Morin-Desailly dénonce aujourd’hui « une perte de temps ».

Le