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Plan pauvreté : pas de nouvelle revalorisation des minima sociaux, comme le réclament les associations

Dévoilé ce lundi aux associations, le nouveau plan de prévention et de lutte du gouvernement contre la pauvreté entend notamment se concentrer sur l’enfance et les publics qui ne font pas valoir leurs droits à des prestations sociales. Il porte également un volet consacré au retour à l’emploi.
Romain David

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La Première ministre Élisabeth Borne lève le voile sur le « Pacte des solidarités », présenté cet après-midi devant une quinzaine de fédérations et d’associations reçues à Matignon. Ce plan de lutte contre la pauvreté s’inscrit dans la continuité de la stratégie mise en place sur la période 2018-2022, son annonce, initialement prévue en janvier dernier, a été reportée à plusieurs reprises. Ce qui n’avait pas manqué de soulever l’inquiétude des acteurs de terrain dans un contexte de forte hausse des prix.

Ce « Pacte des solidarités » entend s’attaquer aux angles morts de la dernière stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté tels qu’ils ont été identifiés par l’exécutif, en prenant notamment davantage en compte les situations particulières des Outre-Mer et la question du logement, notamment des étudiants.

Il s’agit de « corriger les inégalités de destin », selon une formule de Matignon, en s’attaquant aux situations qui se creusent dès la petite enfance, pour sortir rapidement et durablement de l’extrême pauvreté. « Ce pacte, c’est œuvrer pour l’égalité des chances et lutter contre les déterminismes qui peuvent, dès l’enfance, tracer des trajectoires de vie, condamner les rêves et les talents de certains de nos concitoyens », a fait valoir la cheffe du gouvernement dans un propos liminaire.

Selon les chiffres de l’Insee, en 2019, 15 % de la population française, soit 9,2 millions de personnes, vivaient sous le seuil de la pauvreté. Ce barème est fixé à 60 % du niveau de vie médian, soit 1 102 euros pour une personne seule et de 2 314 euros pour un couple avec deux enfants de moins de 14 ans.

Création du « Pass colo »

Ce plan de lutte, qui doit entrer en vigueur en janvier prochain reprend pour partie des dispositifs qui existent déjà, vise à les faire monter en puissance, mais également des annonces égrenées au fil des derniers mois, par exemple dans le cadre de la présentation du service public de la petite enfance. Il se décline autour de quatre axes.

Un premier axe, consacré à l’enfance, a pour objectif de capter les familles en difficulté, notamment monoparentales, qui pourraient avoir besoin d’horaires de garde atypiques. À cette fin, Élisabeth Borne avait déjà annoncé en juin le lancement d’un fonds d’innovation. Sur le plan alimentaire, la lutte contre la malnutrition infantile passe par le maintien des petits-déjeuners gratuits dans certaines écoles et du dispositif des « cantines à 1 euro », avec un renforcement sur les territoires les plus en difficulté.

La mise en place du « Pass colo », une aide aux vacances sous la forme d’un chèque de 200 à 300 euros selon les revenus des familles, est également confirmée.

Toucher tous les publics

Deuxième axe du pacte, le retour à la vie active avec la volonté de cibler les publics les plus éloignés de l’emploi. « Je suis convaincu qu’une réponse durable contre la pauvreté passe par un emploi de qualité pour toutes celles et tous ceux en mesure de travailler », a défendu la Première ministre. Ce volet s’inscrit dans le chantier de rénovation de Pôle emploi, qui doit devenir en janvier prochain France Travail. Il est également à mettre en résonance avec la réforme du RSA.

Le gouvernement entend également lutter contre « la grande exclusion », grâce à l’accès aux droits. L’objectif : faire diminuer les non-recours, c’est-à-dire le nombre de personnes éloignées des dispositifs d’aide mais qui n’entament aucune démarche. L’exécutif table sur un meilleur maillage territorial des centres sociaux et un renforcement du partage des informations entre administrations.

Enfin, dernier volet de ce « Pacte des solidarités », la transition écologique et solidaire, avec la montée en puissance de certains programmes comme le plan d’aide alimentaire « mieux manger pour tous ». L’aide financière à la tarification sociale dans les cantines sera conditionnée au respect de la loi Egalim, qui vise à mieux rétribuer les agriculteurs. Ce dernier axe inclut également une série de mesures pour aider les ménages à lutter contre les dépenses contraintes en matière d’énergie.

« Réduire la dépense des ménages »

Pas de nouvelle revalorisation en revanche des aides sociales, comme le réclament régulièrement les associations de solidarité qui demandent un relèvement des seuils et l’indexation des minima sociaux sur les budgets de référence des ménages modestes, ce qui est déjà le cas avec le Smic. Du côté de Matignon, on regrette « un axe totémique des associations venant éclipser le bilan des mesures qui sont déjà venues réduire la dépense des ménages ». « Ne nous enfermons pas dans ce débat réducteur », balaye un conseiller ministériel. « Les personnes précaires ont besoin de réponses concrètes au quotidien, au premier rang desquelles figure l’alimentaire », ajoute le cabinet de la Première ministre.

Ce plan représente « une augmentation de 50 % des crédits dédiés à la pauvreté par rapport à la stratégie précédente », a précisé Élisabeth Borne dans son discours introductif. « Il y a une volonté de se détacher d’une vision trop centrée sur les moyens », explique-t-on encore à Matignon, en évoquant « un pacte ambitieux avec des objectifs chiffrés de déploiement pour chaque mesure. »

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