Issu de la classe moyenne, Bénabar a débuté la musique en duo dans les bars et les petites salles de Paris. Il gagne en renommée au début des années 2000 notamment suite à son album « Reprise des négociations » plusieurs fois récompensé. Après plus de vingt ans de carrière l’artiste regrette le parisianisme du milieu de la musique et garde son enthousiasme pour les tournées : « On sait bien que Paris ce n’est pas la France, mais encore faut-il le vivre. Je la ressens depuis quelques années beaucoup plus, cette différence entre un microcosme parisien de plus en plus resserré et la réalité » explique-t-il au micro de Rebecca Fitoussi.
Un système corrompu et aristocratique
Le chanteur ne mâche pas ses mots, pour lui, ça ne fait aucun doute, le milieu de la chanson est corrompu, « ce n’est pas forcément une corruption spectaculaire avec des mallettes de cash, la corruption, c’est donner quelque chose en échange d’une faveur mais ce quelque chose peut-être une appartenance à un réseau, ça peut être faire un livre trois ans plus tard. Ça a toujours existé, je pense et c’est devenu très présent. On peut difficilement ou en faire partie ou en être l’adversaire » regrette-t-il.
Une position dangereuse
Bénabar n’hésite pas à prendre la parole pour dénoncer une forme d’entre-soi qui empêche les jeunes talents de s’épanouir : « Je suis un peu malgré moi devenu une forme de porte-drapeau d’un discours qui ne correspond pas toujours à celui qu’on veut entendre ». Une position qui, il l’avoue, lui a valu quelques inimitiés. « S’il y a une liste noire dans Le Monde, je suis dessus, plaisante-t-il. C’est un milieu qui ne fait que revendiquer son appartenance à son propre milieu. Il y a des gens très bien, mais qui se maintiennent, c’est le propre de l’aristocratie et moi je suis farouchement républicain » insiste l’artiste.
« On peut faire la couv’de Télérama, être sur France Inter et acheter des streams » - Bénabar
Selon lui, le succès d’un artiste ne repose plus sur son public, mais sur sa visibilité dans les médias ou les plateformes de streaming. « Cette petite variable d’ajustement qu’on appelle le public est de plus en plus dérisoire et compte de moins en moins dans un succès. Le succès, on peut l’acheter avec des streams. On peut faire la couv de Télérama, être sur France Inter et acheter des streams, ça s’est beaucoup vu. Certains artistes ont une visibilité très importante et tout ça, c’est valorisé en disque d’or, donc un sentiment de succès qui n’est pas du tout réel » déplore-t-il. L’artiste assure qu’il reste tout de même optimiste et espère voir le milieu de la musique évoluer dans le bon sens.