Ce mardi, Marie-Arlette Carlotti, sénatrice socialiste des Bouches-du-Rhône, était invité de la matinale de Public Sénat. Membre de la commission d’enquête sur le narcotrafic, elle est revenue sur les mesures présentées vendredi dernier par Bruno Retailleau et Didier Migaud dans le cadre de leur plan de lutte contre le trafic de drogue.
Passe sanitaire : qu’en est-il dans le reste de l’Europe ?
Par Jules Fresard
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Jeudi 22 juillet, les quelques centaines de manifestants qui se sont massés devant le Sénat avaient un peu d’avance sur l’agenda parlementaire. L’objet de leur contestation ? Le projet de loi visant à élargir les lieux où le passe sanitaire est nécessaire, qui n’a été voté que tôt ce matin à l’Assemblée Nationale. Son examen en séance publique au Sénat commence ce soir.
Au Palais Bourbon, les débats houleux qui ont précédé son vote serré, 117 voix pour, 86 contre, illustrent les réticences qu’il crée parmi une partie de la population et chez certains parlementaires. Mais en élargissant la perspective, l’obligation demandée de présenter un passe sanitaire valide, dans les lieux culturels depuis mercredi, dans les bars et restaurants d’ici début août, est loin de constituer une exception franco-française. L’Italie n’a-t-elle d’ailleurs pas annoncé jeudi qu’elle allait instaurer dès le 6 août un passe sanitaire, reprenant les caractéristiques du modèle français ? Publicsenat.fr fait le point sur le déploiement de ce dispositif à l’échelle européenne, qui se révèle devenir un des outils clefs des gouvernements européens face à la propagation du variant delta.
- Au Danemark, un passe depuis avril
Le petit royaume nordique est un des premiers pays d’Europe à avoir déployé un passe sanitaire, intitulé « Coronapas ». Depuis le 21 avril, les quelque 6 millions de Danois et Danoises doivent donc présenter soit un résultat de test négatif de moins de 72 heures, soit un parcours vaccinal complet ou un certificat de guérison du covid s’ils souhaitent se rendre au restaurant, bars, cinéma, musées, bibliothèques ou même chez le coiffeur.
La mesure y est plutôt bien acceptée, à l’exception d’un groupuscule intitulé les « men in black », organisant régulièrement des manifestations contre toutes les mesures de restrictions.
- Un document incontournable en Autriche
Dans la foulée du Danemark, dès le printemps, c’est l’Autriche qui a instauré son passe, qui doit témoigner d’une vaccination, d’un test négatif ou d’une guérison. Là aussi, il est nécessaire pour s’attabler en terrasse comme à l’intérieur dans les bars et les restaurants. Il est également demandé dans les cinémas, les hôtels et les salles de sport. Face à la recrudescence des cas, le gouvernement autrichien de Sebastian Kurz a annoncé que les contrôles allaient être renforcés dans certains établissements.
- En Grèce, vaccination obligatoire pour manger à l’intérieur
Au printemps, Athènes avait poussé pour la réouverture des frontières, face à l’état catastrophique du tourisme. Mais le pays est aujourd’hui dans l’obligation de reprendre des mesures de restriction, là aussi face à la recrudescence du virus. Pour s’installer à l’intérieur des bars, restaurants ou cafés, obligation pour les clients de montrer qu’ils sont vaccinés. Les résultats négatifs ne sont pas acceptés, sauf pour accéder aux salles de sport.
- Au Portugal et en Allemagne, un passe territorialisé
Dans ces deux pays, le choix a été fait d’instaurer un passe sanitaire en fonction de l’incidence épidémique par territoire.
Au Portugal, le passe sanitaire est ainsi demandé pour accéder aux bars, restaurants et hôtels, mais seulement dans les comtés où le taux d’incidence est le plus important. La mesure ne s’applique cependant que les week-ends.
L’Allemagne a également décidé de territorialiser ses mesures de restriction, à l’échelle des Länder.
- Au Luxembourg et en Lituanie, un passe sanitaire à la carte
A rebours, les deux Etats ont choisi d’instaurer un passe, mais de le rendre optionnel.
Ainsi, au Luxembourg, les restaurateurs ou cafetiers qui le souhaitent peuvent demander à leurs clients un passeport vaccinal, appelé au Grand-Duché « CovidCheck ». Dans ce cas, les mesures de distanciation et de respect des gestes barrières sont allégées. Pour les établissements décidant de ne pas appliquer le passe, ils peuvent rester ouverts, mais doivent observer un respect plus strict des gestes barrières. Le passe reste néanmoins obligatoire pour les « grands événements ».
Même situation en Lituanie, où le passe est là aussi optionnel. Il y permet néanmoins d’organiser des événements sans limitation du nombre de personnes.
- En Italie, un passe sanitaire au 6 août
« Le passe sanitaire est un instrument pour permettre aux Italiens de continuer leurs activités avec la garantie de ne pas se retrouver parmi des personnes contagieuses », a annoncé jeudi 22 juillet Mario Draghi. Ainsi, dès le 6 août, un « Green pass » comme il est appelé dans la botte, sera nécessaire pour accéder aux bars, restaurants, salles de jeu, piscines, musées, théâtres ou encore salles de sport.
Une annonce qui pourrait bien faire vaciller la coalition gouvernementale. Cette dernière inclut le parti d’extrême droite de La Ligue, dirigée par Matteo Salvini, ayant déjà fait part de son opposition au projet. Des manifestations ont d’ailleurs été annoncées dès demain contre l’instauration de ce « Green pass ».
- Virage à 180 degrés au Royaume-Uni
Le Royaume-Uni, un des pays européens avec la couverture vaccinale la plus importante, fait machine arrière, mais pour septembre. Le 19 juillet, le gouvernement de Boris Johnson avait décidé de maintenir le « freedom day », qui a vu s’envoler toutes les restrictions sanitaires. Mais la même journée, l’ancien maire de Londres est venu doucher les espoirs de ceux qui espéraient tourner la page du covid. Dès septembre, seules les personnes doublement vaccinées pourront accéder « aux discothèques et autres lieux rassemblant des foules », a-t-il fait savoir. Faisant le choix de laisser à ses concitoyens un mois d’août de répit, avant le retour de mesures à la rentrée.